Carl NIELSEN et son épouse Anne-Marie, photographe, lieu et date inconnus - peut-être fait lors de leur mariage du 10 avril 1891
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À l'époque de la composition de cette symphonie - 1902 -, Carl Nielsen - excellent violoniste - gagnait sa vie avant tout comme second violon au sein de l’orchestre de l'Opéra Royal de Copenhague. L'oeuvre lui fut inspiré par un tableau en 4 scènes vu dans une taverne danoise, chaque mouvement étant une illustration musicale d'un tempérament - terme pris ici dans le sens d'une humeur -, sans toutefois être une musique à programme, ainsi qu'il le décrivit une trentaine d'années plus tard - le 3 octobre 1931 -, peu avant son décès:
"[...] L’art de la musique ne peut en aucun cas exprimer quelque chose de conceptuel et c’est pourquoi les commentaires qui suivent devraient être compris comme quelque chose de privé entre les notes et moi…
L’inspiration pour ma symphonie ‹Les quatre tempéraments› m’est venue il y a plusieurs années dans une auberge en Sélande. J’y dégustais un verre de bière avec ma femme et des amis et j’y ai remarqué, sur le mur, un tableau très comique en couleur divisé en quatre parties représentant les ‹tempéraments› décrits ainsi: ‹Den Kole - riske› (Le colérique), ‹Den Sangvinske› (Le sanguin), ‹Den Melankolske› (Le mélancolique) et ‹Den Flegmatiske› (Le flegmatique).
Le personnage colérique était à dos de cheval avec une longue épée à la main qu’il agitait sauvagement dans l’air; ses yeux semblaient vouloir lui sortir de la tête et ses cheveux se dressaient tout autour du visage grimaçant de colère et de haine diabolique à tel point que j’ai failli éclater de rire. Les trois autres personnages étaient dans le même style qui nous amusa royalement, mes amis et moi, par sa naïveté, les expression exagérées et le sérieux comique. [...]" cité d'un texte de Knud Ketting 2001–03, rev. 2010, publié dans ce livret de Chandos publié lors de la parution de l'intégrale des symphonies de Nielsen sous la direction d'Osmo Vänskä.
On ne connait pas la date exacte du début de sa composition. La date certaine la plus ancienne est le 28 décembre 1901, lors de la finition du premier mouvement. Une dernière date est celle de la conclusion du quatrième mouvement, le 22 novembre 1902. L'oeuvre fut donnée en première audition le 1er décembre suivant, par l'Association des concerts danois sous la direction du compositeur. Grâce au soutien de Ferruccio Busoni, Carl Nielsen put la donner en première audition à Berlin avec l'Orchestre Philharmonique, le 5 novembre 1903: en témoignage de remerciement, le compositeur lui dédia sa symphonie.
Johann Kaspar Lavater, Physiognomische Fragmente zur Beförderung der Menschenkenntnis und Menschenliebe (1775-1778): Flegmatique, cholérique, sanguin et mélancolique (cliquer sur la photo pour une vue agrandie, cliquer EN DEHORS de la vue agrandie pour la fermer)
Dans un texte publié dans cette brochure d'un CD du label LSO Live, Stephen Johnson a résumé quelques notes de programme écrites par Nielsen (Traduction: Claire Delamarche):
"[...] Le premier mouvement, nous dit-il, est dominé tout d’abord par une énergie furibonde. Il y a quelques moments lyriques, mais ils «sont vite interrompus par des figures aux mouvements violents et des secousses rythmiques… Ce matériau est transformé, tour à tour sauvage et impétueux, comme quelqu’un qui est hors de lui, ou d’humeur plus douce, comme quelqu’un qui regrette son irascibilité». Mélodieux, évoquant une valse, le mouvement «flegmatique» offre un contraste total; son thème principal se polarise avec délectation sur un unique intervalle ascendant répété. Rien ne vient troubler les rêveries paisibles de ce personnage – pas même le vigoureux battement de timbale et les braillements momentanés des bois vers la fin.
Même si le mouvement lent «mélancolique» se situe à l’autre extrémité de l’échelle émotionnelle, le thème noble et tragique par lequel il débute repose sur l’intervalle même qui domine les rêveries du «flegmatique» – nous rappelant que, sous nos diverses enveloppes corporelles, nous sommes tous frères et soeurs. Ce mouvement atteint à une sorte de paix, mais celle-ci est brisée brutalement par le finale «sanguin». «J’ai essayé d’esquisser un homme qui fonce sans réfléchir, mu par la croyance que le monde entier lui appartient», nous dit Nielsen. Il y a un moment, de nouveau vers la fin, où «quelque chose l’effraie» – des coups de timbales plus acérés (quatre, cette fois). Puis s’installe, pour un instant, un calme introspectif. Mais ce n’est qu’un instant. Une gaîté irrépressible l’emporte finalement. [...]"
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1. Allegro collerico 08:30 (-> 08:30)