À propos de l'OSR...
L'«Orchestre Romand» des années 1930
Dans les années 1930, le nom de l'«Orchestre de la Suisse Romande» fut peu à peu remplacé par celui de l'«Orchestre Romand» (on revenait ainsi au nom qu'on donnait à l'OSR dans les premières années de sa fondation), et un nouvel «Orchestre Radio Suisse Romande» s'imposait de plus en plus souvent, à Genève du moins. Ceci résultait d'une sérieuse guéguerre des orchestres en Suisse Romande...
Scan cité de cette page du site onstage
Aujourd'hui, beaucoup confondent ces deux orchestres, mais il y avait une différence importante entre les deux, bien que les musiciens pouvaient être en partie les mêmes...
En 1932, Radio-Genève avait décidé d'avoir son propre orchestre. En fait, en 1925 déjà, dès sa constitution, un «ensemble» de trois musiciens avait été formé, Radio-Genève ayant inscrit la musique à ses programmes. Puis, Félix Pommier, pianiste lui-même, devenu directeur de Radio-Genève, organisa les premières retransmissions musicales du Conservatoire, et la musique prit de plus en plus d'importance dans les programmes. En 1929, lors du transfert des studios de Genève - se trouvant à l'étroit dans la salle de la Réformation - dans un bâtiment neuf et plus spacieux, on augmenta , à titre d'essai, le nombre de musiciens de l'«ensemble» à une trentaine (ils étaient tous issus de l'OSR).
Dans cette même période fut construit l'émetteur de Sottens. Dès 1931, après la fondation à Berne de la Société Suisse de Radiodiffusion, les studios de Genève et de Lausanne se mirent d'accord pour assurer les services de ce nouvel émetteur.
"[...] chaque groupe émetteur ayant son orchestre, Sottens put disposer dés lors de l'O.S.R. et renoncer à l'engagement de musiciens temporaires. Radio-Genève emménagea à cet effet dans les studios de la rue du Jeu-de-l’Arc.
Puis, de 1932 à 1934, le Studio de Radio-Genève forma son propre orchestre symphonique pour collaborer de temps à autre avec l’O.S.R., en particulier lors de ses premières séances d’enregistrements sonores. [...]"
En 1935, ce fut la crise. Le Studio de Lausanne prit possession de ses nouveaux locaux à La Sallaz en mars et, au début d’avril, constitua son propre orchestre: trente-six musiciens placés sous la direction de Hans Haug.
L' OSR perdit ainsi une grosse partie de ses revenus, ce fut le début d'une très grave crise financière, l'avenir de l'OSR était fortement mis en danger: on ne parla aussi plus de l'«Orchestre de la Suisse Romande», mais de l'«Orchestre Romand». La guéguerre des orchestres en Suisse Romande était à son point culminant...
C'était la deuxième grosse crise financière de l'OSR, la première datant de 1922:
Extrait d'une affiche humoristique dessinée par Maurice Barraud, datant de 1922, l'année de la première grosse crise financière de l'OSR, qui avait de la peine à trouver suffisamment de souscripteurs à ses concerts d'abonnement.
L'affiche représente "[...] le chef de l'Orchestre de la Suisse romande soufflant une chandelle fichée sur son pupitre. Il vient de diriger la «Symphonie des Adieux». Un vague public quitte la saIle, des figures de femmes, estompées dans le bas du tableau, lamentent la fin de notre bel orchestre qui, depuis quatre ans, à Genève, à Lausanne, à Neuchâtel, Vevey, Montreux, La Chaux-de-Fonds mit au service de la musique ses forces et ses talents.[...]" cité de L'Illustré du 31 mars 1923, No 13, page 151
Heureusement... "[...] la création d’un ensemble radiophonique à Lausanne n’alla pas sans provoquer une réaction de la part du Studio de Genève. Hermann Scherchen réunit tout d’abord quelques solistes de l’O.S.R. Puis, Radio-Genève continua à diffuser les concerts symphoniques de cet orchestre et il l’aida, enfin, à se maintenir sous la direction d’Ernest Ansermet.
En 1938 se posa à Sottens le problème de l’Orchestre symphonique. La solution fut trouvée en réunissant l’Orchestre Romand et l’Ensemble du Studio de Lausanne en un nouvel Orchestre de la Suisse romande qui, constitué de quatre-vingt quatre musiciens, fut placé sous la direction de son fondateur, Ernest Ansermet. Cet orchestre devint le «fournisseur attitré» de la Radio romande, tout en continuant à jouer un rôle symphonique de premier plan dans la vie musicale tant à Genève qu’en Suisse romande. C’est la première fois dans son histoire que celle-ci eut le privilège de posséder un orchestre permanent.
En ce qui concerne la direction de la musique à Radio-Genève, ce fut Ernest Ansermet qui fut choisi comme chef d’orchestre régulier et Edmond Appia comme chef adjoint.
Radio-Genève devait diffuser dès lors les Concerts d’abonnement de l’Orchestre romand selon l’arrangement suivant (et, pour le moins, curieux): la première partie du concert serait retransmise de Lausanne le lundi soir, et la seconde, de Genève, le mardi soir. D’autre part, les semaines où il n’y aurait pas de Concert d’abonnement, une ou deux séances à grand orchestre seraient données, le mercredi ou le vendredi soir. Cet «arrangement» radiophonique allait durer jusqu’à la guerre. [...]" cité de l'ouvrage de Claude TAPPOLET, «La vie musicale à Genève au vingtième siècle», Georg Éditeurs Genève 1979, pages 101-102.
C'est ainsi que se termina enfin la guéguerre des orchestres en Suisse Romande, et que l'avenir de l'OSR fut assuré, du moins jusqu'à la crise suivante...
À noter que la jacquette du splendide ouvrage de Claude Tappolet est un hommage à Ernest Ansermet et son orchestre:
Recto - ci-dessus - et verso - ci-dessous - de la jacquette de l'ouvrage de Claude TAPPOLET, «La vie musicale à Genève au vingtième siècle», Georg Éditeurs Genève 1979 - Ernest Ansermet dirigeant l'OSR, dessins de Denise Binet, motifs musicaux ajoutés par Jean Binet et titres complétés par Ernest Ansermet