Pour une présentation du début de son intégrale des oeuvres pour clavecin de Johann-Sebastian Bach, voir cette page de mon site
La partie de l'intégrale pour clavecin seul fut rééditée par Philips dans une version «stéréophonisée»: si je peux vous la proposer dans les pages de mon site, c'est grâce à la générosité d'Alain PERNET, un ami mélomane français qui possède les deux coffrets.
Alain Pernet a nettoyé et digitalisé ses disques et m'a offert ses transferts pour les restaurer et vous les proposer ici. Je l'en remercie très cordialement!
Le résultat de la «stéréophonisation» de Philips étant excellent, nous avons préféré la laisser tel quelle, donc de ne pas la reconvertir en mono: les puristes peuvent toujours transformer le tout eux-même en mono, si ça leur convient mieux... Cette intégrale est publiée ici dans l'ordre d'enregistrement des disques, tel que donné dans les pages 175 et suivantes de la biographie d'Isolde Ahlgrimm [1].
Dans la deuxième série de sessions du 10 au 21 février 1952 furent enregistrées les 6 suites dites «françaises», BWV 812 à 817. Isolde Ahlgrimm les joua sur son clavecin à pédales Ammer de 1941: voir à cet endroit de ma première page de cette intégrale pour quelques précisions sur les conditions d'enregistrement.
(1) Regula Winkelman, Peter Watchorn, «Die Cembalistin Isolde Ahlgrimm (1914–1995) - Eine Wegbereiterin der historischen Aufführungspraxis», böhlau-Verlag, 2016, 288 p., 978-3-205-79679-4.
Sur les Suites Anglaises et les Suites Françaises, un court texte de Jean Dupart publié en 1976 dans le premier coffret de l'intégrale Philips:
"[...] Ces deux groupes de six Suites possèdent en commun des mouvements de danse tels que l'Allemande, la Courante, la Sarabande et la Gigue. Par contre ils diffèrent en ce sens que les Suites Anglaises débutent par un Prélude alors que les Suites Françaises commencent directement par l'Allemande. L'origine des titres collectifs donnés à chacun des groupes est incertaine. Selon les spécialistes, le Prélude, caractéristique des suites de danses en Angleterre, explique le titre donné à la première série. Des copies d'époque des Suites Anglaises sont intitulées "Suite avec prélude". En outre, Bach s'inspira, pour ces pages, des suites pour clavecin dues au compositeur Charles Dieupart (1700-1740) qui résidait à Londres. On trouve enfin, sur la première Suite Anglaise et de la main de Jean-Chrétien Bach, la mention "fait pour les Anglois". Par ailleurs, on considère les noms français donnés aux danses de la deuxième série (Louré, Polonaise, Anglaise) comme partiellement à l'origine de l'appellation "Suites Françaises". Ces titres de "Suites Anglaises" et "Suites Françaises" ne furent pas donnés par Bach. Ils correspondent bien, néanmoins, à l'esprit de la musique: d'une façon générale, les Suites Françaises sont plus élégantes et requièrent une expression plus gracieuse.
Selon la pratique baroque, tous les mouvements d'une même suite sont à la tonique majeure ou mineure, à l'exception du second menuet de la Quatrième Suite Anglaise en fa. Les mouvements comprennent deux parties équilibrées avec, dans chacune de celles-ci, des figures thématiques qui se correspondent. Les Suites Anglaises proposent toutes, entre la Sarabande et la Gigue, deux danses de type galant (telles Bourrée I-II, Gavotte I-II, Menuet l-II ou Passepied I-II) tandis que les Suites Françaises contiennent un nombre variable de danses supplémentaires, allant jusqu'à quatre dans la Sixième Suite. Dans les Troisième et Sixième Suites Anglaises, les pièces galantes sont des gavottes en musette avec une basse typique de bourdon. La Première Suite possède deux Courantes avec deux "Doubles" (ou variations), ce qui donne à l'exécutant un choix de reprises nécessaire pour l'accompagnement d'une danse. Il est peu vraisemblable, cependant, que le compositeur ait eu l'intention de faire jouer quatre courantes à la file.
Bach commença probablement les Suites Anglaises avant les Suites Françaises. Celles-ci furent achevées plus tard. Cinq d'entre elles apparurent pourtant, en partie, dans le "Klavierbüchlein" destiné à Anna Magdalena. [...]"
La composition des Suites françaises se situe vers 1722 à Cöthen, alors que Bach était au service du Prince Leopold von Anhalt-Cöthen. Quelques précisions provenant d'un texte d'Ullrich Scheideler, Berlin, printemps 2017, publié dans la préface de l'édition des Suites Françaises parue en 2017 chez Henle:
Dans leur première version, les «Suites françaises» figurent pour la plupart dans le «Petit livre de notes pour Anna Magdalena Bach», contenant les cinq premières des six Suites, parfois incomplètes, car certaines pages furent perdues par la suite. La sixième Suite fut vraisemblablement composée plus tard. "[...] L’intégralité de cette première version des Suites françaises, en incluant la sixième, est parvenue à la postérité sous la forme d’une copie réalisée par un élève pianiste de Bach, Johann Christoph Altnickol, qui devint également son gendre par la suite. Il semble cependant que Bach ait commencé à retravailler ces Suites dès 1725 – probablement après son installation à Leipzig, dans le cadre de ses activités de professeur à la Thomasschule. En témoigne le recueil désigné comme deuxième «Petit livre de notes pour Anna Magdalena Bach» (commencé à partir de 1725) qui contient les deux premières Suites dans une forme remaniée, copiées de la main d’Anna Magdalena Bach. Une copie réalisée par Heinrich Nicolaus Gerber, un autre élève de Bach, a également été conservée. Elle contient les six Suites (accompagnées de deux Suites supplémentaires) également sous une forme partiellement révisée. Enfin, la copie de Johann Caspar Vogler [2] constitue elle aussi une source importante [...].
(2) Johann Caspar Vogler étudiait l’orgue auprès de Bach à Weimar (où il lui succéda par la suite) et est nommément cité dans l’éloge funèbre rédigé par Carl Philipp Emanuel Bach à la mort de son père.
Le grand succès des Suites françaises dès le vivant de Bach se remarque aussi bien dans le nombre important de sources conservées (il n'existe toutefois pas de manuscrit autographe), que dans la profusion de variantes dont le lien avec les activités pédagogiques de Bach n’est pas toujours clairement établi. "[...] Ces variantes revêtent une importance particulière dans les deux cas suivants: d’une part les deux Suites en si mineur (BWV 814) et Mib majeur (BWV 815) dont on trouve dans d’autres sources des versions différentes (BWV 814a, 815a [...]); d’autre part, la copie réalisée par l’élève de Bach Bernhard Christian Kayser dénote en particulier pour les Suites en ut mineur (BWV 813) et si mineur (BWV 814) des remaniements parfois très importants de certains passages qui ne sont confirmés par aucune autre source [...]" cité du texte d'Ullrich Scheideler, Berlin, printemps 2017, publié dans la préface de l'édition des Suites Françaises parue en 2017 chez Henle.
Les Suites Françaises paraissent à l'origine sur le double album Philips A 00155-56, le 2e disque étant complété avec les Petits Préludes BWV 924 à 943.
Les enregistrements proposés sur cette page proviennent du coffret de la réédition Philips 6747053: les deux disques d'Alain PERNET sont en excellent état, son transfert superbe, le travail de restauration a donc été minime.
Voici donc...
Johann Sebastian Bach, Les 6 suites BWV 812 à 817, Isolde Ahlgrimm, 10 au 21 février 1952, clavecin à pédales Ammer de 1941, «Höller'sches Haus», «Linke Wienzeile» 42, Vienne
1. Suite française no 1 en ré mineur, BWV 812 09:15 (-> 09:15)
2. Suite française no 2 en ut mineur, BWV 813 09:01 (-> 18:16)
3. Suite française no 3 en si mineur, BWV 814 09:41 (-> 27:57)
4. Suite française no 4 en mi bémol majeur, BWV 815 09:52 (-> 37:49)
5. Suite française no 5 en sol majeur, BWV 816 10:46 (-> 48:35)
6. Suite française no 6 en mi majeur, BWV 817 09:30 (-> 58:05)
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