Jean-Joseph MOURET
Sinfonies de Fanfares
(„Fanfares avec une suitte de simphonies“)
Maurice ANDRÉ, trompette
Pierre COCHEREAU aux grandes orgues de Notre-Dame
Ensemble d'instruments à vent et fanfares
Armand BIRBAUM
Notre-Dame de Paris, 196?
"[...] Redécouvertes assez récemment, nos musiques d’apparat pré-baroques sont en train de détrôner celles de Haendel, qu’elles inspirèrent souvent. Feront-elles apprécier Purcell, encore si méconnu et qui combina, avec un réel génie, des rythmes martiaux, l’orchestre d’harmonie et les timbales? La cour de Louis XIV, si elle créa beaucoup et se montra bien chauvine (cf. ses démêlés avec Bernini, pour ne citer que ceux-ci) n’hésita guère, en tout cas, à emprunter à cette Angleterre pré-hanovrienne, ennemie héréditaire qu’il fallut, aussi, battre sur son propre terrain.
Le trio de compositeurs que ce disque présente offre, au moins, l’avantage d’en faire ressortir la fixité de style, le souci minime d’un quelconque renouvellement dans les rythmes, les combinaisons, les accents. On imagine volontiers que nos musiciens, assez peu préoccupés par ces travaux, vivaient dans une opulence suffisamment stable pour s’éviter la fatigue de dépasser ici les formules d’un genre. De Lully [...] à Mouret [...] en passant par de Lalande et ses Soupers du Roi, [...] ces oeuvres empruntaient aussi volontiers leur matériel thématique à des marches déjà célèbres, des refrains populaires parfois gaillards, voire même à des chorals d’église. Nous en verrons un exemple parfaitement éloquent chez de Lalande.
Jean-Joseph Mouret (1682-1738) doit peut-être sa belle générosité à son origine méridionale et au fait de n’être venu à Paris qu’à vingt-cinq ans. Très porté sur la musique profane et les airs à boire, il plut bien vite à la duchesse du Maine qui le rendit célèbre en le faisant compositeur attitré de ses fameuses Nuits de Sceaux. Devenu musicien du Roi en 1720, il mourut enfermé à Charenton, en 1738, après avoir perdu les places qui l’avaient fait surnommer „Musicien des Grâces“ ou „Gracieux Mouret“.
C’est entre 1725 et 1730 qu’il composa ses fameuses Fanfares publiées en 1729, conçues originellement pour trompettes, timbales, violons et hautbois (parfois aussi cors de chasse). Tout tendre qu’il ait paru, Jean-Joseph Mouret savait faire précéder de telles oeuvres d’efficaces flatteries bellicistes: „Le recueil que je présente à Votre Altesse Sérénissime est composé de plusieurs airs qui conviennent à la guerre et au noble exercice qui la représente. Dans un temps où cette valeur dont Vous avez déjà donné de si brillants témoignages aux yeux des nations étrangères est forcée de demeurer oisive, Vous aimerez tout ce qui peut Vous retracer l’image des combats“...
On notera que ces „Suittes de Sinfonies“ sont organisées en quatre mouvements qui préfigurent ceux de la symphonie future. Le pluriel imposé au mot „sinfonie“ nous rapproche, il est vrai, de la suite traditionnelle (illustrée ici par Delalande) et même du Moyen Âge, où le terme désignait, selon son étymologie, une série de morceaux pour plusieurs instruments „jouant ensemble“ - par opposition aux pièces pour soliste. [...]"
Ce disque fut enregistré dans les années 1960 pour le label Philips à Notre-Dame de Paris, Armand BIRBAUM dirigeant un ensemble nommé «Ensemble d'instruments à vent et fanfares», avec en solistes Maurice ANDRÉ, trompette, et Pierre COCHEREAU aux grandes orgues de Notre-Dame.
Jean-Joseph Mouret, Sinfonies de Fanfares („Fanfares avec une suitte de simphonies“), Maurice André, trompette, Pierre Cochereau aux grandes orgues de Notre-Dame, Ensemble d'instruments à vent et fanfares, Armand Birbaum, Notre-Dame de Paris, 196?