Otakar Šourek estime que cette partition à grande échelle, tour à tour grave et provocante, fut écrite entre le 4 février et fin mai 1883, et qu’elle fut donnée, après une première révision au lendemain du premier jet (terminé le 31 mars), le 27 octobre de la même année à Mlada Boleslav avec Ferdinand Lachner, Aloïs Neruda, et le compositeur au piano. Antonín Dvořák venait de perdre sa mère tant aimée au mois de décembre précédent: le Trio se ressent de ce deuil et eut une genèse inhabituellement difficile. En avril, Dvořák inversa même les mouvements centraux, le quasi-scherzo précédant désormais le mouvement lent. Il venait de découvrir le Trio en ut op 87 de Brahms, donné en première audition à Francfort l’année précédente, mais restait sous le charme du Quintette avec piano de l'op. 34, également en fa mineur.
Ce disque Chamber Music Society CM-16 est consacré à deux oeuvres d'Antonín Dvořák:
"[...] Le premier mouvement, Allegro ma non troppo, débute avec le thème annoncé par le violon et le violoncelle - un thème audacieux et large, riche en tonalité mineure et ayant tout l'impact dramatique de la grande manière. Le piano ne porte pas le thème immédiatement, mais soutient plutôt les deux instruments à cordes avec audace pendant un certain temps. Par moments, malgré les limites évidentes des trois instruments employés, le son semble presque transcender le domaine conventionnel de la musique de chambre et prendre les proportions de la musique orchestrale.
Le second mouvement, Allegro grazioso, est une charmante danse paysanne, artistiquement transformée par Dvořák. Les cordes fournissent l'obbligato initial tandis que le piano annonce le thème, une simple mélodie à double temps. C'est l'une des plus belles expressions de Dvořák.
Le troisième mouvement, Poco adagio, est plus subtil: il est basé sur un thème très réfléchi, d'abord énoncé par le violoncelle, puis répété par le violon, et enfin développé dans l'extension.
Le mouvement conclusif, Allegro con brio, est un furiant en tout sauf en nom. Cette forme de danse, que Dvořák affectionnait particulièrement, est alternativement audacieuse et tranquille, son humeur changeant avec les transitions de tempo et de dynamique. L'énergie rythmique et l'impact tonal de ce mouvement constituent une conclusion appropriée à cette œuvre de qualité. [...]"
Les exemplaires à ma disposition pour les restaurations de disques Concert Hall, Musical Masterpiece Society & sociétés affiliées viennent en majeure partie de l'inépuisable collection de Stefan KRAMER, que je remercie pour sa générosité.