Claude DEBUSSY
Sonate No 3 en sol mineur pour violon et piano, L 148
Saschko GAWRILOFF, violon, Maria BERGMANN, piano
1966, Studio H. Jansen, Stuttgart-Botnang
Pour une courte introduction sur les trois sonates de Claude DEBUSSY publiées sur le disque WERGO WER 60 025, voir cette page de mon site.
La Sonate pour violon et piano fut composée en février-mars 1917, à Arcachon. Dans cette ultime oeuvre de Claude Debussy, certaines de ses sonorités ne sont pas sans annoncer les aigus gringants du violon de Schostakowitch. Le compositeur n’est certes plus qu’un malade qui s’exténue lentement, mais malgré ça les trois mouvements sont d'un pathétisme inhabituel, riche de fantaisie, — «par l’harmonieuse fusion des deux instruments, Debussy égale les réussites miraculeuses de Mozart ou du Brahms de la Sonate en sol» Harry HALBREICH.
La première audition fut donnée par Debussy lui-méme accompagnant le jeune violoniste Gaston Poulet le 5 mai 1917, Salle Gaveau à Paris, — ce fut la dernière apparition en public du compositeur.
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1. ALLEGRO VIVO: un thème, exposé en un 3/4 „dolce espressivo“ par le violon (sol mineur modal), domine ce mouvement bithématique. Le second thème n’apparaîtra d’ailleurs qu’au terme d’un épisode passionné, puis plus calme, — avec le violon s’appuyant sur une même note obstinée au clavier. Après une reprise presque intégrale du thème initial, les deux thèmes seront combinés au cours d'une longue coda, comme en une sorte de développement terminal, suivant un procédé d’amplification mélodique dans laquelle se décèle une lutte angoissée: un «tournoiement» qui ne parvient pas à prendre son essor. La conclusion abrupte est dans le ton d’origine, sol mineur.
2. INTERMÈDE (Fantasque et léger): les appréciations divergent quelque peu sur ce second mouvement. Les uns n’y trouvent que pudique ironie, d’autres qu’affirmation d’ibérisme, — tel un rappel du passé. Il est vrai que l’ostinato rythmique (doubles croches en staccato) du thème initial ne peut qu’induire un caractère «espagnol» du second thème qui lui est opposé («expressif et sans rigueur»), — lequel, à la vérité, ne prétend à rien d’autre qu’un pur divertissement.
3. FINALE (Très animé): Debussy comparait le dernier mouvement de sa Sonate au «jeu simple d’une idée tournant sur elle-même comme un serpent qui se mord la queue». Et il est sûr que ce „Finale“ tente, mais en vain, de se griser d’une sorte de perpetuum mobile d’une factice gaieté. Citons, pour terminer, le petit commentaire qu’en a fourni Jean Barraqué: «Le finale est d’une coupe assez originale. Ce mouvement est, à l’exception d’un intermède central {le double plus lent ), de caractère monothématique. L’exposition du thème principal est précédée d’un rappel du premier thème du mouvement central. Après sa réexposition, ce thème apparaît deux fois en augmentation au piano et il conclut le morceau au violon „peu à peu très animé“ sur un mouvement chromatique du piano»... Comme un dernier sursaut de vie. [...]"