Ludwig van BEETHOVEN
«No, non turbarti» - «Ma tu tremi, o mio tesoro?»
scène et air pour soprano et cordes, WoO 92a
Angelica TUCCARI
Orchestra Sinfonica di Torino della RAI
Pierre DERVAUX
23 février 1965
Ludwig van Beethoven composa cette scène et air «No, non turbati» sur un texte extrait de «La Tempesta» de Pietro Metastasio. L'oeuvre date de 1801/02 - alors que Beethoven recevait l’enseignement d’Antonio Salieri: la réputation de Beethoven comme compositeur de musique instrumentale était déjà fermement établie, il souhaitait désormais montrer ce dont il était capable dans le domaine de la musique vocale - notamment dans le genre le plus important en dehors de la musique d’église, à savoir l’opéra italien. «No, non turbati» était probablement l'un de ses exercices préparatoires à cet objectif: "[...] Ce n’est pas l’effet du hasard si la partition manuscrite de l’Aria porte le titre d’«Esercizii», et ce n’est pas un hasard non plus si le compositeur écrivit trois oeuvres exemplaires dans les trois formes principales de l’opéra italien: récitatif et aria, duo, ensemble (*). Le fait que l’Aria ne soit assortie que d’un simple accompagnement de cordes et qu’à l’instar du duo, l’écriture orchestrale présente des lacunes, tient sans doute à leur nature de travaux d’étude. Ces lacunes concernent cependant uniquement quelques rares passages et sont à chaque fois si faciles à compléter que rien n’empêche une exécution des deux pièces fidèle à l’original. Pour ce qui concerne l’Aria, on peut sans doute tabler sur le fait qu’en cas de publication, Beethoven aurait complété la partie d’orchestre par des vents. (**)
L’autographe de l’Aria (***) comprend des corrections de la main de Salieri, qui concernent principalement le récitatif et presque sans exception la déclamation de la partie vocale. Lorsqu’il reporta ensuite la totalité de cette partie vocale dans son cahier d’esquisses «Keßler» Beethoven tint non seulement compte de toutes les propositions de modifications, mais alla parfois bien au-delà de celles-ci. La partie finale de l’Aria en particulier (à partir de la mesure 62) fut remaniée et élargie de deux intermèdes orchestraux, bien que Beethoven n’écrivît que la voix de violon 1 des parties instrumentales. [...]" cité du texte de Ernst Herttrich, Berlin, automne 2010, publié dans la préface de l'édition Henle «Sopran-Arien, Duett WoO 93, Terzett op. 116»
[*] Scène et aria «No, non turbarti» – «Ma tu tremi, o mio tesoro» WoO 92a, Duo «Ne’ giorni tuoi felici» WoO 93 et Trio «Tremate, empi, tremate» op. 116.
[**] L'oeuvre ne fut pas publiée de son vivant et ne parut que longtemps après son décès - à la fin de sa vie, Beethoven envisagea certes de la faire éditer, mais il ne put mettre ce projet à exécution.
[***] Staatsbibliothek zu Berlin, Preußischer Kulturbesitz, Musikabteilung, Signatur Art. 165
Le texte:
No, non turbarti, o Nice; io non ritorno
A parlarti d’amor. So che ti spiace;
Basta così. Vedi che il ciel minaccia
Improvvisa tempesta: alle capanne
Se vuoi ridurre il gregge, io vengo solo
Ad offrir l’opra mia. Che! Non paventi?
Osserva che a momenti
Tutto s’oscura il ciel, che il vento in giro
La polve innalza, e le cadute foglie;
Al fremer delle selve, al volo incerto
Degli augelli smarriti, a queste rare,
Che mi cadon sul viso, umide stille,
Nice, io preveggo … Ah non tel dissi, o Nice?
Ecco il lampo, ecco il tuono. Or che farai?
Vieni, senti; ove vai? Non è più tempo
Di pensare alla greggia. In questo speco
Riparati frattanto; io sarò teco.
Ma tu tremi, o mio tesoro?
Ma tu palpiti, cor mio?
Non tremar; con te son io,
Nè d’amor ti parlerò.
Mentre folgori, e baleni,
Sarò teco, amata Nice;
Quando il ciel si rassereni,
Nice ingrata, io partirò.
À défaut de ne pas avoir encore pu trouver de traduction en français, une traduction en anglais:
No, don’t be upset, Nice; I shall never again come
to speak to you about love. I know it displeases you;
enough is enough! Look at the sudden storm
that is threatening in the sky; if you want to lead
the flock back to the huts, I alone will come
to offer my help. What? Are you not afraid?
Look how in a few moments
the sky becomes completely dark, the wind
lifts all the dust and fallen leaves up into the air;
from the quivering of the forest, from the unsteady flight
of the fluttering birds, from these few
wet drops that fall on my face,
Nice, I foresee… Ah, does it not tell you, Nice?
Here is the lightning, here the thunder. Now what will
you do? Come, listen; where are you going? It’s too
late to be thinking of the flock. In this cave
take cover for a while; I shall be with you.
But you are trembling, my treasure?
But you are shaking, my darling?
Don’t be afraid; I am with you,
but I won’t talk about love.
While the thunder roars and the lightning flashes,
I shall be with you, beloved Nice;
and when the sky becomes bright again,
ungrateful Nice, I shall leave.
Pierre DERVAUX portraité par Jacques VERROUST, date et lieu inconnus
Pierre DERVAUX enregistra cette courte oeuvre avec Angelica TUCCARI et l'orchestre symphonique national de la RAI de Turin le 23 février 1965 - ce sont les seules informations que j'ai sur cet enregistrement: si une personne visitant cette page en sait plus, toutes informations m'intéressent -> couriel!
Voici donc...
Ludwig van Beethoven, «No, non turbarti» - «Ma tu tremi, o mio tesoro?», scène et air pour soprano et cordes, WoO 92a, texte de Pietro Metastasio, Angelica Tuccari, Orchestra Sinfonica di Torino della RAI, Pierre Dervaux, 23 février 1965
1. Scène: No, non turbati, o Nice (Allegro ma non tanto) (-> 02:24)
2. Air: Ma tu tremi, o mio tesoro! (Andante agitato) 06:48