Alexander BORODIN
Dans les Steppes de l'Asie Centrale, poème symphonique
Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire
Ernest ANSERMET
15-19 et 22-25 juin 1953, Maison de la Mutualité, Paris
Rien ne pouvait mieux démontrer l'étendue du génie d'Alexander BORODIN que de faire suivre les grandeurs épiques et les énergies inépuisables de sa Deuxième Symphonie d'un chef-d'oeuvre de picturalité tonale poétique en miniature, l'esquisse symphonique „Dans les steppes de l'Asie centrale“. La nature picturale de ce poème symphonique se justifiait à l'origine, en 1880, par sa fonction de pièce commandée pour accompagner l'un des tableaux vivants, basés sur des épisodes de l'histoire russe, prévus pour une “grande production scénique“ destinée à célébrer le 25e anniversaire de l'accession au trône du tsar Alexandre II. L'événement lui-même fut certes sabordé lorsque ses promoteurs s'enfuirent avec les fonds, mais la contribution de Borodin demeura - avec d'autres moins mémorables de Moussorgski, Rimski-Korsakov et d'autres. Borodin dédia cette courte oeuvre à Franz Liszt.
L'oeuvre est clairement descriptive, la notice de programme précédant la partition indiquant „Dans les régions désertiques de l'Asie centrale retentit un chant russe. On entend se rapprocher le pas des chevaux et des chameaux ainsi que la mélodie d'une chanson orientale. Une caravane traverse l'immensité de la steppe, escortée par un détachement de soldats russes. Son long parcours s'effectuera en toute sécurité. La caravane s'éloigne peu à peu. Les chants s'unissent en une seule harmonie dont les échos retentissent longtemps dans l'immensité de la steppe avant de mourir dans le lointain.“
«« Ce n'est pas la moindre particularité de cette petite “ronde“ en 2/4 (à laquelle toute la littérature internationale de l'impressionnisme tonal doit tant) que l'économie de moyens avec laquelle elle est colorée. Bien qu'un orchestre de taille raisonnable soit requis (2 flûtes, hautbois, cor anglais, 2 clarinettes, 2 bassons, 4 cors, 2 trompettes, 3 trombones, timbales et le choeur de cordes habituel), le tutti n'est utilisé qu'avec parcimonie pour le bref point culminant du milieu de l'oeuvre. Les harmoniques aigus soutenus des quatre violons solistes suffisent à évoquer les distances infinies et vides... une figure de pizzicato trottinant dans les altos et les violoncelles fait avancer la caravane... les deux mélodies principales, d'un exotisme obsédant, sont d'abord chantées par la clarinette et le cor anglais, respectivement... Des scènes similaires ont été peintes en musique d'innombrables fois. Des couleurs similaires ont été mélangées de manière plus flamboyante sur d'innombrables palettes orchestrales. Mais elles sont toutes redevables à Borodine. Et il est certain que l'espace vide, les horizons lointains et la solitude des voyageurs en terre étrangère n'ont jamais été capturés dans le ton de manière plus économique, plus vivante ou plus poignante qu'ils ne le sont ici. »» traduit des notes de R.D. (Robert Donaldson) DARRELL publiées au verso de la pochette du disque VOX STPL 513.530.
Sergei Prokofjew, Symphonie No 1, Op. 25
Michail Glinka, Ouverture de Rouslan et Ludmila
Alexander Borodin, Dans les Steppes de l'Asie Centrale
Modest Mussorgski, Une Nuit sur le Mont-Chauve
Le tout parut en octobre 1953 sur le disque Decca LXT 2833 puis en janvier 1954 sur le disque Decca LONDON LL 864.
La seconde oeuvre de cette face du disque:
Alexander Borodin, Dans les Steppes de l'Asie Centrale, poème symphonique, Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire, Ernest Ansermet, 15-19 et 22-25 juin 1953, Maison de la Mutualité, Paris
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Ernest Ansermet réenregistrera cette oeuvre en 1961, avec son orchestre et en stéréo. Entre ces deux interprétations ne se sont écoulés "que" huit ans, mais ce sont des années décisives, étant donné qu'en 1953 Ernest Ansermet avait déjà 70 ans. C'est aussi là que réside l'intérêt de réécouter ses interprétations enregistrées en mono dans la décennie après la fin de la deuxième guerre mondiale. Dans les concerts organisés par l'OSR cette oeuvre apparait pour la première fois le 28 décembre 1918, Salle communale de Plainpalais, Genève, 2e concert symphonique populaire, puis 4 fois entre 1919 et 1921, pour la dernière fois le 24 janvier 1921, Théatre de Lausanne, 5e de l'abonnement (source: banque de données en ligne de l'OSR).