Wolfgang Amadeus MOZART
Sérénade No 13 en sol majeur, KV 525
„Une petite musique de nuit“
Orchestre Symphonique de l'Opéra National de Vienne
Victor DESARZENS
5-8 juin 1960, Grande Salle du «Musikverein» de Vienne
Wolfgang Amadeus Mozart composa une trentaine d'oeuvres que l’on nommerait aujourd’hui „Musique de variétés noble“. Ce sont des Sérénades, Divertimenti, Cassations et Musiques de nuit. Mozart les écrivit pour les circonstances les plus diverses, fêtes et mariages de nobles donateurs et d’amis. Une grande partie de ces oeuvres étaient jouées en plein air.
Cette sérénade No 13 est la dernière composée par Mozart, elle est datée du 10 août 1787. Elle fut composée pour un quintette à cordes - deux violons, un alto, un violoncelle et une contrebasse, la partition ne comportant en fait que quatre parties, la contrebasse doublant à l'octave inférieure le violoncelle sur l'intégralité de la pièce. Elle est toutefois le plus souvent jouée avec un orchestre d'effectif plus ou moins important - selon le chef d'orchestre... La même année, Mozart composa aussi son „Don Juan“: de plus grands contrastes sont à peine pensables! "[...] D’une part, l’Opéra, pénétrant dans les domaines démoniaques et métaphysiques, d’autre part, une composition qui, par sa grâce et son enjouement, rappelle les tableaux de Watteau. [...]" Arthur SCHERLE.
La petite musique de nuit avait à l'origine cinq mouvements, avec un premier menuet et trio après l'allegro initial, mais qui a été arraché de la partition initiale - on ne sait pas par qui ni pourquoi. La partition n'a été éditée qu'en 1827 et le manuscrit autographe n'a été retrouvé qu'en 1943.
Son nom «Eine kleine Nachtmusik» - „Une petite musique de nuit“ - est de Mozart, qui l'a ainsi écrit dans son répertoire: «Eine kleine Nachtmusik, bestehend in einem Allegro.Menuett und Trio.-Romance.Menuett und Trio, und Finale.-2 violini, viola e bassi». Assez curieusement l'oeuvre n'a probablement jamais été jouée du vivant de Mozart, on ne sait pas pour qui / pour quelle occasion elle a été composée.
Par leur enchaînement formel, ses quatre mouvements correspondent aux quatre mouvements de la symphonie classique:
"[...] L'Allegro est un mouvement de sonate en miniature. L'exposition est constituée d'une série de formules mélodiques assez évidentes, mais celles-ci sont organisées avec une étonnante subtilité rythmique. Des phrases avec de forts temps morts alternent avec des accents syncopés, puis avec de suaves mots d'ordre cadentiels, de sorte que le matériau mélodique assez routinier présente une variété rythmique infinie. Le développement s'ouvre hardiment en ré majeur, la dominante, qui module en do majeur par une cadence trompeuse, encore une fois un dispositif simple, rendu plus efficace par le contraste de dynamique et de texture qui sonne le changement. La brève excursion modulatoire est entièrement basée sur un motif subsidiaire de l'exposition, se terminant sur la dominante de sol mineur. Par contraste, le retour à sol majeur sonne encore plus lumineux qu'auparavant.
Le second mouvement, Andante, est intitulé «ROMANZE», qui [...] évoque un caractère particulièrement tendre. Une mélodie sereine à deux parties alterne, à la manière d'un rondo, avec deux épisodes qui sont en fait des variations libres du thème principal. Ce n'est que dans le deuxième épisode [...] qu'une atmosphère d'agitation pénètre le calme dominant; le dialogue entre les premiers violons et les violoncelles a un caractère sinistre et nocturne.
Un Menuetto en sol, avec Trio en ré, suit. Les menuets de Mozart sont toujours des menuets - ils ne deviennent jamais des danses paysannes, comme ceux de Haydn et de Schubert, ou des scherzos tapageurs, comme ceux de Beethoven. Il ne s'est pas senti gêné par le style et l'esprit traditionnels du menuet: il suffit de voir l'individualité de son expression dans cette forme. Le charme particulier de ce menuet réside dans l'opposition, dans la deuxième partie, de passages fluides en croches, utilisés également dans le Trio, au rythme plus carré de la phrase d'ouverture.
Le Finale, Allegro (sol majeur, 2/2), est un Rondo, avec toute la gaieté et le caprice que le titre implique. Les sections de transition sont filées afin de fournir un maximum de suspense avant le retour du thème principal dans ses différentes tonalités. Dans son organisation en deux thèmes et deux tonalités, ce mouvement est fortement influencé par la forme sonate. La sixte descendante, noyau du thème principal, réapparaît dans le deuxième thème, plus féminin. Elle s'élargit avec humour dans le thème final (pour continuer l'analogie avec la forme sonate) à une septième mineure, puis à une septième majeure; elle se rétrécit à nouveau à une septième mineure, et finalement à la sixte majeure qui réintroduit le thème principal dans la tonalité de développement de mi bémol. Comme dans le premier mouvement, la section de développement se termine sur la dominante de sol mineur. Mais ici, c'est le deuxième thème, ou thème subsidiaire, qui annonce le retour de la tonique; le thème principal suit ensuite, préservant l'alternance du rondo. La coda n'est qu'une réaffirmation de l'accord de sol majeur, dans lequel la sixte descendante devient un saut géant de deux octaves. [...]" traduit des notes de Virginia ERVIN publiées en 1954 au verso de la pochette du disque «The Haydn Society, Inc.» HSL 101.
Le 10e disque d'un coffret de 12 disques «Festival of Light Classical Music», Sélection du Reader's Digest RCA RD2S ...
... est consacré à diverses oeuvres enregistrées sous la direction de Victor DESARZENS. Il dirige un orchestre portant un nom légèrement différent selon l'édition resp. réédition. À l'origine, l'orchestre est nommé „Orchestre symphonique de l'Opéra national de Vienne“, ce qui est énigmatique: à Vienne il n'a jamais existé d'„Opéra National“ - «Nationaloper» -, mais par contre deux opéras ayant le statut de «Bundestheater», donc de „théâtre fédéral“. L'un est le «Wiener Staatsoper», l'Opéra d'État de Vienne (le plus connu des deux), l'autre est le «Volksoper Wien», l'Opéra Populaire de Vienne (dans la fin des années 1950 - début des années 1960, Herbert von Karajan était le directeur du «Staatsoper«, Franz Salmhofer celui du «Volksoper«).
Il s'agit donc ici soit de l'Orchestre de l'Opéra Populaire de Vienne, soit de celui de l'Opéra d'État de Vienne: l'identité exacte restera probablement pour toujours une énigme.
Les oeuvres enregistrées:
➣ Wolfgang Amadeus Mozart, Sérénade No 13 en sol majeur, KV 525
➣ Johann Strauss Fils, Le Beau Danube bleu, valse, op. 314
➣ Johannes Brahms, Ouverture pour une fête académique, Op. 80
➣ Franz Liszt, Rhapsodie hongroise No 9, S 359 No 6
L'exemplaire du disque utilisé pour cette restauration appartient à la collection de Daniel ACHACHE, qui l'a numérisé lui-même et m'a envoyé le fichier audio pour restaurer les enregistrements et vous les présenter ici: je le remercie pour sa grande générosité.
Dans cette oeuvre de Mozart, les 2e et 3e mouvements miaulent un peu par endroits, mais c'est pas trop grave.
Voici donc...
Wolfgang Amadeus Mozart, Sérénade No 13 en sol majeur, KV 525, „Une petite musique de nuit“, Orchestre Symphonique de l'Opéra National de Vienne, Victor Desarzens, 5 au 8 juin 1960, Grande Salle du «Musikverein» de Vienne