Camille SAINT-SAËNS
Concerto pour violon et orchestre No 3, Op. 61
Lola BOBESCO
Südfunk Sinfonieorchester
Hans MÜLLER-KRAY
4 juillet 1961, Villa Berg, Suttgart
Camille Saint-Saëns composa son 3e concerto pour violon en 1879-1880 et le dédicaça à Pablo de Sarasate - qui en donna la première audition le 15 octobre 1880 à Hamburg, l'Orchestre Philharmonique de cette ville étant dirigé par Adolf Georg Beer. Il existe un «Allegro de concert» pour violon et piano, écrit en 1913 par le compositeur d'après ce concerto.
"[...] Quand, dans le premier mouvement, Saint-Saëns amène le second sujet, sensuellement lyrique, dans le mi majeur fort reculé (au lieu du sol majeur qu’il avait semblé préparer), nous nous sentons transportés en un univers magique, bien éloigné de la franchise passionnée des pages d’ouverture. Cette intense atmosphère de si mineur [...] est encore plus âprement soulignée par la douce barcarolle constitutive du deuxième mouvement, sise dans la tonalité extrêmement reculée de si bémol majeur, sans nulle tentative de transition tonale. Comme dans l’Andante du Concerto en ut majeur, Saint-Saëns se plaît à rattacher le violon solo aux voix individuelles, opposées, des bois, instaurant une atmosphère intime de musique de chambre. Le passage en arpèges, près de la fin - où le violon, jouant les harmoniques (dont Sarasate était particulièrement friand) est rejoint par la clarinette - crée un effet étonnamment original.
Le finale débute par un autre brusque changement de tonalité, qui ne passe pas directement à si mineur, mais à son proche parent, mi mineur. Comme Mendelssohn dans son Concerto pour violon, Saint-Saëns préface son dernier mouvement non avec une introduction méditative, comme dans l’oeuvre antérieure, mais avec un dialogue hardiment dramatique, dans le style d’un récitatif. La partie principale du finale a un caractère éclatant, alla marcia, et loin du finale de concerto léger, conventionnel, il est le plus vaste et le plus complexe des trois mouvements de l’oeuvre. Les thèmes mémorables sont légion - un motif subsidiaire passionné, un second sujet ample, un choral apparaissant en tranquille contraste, mais revenant, près de la fin, dans un style triomphal, pour planter le décor d’une conclusion brillante. L’une des caractéristiques les plus impressionnantes de ce concerto est la manière dont Saint-Saëns intègre la virtuosité. La musique n’est plus nettement divisée en passages cantabile ou brillants: le caractère virtuose peut surgir à tout instant, pour ajouter au drame, à l’excitation, ou pour apporter une qualité décorative à la musique. [...] cette oeuvre pleine de vie et d’esprit fait plus que montrer du génie technique. Son auteur sait comment nous captiver, nous émouvoir. [...]".
Camille Saint-Saëns, Concerto pour violon et orchestre No 3 en si mineur, Op. 61, Lola BOBESCO, Südfunk Sinfonieorchester, Hans Müller-Kray, 4 juillet 1961, Villa Berg, Suttgart
1. Allegro non troppo 08:35 (-> 08:35)
2. Andantino quasi allegretto 07:30 (-> 16:05)
3. Molto moderato e maestoso 10:54 (-> 26:59)