Le Concerto pour piano No 8 en ut majeur, KV 246, de Mozart fut écrit à Salzburg en 1776 pour l'une des élèves du compositeur, âgée de vingt ans, la comtesse Lützow, épouse du commandant de la forteresse de «Hohensalzburg», qui dominait la ville, mais surtout, la nièce du Prince-Archevéque Colloredo (souverain de Salzburg et employeur de Mozart). Il s'agit en fait de la première oeuvre originale de Mozart sous cette forme. Les quatre premiers concerti étaient des arrangements de mouvements de sonates de Raupach, Honauer, Schobert, Eckard et C.P.E. Bach, réalisés par le jeune garçon de onze ans en 1767, afin de disposer d'un grand nombre de pièces efficaces pour son voyage à Vienne, en compagnie de son père, cette année-là. Bien que le KV 246 reflète l'élégance et le raffinement de l'époque, il contient de nombreux signes subtils des profondeurs des concertos ultérieurs du compositeur - des traces de discorde et une sorte d'introspection formulée dans un langage musical que l'on pourrait qualifier au mieux d'„ombrageux“, ainsi que des passages d'un plus grand impact dramatique et d'une passion plus profonde.
Son premier mouvement, Allegro aperto, bien que charmant et gracieux, est plus audacieux et plus libre dans son exécution que n'importe lequel des concertos précédents. Le second mouvement, Andante, est quelque peu innocent et tranquille. Le finale, un rondo dans un tempo de menuet, contient un thème enchanteur qui atteint un brillant point culminant après la cadence. Mozart joua probablement lui-même le Concerto en do majeur lors d'un concert privé à Munich le 4 octobre 1777, puis à Mannheim lors de son séjour dans cette ville l'hiver suivant.
Le tutti d'ouverture du premier mouvement, Allegro aperto, apporte une foule d'idées, dont la plupart ne durent que quelques mesures, marquées par une alternance constante entre forte et piano. L'instrument soliste commence par une répétition littérale du matériau du tutti précédent, utilise une demi-cadence dans la tonique pour introduire un nouveau thème à la dominante. Ce thème est répété et prolongé, et se termine finalement par la même demi-cadence que précédemment, mais maintenant dans la tonalité de la dominante. On passe alors à la section suivante du tutti d'ouverture, en ajoutant une longue extension cadentielle. Le tutti revient pour terminer l'exposition. Ses deux dernières mesures sont répétées par l'instrument soliste, ouvrant ainsi la section médiane, mais sans aucune référence au matériau de l'exposition.
Le second mouvement, Andante, est écrit dans la forme sonate abrégée que l'on trouve souvent dans la symphonie à cette époque, avec toutefois la double exposition dictée par la forme concerto. Le premier thème est répété, ornementé et développé par l'instrument soliste, modulant vers la tonalité dominante pour le deuxième thème et le groupe final. La section centrale, de 16 mesures seulement, commence par un nouvel air, puis reprend une partie du groupe final de la première section, en modulant de nouveau à la tonique pour la récapitulation.
Le dernier mouvement, Tempo di Menuetto, est de forme rondo, qui "[...] est l'occasion d’une danse. Comment se peut-il qu’une musique en apparence bien naive s’avère si immensément intelligente et géniale? Le thème, dans un tempo de menuet, ne saurait étre plus civilisé, plus poli. Les gestes introduits à la mesure 39 sont d'une élégance courtoise. Arrive ensuite un thème fait uniquement d’accords brisés et de tierces ascendantes, avec les hautbois et les cors qui apportent un surcroît de couleur à la fanfare. C’est on ne peut plus simple et, pourtant, totalement inspiré. En fort contraste, la section centrale en la mineur est beaucoup plus angoissée, avec ses touches de contrepoint baroque tournoyant (auquel l’ajout de quelque ornementation paraît des mieux appropriés). Chaque fois que le thème de rondo ressurgit, Mozart l’orne un peu plus, tout en faisant décroitre les valeurs de note à la main gauche (noires puis croches puis triolets). L'orchestre fait de même à la fin, ajoutant sa propre version en guise de conclusion. [...]" cité des notes d'Angela Hewitt publiées en 2011 dans le livret du CD Hyperion CDA67840.