Johann Nepomuk HUMMEL
Concerto pour trompette et orchestre en mi, WoO1, S 49
Maurice ANDRÉ
Orchestre de l'Association des Concerts Lamoureux
Jean-Baptiste MARI
14 octobre 1965
Église Notre-Dame du Liban, Paris
Harry HALBREICH sur Johann Nepomuk Hummel et son unique concerto pour trompette, cité de ses notes publiées en 1965 au verso du disque Erato LDE 3368 resp. STU 50268:
"[...] Qu'évoque pour nous aujourd'hui le nom de Johann Nepomuk Hummel? Des Sonatines et autres pièces pour apprentis pianistes dans la descendance esthétique de Mozart, dont on sait généralement qu'il fut l'élève.
En fait, Hummel fit une carrière des plus brillantes, tant comme virtuose que comme compositeur, au point qu'au moment de sa mort il pouvait se croire bien à l'abri de l'oubli qui devait l'envelopper soudain. De fait, cet oubli coïncide avec la maturité de la grande génération romantique et s'étend, fort injustement, à la totalité des artistes de transition entre classicisme et romantisme.
C'est à Presbourg, l'actuelle Bratislava, que notre musicien vit le jour en 1778. Tout enfant, il impressionna Mozart par ses dons prodigieux, au point que ce dernier le prit chez lui pendant deux ans afin de parfaire sa formation. Dès l'âge de neuf ans, il jouait en public. Salieri et Albrechtsberger comptent également au nombre de ses maîtres. À dix ans, il entreprit une tournée européenne comme pianiste prodige, qui le mena jusqu'en Écosse et au Danemark. À Londres, il sollicita les conseils de Clementi. Sa carrière, ouverte sous les plus heureux auspices, reçut une consécration éclatante en 1804, lorsqu'il succéda à Joseph Haydn à la tête de la Chapelle du Prince Esterhazy. Il y demeura pendant sept ans, pour occuper ensuite des fonctions analogues à Stuttgart, à Saint-Pétersbourg, enfin à Weimar (1820), où il se lia d'amitié avec Goethe, et où il devait mourir en 1837, non sans avoir parcouru jusqu'à la fin de sa vie l'Europe entière comme virtuose du piano. L'histoire a enregistré ses relations agitées et tendues avec Beethoven, son condisciple chez Albrechtsberger. Ce grand pianiste forma des élèves non moins fameux, tels que Czerny, Hiller ou Thalberg.
Son oeuvre, très considérable, s'adresse principalement à son instrument, auquel il consacra, outre six Concertos avec orchestre, des Sonates, Fugues, Études, et innombrables pièces séparées, sans compter une méthode de piano demeurée longtemps célèbre. Mais on lui doit également de la musique de chambre, 3 Messes, 5 Opéras et 6 Ballets.
C'est au sein de ce catalogue si mal connu aujourd'hui que nous avons découvert avec surprise le plus brillant et le plus périlleux des Concertos pour Trompette, remis en partition par Peter Willemoes, bien connu des discophiles comme ingénieur du son, mais qui est aussi un éminent musicologue.
Ce Concerto, écrit dans le ton très éclatant de mi majeur, est une oeuvre de vaste envergure, surtout en son premier mouvement, et fait appel à l'orchestre classique complet, à l'exception, bien entendu, des trompettes, qui feraient double emploi avec le soliste.
Comme toute l'oeuvre de Hummel, ce Concerto porte l'empreinte indéniable de Mozart. Mais si cela nous vaut certaines réminiscences parfois assez nettes (telles celles de la Symphonie «Haffner» dans le tutti initial), si le rythme, la structure des périodes, en particulier, évoquent à tout instant le maître de Salzbourg, l'influence mozartienne imprime également aux partitions de Hummel une grande perfection de forme et d'écriture, une harmonie de proportions réellement classique. D'autre part, le domaine expressif déborde le classicisme, et c'est normal pour un homme de la génération de Beethoven. Mais c'est finalement la filiation mozartienne qui a permis à Hummel d'éviter totalement l'écueil de la vulgarité, fatal à tant de pages pour trompette.
Sa situation d'artiste de transition se réflète dans la différence de style non négligeable qu'on peut observer entre l'imposant „Allegro con spirito“ initial, vaste architecture classique coulée au moule d'une pure forme sonate, page martiale, et même héroique et, d'autre part, les deux derniers morceaux plus brefs, et d'ailleurs enchaînés. Ici, qu'il s'agisse de l'„Andante“ en forme d'aria accompagné, évoluant de la mineur par ut majeur vers la majeur, ou du spiritel „Rondo“, nous respirons une plus grande liberté, nous percevons un sens du pittoresque, de la couleur populaire, qui évoquent assez fortement Carl-Maria von Weber et ses Concertos pour clarinette ou pour basson, qui sont de la même époque également. Le dernier mouvement, en particulier, nous vaut quelques démonstrations de virtuosité fort spectaculaires! [...]"
Cet enregistrement avec Maurice ANDRÉ en soliste fut réalisé pour Erato le 14 octobre 1965, dans l'Église Notre-Dame du Liban à Paris, et publié sur le disque Erato LDE 3368 (mono) resp. STU 50268 (stéréo). Il était accompagné par l'Orchestre de l'Association des Concerts Lamoureux sous la direction de Jean-Baptiste MARI, à cette époque son chef principal (1961-1979). La présente restauration provient de la réédition sur le disque The Musical Heritage Society Inc. MHS 746.
Voici donc...
Johann Nepomuk Hummel, Concerto pour trompette et orchestre en mi, WoO1, S 49, Maurice André, Orchestre de l'Association des Concerts Lamoureux, Jean-Baptiste Mari, 14 octobre 1965, Église Notre-Dame du Liban, Paris