Claude DEBUSSY
Sonate pour violon et piano en sol mineur, L 140
Oliver COLBENTSON, Ernest ULMER
«Chamber Music Society» CM-10
Si l'on excepte un Trio de jeunesse (vers 1880) pour piano, violon et violoncelle demeuré inédit, l'apport de Claude Debussy dans le domaine de la musique de chambre se réduit à un quatuor à cordes composé en 1892 et à trois sonates pour divers instruments écrites une vingtaine d'années plus tard.
Claude Debussy et son épouse Emma, date exacte, lieu et photographe inconnus
Cette Sonate pour violon et piano, troisième et - hélas - dernière pièce de la suite inachevée de „Six sonates pour divers instruments“, fut terminée entre février et avril 1917 à Arcachon et donnée en première audition le 5 mai suivant par le jeune Gaston Poulet au violon et le compositeur au piano, lors d'un concert donné à la salle Gaveau au bénéfice du Foyer du Soldat aveugle (programme au bas de la page à gauche, sous „Courrier Musical“). C'est aussi avec cette oeuvre que Debussy va faire sa dernière apparition en public au mois de septembre suivant.
"[...] «Pleine d'un joyeux tumulte» selon Debussy, elle est traversée par des accents mystérieux et angoissés, douloureux et tendres, et sous l'apparente légèreté fantasque de l'Intermède central se devine un sentiment tragique. Debussy comparait le Finale qui lui donna beaucoup de mal, au «jeu simple d'une idée tournant sur elle-même comme un serpent qui se mord la queue». Moins d'un an après la création de cette sonate, il s'éteignait vaincu par la maladie. «Cette sonate sera intéressante à un point de vue documentaire de ce qu'un homme malade peut écrire durant une guerre», avait-il noté. [...]" cité du texte de Adélaïde de Place publié en 2017 dans le livret du CD ERATO „Sonates et Trio“.
Une courte description rédigée par Harry HALBREICH:
"[...] Cette dernière Sonate a suscité des commentaires très divers, même auprès d'exégètes habituellement éclairés. En réalité jamais l'art de Debussy n'a dépassé la suprême perfection de cette ultime Sonate, jamais son inspiration n'a été plus chaleureusement passionnée, plus riche de fantaisie, plus souple et plus diverse. Par l'harmonieuse fusion des deux instruments, Debussy égale les réussites miraculeuses de Mozart ou du Brahms de la Sonate en sol.[...]
1. Allegro vivo - Ce mouvement est dominé par son thème initial exposé dans un noble sol modal et immédiatement amplifié dans un sentiment passionné. Un passage beaucoup plus calme mène à un épisode où le violon, sur la touche, s'oppose aux fluides arpèges du piano. Ce n'est qu'après un retour du thème du début, dérythmé, que le violon entre avec un nouveau thème, s'appuyant langoureusement sur une même note. Après une reprise à peu près intégrale du premier thème, toujours très chaleureuse, les deux instruments font entendre les deux thèmes simultanément. Suit une amplification mélodique du second, suivant exactement les procédés du chant flamenco et la conclusion abrupte se fait en sol mineur.
2. Intermède: Fantasque et léger - Une introduction librement improvisée précède un thème malicieux en doubles-croches staccato qui alternera avec un thème mélodique «expressif et sans rigueur» où l'ibérisme s'affirme. A sa deuxième apparition, l'étonnant bariolage du violon, accompagnant le piano qui joue, dans l'aigu, à deux octaves d'intervalle, évoque par ses sauts et cabrioles certaine Danse de Puck. L'accompagnement obstiné dans le caractère de la guitare ne cesse que pour l'évanescente conclusion.
3. Finale: Très animé - Le thème initial du premier mouvement passe rapidement au cours d'une introduction embuée d'une nostalgie rapidement dissipée qui fait place à un thème principal de caractère gai, sorte de mouvement perpétuel où l'on retrouve les rythmes espagnols. Un intermède lyrique «le double plus lent» correspond exactement au «con morbidezza» du finale de l'oeuvre pour violoncelle. Un curieux passage en trémolos sur la touche du violon précède un développement du thème principal, débutant dans le grave de l'instrument à archet. Après une brève reprise de ce thème dans sa forme originale et son double énoncé au piano en valeurs très augmentées, une grande coda prend son élan, de plus en plus animée, tourbillonnant sur un ostinato chromatique des basses. Cette dernière page, sursaut vital d'un homme mortellement atteint, s'achève ainsi sur une affirmation de courage réellement héroïque malgré sa simplicité voulue. [...]" cité du texte de Harry HALBREICH publié en 2000 dans le livret du CD Arcana A 392 de outhere-music.
Ce disque «Chamber Music Society» CM-10 est entièrement consacré à Claude Debussy, avec au recto le Quatuor à cordes Op. 10, L 85, et au verso deux de ses dernières sonates:
➣ Sonate pour flûte, alto et harpe, L 137, Christian Lardé, Colette Lequien, Marie-Claire Jamet
➣ Sonate pour violon et piano, L 140, Oliver Colbentson, Ernest Ulmer
Je n'ai pas encore pu trouver de date exacte pour cet enregistrement, qui fut également publié sur le disque «Concert Hall Limited Recordings CH-H12», également un vinyle rouge (parution mentionnée dans le 3e suppl. WERM, page 133, couvrant la période janvier 1953 à décembre 1955).
Voici donc...
Claude Debussy, Sonate pour violon et piano en sol mineur, L 140, Oliver Colbentson, Ernest Ulmer
1. Allegro vivo 05:05 (-> 05:05)
2. Intermède. Fantasque et léger 03:59 (-> 09:04)
3. Finale. Très animé 04:06 (-> 13:10)
Provenance: disque «Chamber Music Society» CM-10
que vous pouvez obtenir en...
pour un téléchargement libre
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Le recto de ce disque «Chamber Music Society» CM-10 avec le Quatuor de Debussy: