Dinu LIPATTI
Symphonie Concertante pour deux pianos et cordes Op. 5
Madeleine LIPATTI, Béla SIKI, pianos
Orchestre de la Suisse Romande, Ernest ANSERMET
Genève - Victoria-Hall, 14 septembre 1951
Datée du 11 avril 1938 à Paris, Dinu Lipatti dédia l'oeuvre “À mon maître Charles Münch”. La première audition fut donnée à Paris le 10 mai de l'année suivante, Clara HASKIL et Dinu LIPATTI aux pianos, l'orchestre étant dirigé par Ionel PATIN.
Sur l'interprétation proposée ici, cité du compte-rendu de Franz Walter publié le lendemain du concert dans la Tribune de Genève en page 9:
"[...] Au Victoria-Hall un concert symphonique à la mémoire de Dinu Lipatti
Donné au bénéfice des Jeunesses musicales auxquelles Lipatti s’intéressait tant, le concert d’hier soir aura ranimé dans bien des mémoires les tragiques événements qui devaient réduire alors au silence pour toujours l’illustre pianiste qui était notre hôte. Il faisait pourtant encore maint projet d’avenir, dont l’un des plus chers était de pouvoir se vouer de plus en plus à la composition. Celle-ci tenait dans ses préoccupations une place égale à son piano, mais accaparé par sa carrière de soliste, il n’avait encore dans ce domaine pu donner toute sa mesure.
Elève à Paris de Paul Dukas et de Strawinsky, puis de Nadia Boulanger, il devait très jeune déjà révéler un talent exceptionnel de compositeur. On est stupéfait de songer que l’auteur de „Tziganes“, la suite symphonique que nous révélait hier soir Ansermet, n’avait que 16 ans lorsqu’il la composa. Mais quel chemin parcouru encore durant les quatre années qui séparent cette oeuvre de la „Symphonie concertante“ écrite à 20 ans. Depuis le pittoresque un peu désordonné de „Tziganes“, comme la pensée s’est affermie et concentrée, pour en arriver notamment au Molto adagio, dont l’accent infiniment poignant a des résonances déjà si profondes et si lointaines!
Pianiste virtuose, Lipatti confia pourtant aux deux pianos de sa Symphonie concertante un rôle relativement effacé, celui de soliste étant plutôt dévolu aux instruments soli de l’orchestre de cordes. Déroulant de pensives arabesques ou dessinant des rythmes percutants, les pianos semblent agir davantage comme une sorte de colorant orchestral dont l'effet est d'ailleurs fort heureux. Usant d’un langage hardi, mais sans gratuité, nourri d'une sève rythmique très riche, la Symphonie concertante affirme déjà une rare maturité et augmente notre amertume d’avoir perdu en Lipatti l’un des artistes les plus richement doués de notre siècle.
Madeleine Lipatti et Bela Siki, l’épouse et le disciple, furent les parfaits interprètes dont on devinait la dévotion, de cette oeuvre qu’Ernest Ansermet conduisit avec sa clairvoyance et sa maîtrise coutumières. [...]"
Voici donc...
Dinu Lipatti, Symphonie Concertante pour deux pianos et cordes Op. 5, Madeleine Lipatti, Béla Siki, pianos, Orchestre de la Suisse Romande, Ernest Ansermet, Genève - Victoria-Hall, 14 septembre 1951
1. Molto maestoso 05:11 (-> 05:11)
2. Molto Adagio 08:20 (-> 13:31)
3. Allegro con spirito 05:42 (-> 19:13)