Béla BARTÓK
Esquisses hongroises, Sz 97, BB 103
Orchestre Symphonique de Budapest
Miklós ERDÉLYI
26 au 31 janvier 1968, Église de Torockó tér, Budapest
Traduit des excellentes notes de Melinda BERLÁSZ, Historienne de la musique hongroise, publiées dans l'album Hungaroton SLXP 11355:
"[...] La suite orchestrale intitulée „Esquisses hongroises“ est la transcription la plus populaire de Bartok. Il y a regroupé quelques petites pièces pour piano qu'il avait interprété avec grand succès pendant plus d'une décennie. Les deux premières pièces sont „Le soir chez les Székelys“ et „Danse de l'ours“, toutes deux très appréciées et extraites de la série „10 Pièces Faciles pour piano“ (1908). Il y a ajouté un certain nombre de pièces pour piano d'une durée similaire, telles que la deuxième section des „Trois Burlesques“, „Un peu ivre“ (1911) et pour un mouvement lent, la deuxième des „Quatre Dirges“ (1910) sous le titre „Mélodie“. Comme mouvement de clôture approprié, il a choisit le „Thé dansant ukrainien“ du deuxième volume de „Pour les Enfants“ (1908-1909).
Béla Bartók en 1913 dans le jardin de son appartement du quartier Rákoskeresztúr avec son fils aîné Béla - Archives Bartók, Budapest, une photo publiée dans cet album Hungaroton SLXP 11355:
Alors que les transcriptions antérieures laissaient inchangée la disposition formelle de la composition originale, dans les „Esquisses hongroises“, Bartók a utilisé comme modèle un nouveau motif, la forme dite „du pont“. Le premier et le dernier mouvement de cette structure symétrique en cinq mouvements sont dans le style de la musique de Bartók d'inspiration folklorique. Certes, le mouvement d'ouverture lent (Le soir chez les Székelys) est composé de thèmes originaux, mais les mélodies de la section rubato lente et du trio giusto répété deux fois pourraient très bien être des chansons populaires. Le finale rapide (Thé dansant ukrainien) est basé sur un matériau folklorique authentique. Bartók l'a pris „du dernier interprète de la flûte du berger dans le village de Felsö-Iregh“. Les sections de liaison de l'oeuvre (deuxième et quatrième mouvements) sont de style beaucoup plus subjectif et sont en fait un scherzo rapide et un scherzo lent bartókiens. Le premier (Danse de l'ours) appartient à la catégorie des scherzos "barbaro", tandis que l'autre (Un peu ivre) est du type grotesque-distorsion. Enfin, la section la plus interne de l'oeuvre (troisième mouvement) est un mouvement lent qui a la force d'une confession (Mélodie). On retrouve ici cette couche particulière de la musique de Bartók dans laquelle l'inspiration de la musique paysanne est encore tangible (pentatonie, mélodies divisées en lignes, etc.) mais le style d'exécution est entièrement individuel.
Dans le processus d'orchestration, le caractère des mouvements d'origine du piano est quelque peu altéré. Dans „Le soir chez les Székelys“, l'orchestre doit rejeter toute idée de jouer à la manière d'origine, détendue et complètement rubato - au lieu d'une improvisation inspirée, un portrait idyllique se dessine. Au lieu des répétitions bruyantes de la „Danse de l'Ours“ dans la version pour piano, le matériau thématique est maintenant mis en relief. La „Mélodie“, en revanche, gagne beaucoup à l'orchestration - la mélodie planante et enchevêtrée est complétée par la gamme de couleurs de la musique habituelle de Bartók. Bartók a ralenti le tempo de „Un peu ivre“ et a donné un nouveau caractère, en particulier au trio et à la récapitulation (le registre aigu grotesque du basson solo). Dans la transcription orchestrale le „Thé dansant ukrainien“ est non seulement plus longue mais aussi plus complexe et plus significative. [...]"
Recto de l'album Hungaroton SLXP 11355 avec une reproduction d'une photo d'identité de Bartók datant de 1907, faite par Károly KOFFÁN d'après l'original conservé par les Archives Bartók de Budapest
Pour ce disque, Miklós ERDÉLYI(portrait ci-dessus, publié dans cet album Hungaroton SLXP 11355) enregistra les 4 pièces suivantes:
1. Le soir chez les Székelys. Lento rubato - Allegretto 03:11 (-> 03:11)