Cette 4e symphonie fut composée entre août et décembre 1934 à Vasterival, où Albert Roussel possédait une maison au bord de la mer, et à Paris; elle fut donnée en première audition le 19 octobre 1935 lors d'un des Concerts Pasdeloup dirigé par Albert Wolff.
Albert Roussel en 1928, un portrait de l'atelier Roger Viollet
Dans la brochure-programme du concert donné au Théâtre de Lausanne le 6 décembre 1937, Ernest ANSERMET écrivait:
"[...] une oeuvre [...] qui est l'une des dernières et des plus accomplies de Roussel, et éminemment représentative de son art et de sa personnalité. [...] La Quatrième Symphonie (1934) est assez brève, comme la Troisième (1930). La „forme“ est courte, mais à l'intérieur de la „forme“, l'haleine est puissante; je veux dire que chaque mouvement est d'une structure assez simple et assez ramassée, sans beaucoup de „développements“, mais les quelques phrases qui composent la „forme“ se déploient longuement. Peut-être cette continuité du mouvement mélodique ne se laisse-t-elle pas clairement percevoir à la première audition, parce que Roussel, en authentique Français, exprime le dynamisme par la couleur; sa phrase mélodique passe d'un instrument à l'autre et traverse des densités d'orchestre très diverses, où l'on risque de la perdre de vue. Mais il suffira peut-être d'y avoir rendu l'auditeur attentif.
Une brève introduction lente fait entendre trois motifs essentiels de la symphonie et établit en même temps leur connexion: c'est au bout de deux mesures, au cor anglais, un motif qui jouera un rôle important dans le „lento“ et auquel répond le motif de départ du premier allegro, et c'est, après réexposition de ce couple, au hautbois, le premier motif du mouvement lent. L' „allegro con brio“ déroule alors ses deux thèmes bien caractérisés, leur court „développement“ et leur réexposition.
Le „molto lento“ est fait d'une période mélodique d'un seul jet, mais fort ample et complexe, qui se répète, allégée et dans son orchestration et dans sa teneur. La mélodie à laquelle j'ai fait allusion au début de ces notes, se continue par le motif entendu dans l'introduction, puis par un chant de violoncelles qui mène à un „tutti“ puissant et martelé. Il semble que l'auteur, dans sa rêverie intérieure, et passant par des alternatives de désespérance et d'amertume, tende sans céder vers une affirmation catégorique qu'a fait prévoir un motif „énergétique“ des trompettes.
L' „allegro scherzando“ va aussi tout d'un trait dans son enchaînement de motifs, primesautier et d'une verve inventive particulièrement heureuse.
Quant au quatrième mouvement, il reprend la tradition du finale léger, et en quelque sorte détaché des pensées qui ont occupé l'oeuvre, c'est un rondeau tour à tour enjoué et narquois, qui conclut par une manière de décision aussi abrupte que péremptoire [...]"
Reproduit sur cette pochette est „Crispin et Scapin“ d'Honoré Daumier
L'Orchestre de la Suisse Romande et Ernest ANSERMET enregistrèrent les symphonies No 3 et No 4 de Roussel pour Decca, dans des sessions allant du 1er au 11 mai 1956, bien entendu dans le Victoria Hall de Genève. À cette époque du début de la stéréophonie, les prises de son furent faites sous la direction de James Walker en mono ET en stéréo, simultanément par deux ingénieurs du son différents - Gil Went pour celui en mono et James Brown pour l'enregistrement en stéréo.
L'enregistrement en stéréophonie aurait dû paraître en 1959 sur LONDON CS 6164, mais ce disque n'est jamais paru: l'enregistrement en stéréo ne fut publié qu'une dizaine d'années plus tard - en juillet 1967 - sur ce disque LONDON STS 15025.
Voici donc...
Albert Roussel, Symphonie No 4 en la majeur, Opus 53, Orchestre de la Suisse Romande, Ernest Ansermet, 1 au 11 mai 1956, Victoria Hall, Genève (Stéréo)
1. Lento allegro con brio 06:03 (-> 06:03)
2. Lento molto 09:38 (-> 15:41)
3. Allegro scherzando 02:56 (-> 18:37)
4. Allegro molto 04:06 (-> 22:43)