Sergei RACHMANINOW
Concerto pour piano No 2 en do mineur, Op. 18
Judith BURGAENGER, piano
Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise
Dean DIXON
16 septembre 1965
Salle Hercules de la Résidence de Munich
14e Concours ARD de 1965, concert de clôture
Sergei Rachmaninow écrivit ce concerto dans les années 1900-1901. L'oeuvre est connue pour sa difficulté: Rachmaninow avait des mains très grandes, et il a composé ce concerto en utilisant le maximum de ses possibilités!
"[...] Durant l’été 1900 qu’il passa en grande partie avec Chaliapine à Milan, il consigna par écrit ses idées pour un nouveau Concerto. À son retour en Russie, il écrivit les deuxième et troisième mouvements qu’il exécuta le 2 décembre, dans la Salle de la Noblesse à Moscou, sous la direction de Ziloti. Les deux cousins allaient de nouveau collaborer onze mois plus tard pour la création du Concerto donnée à la Société philharmonique de Moscou.[...]
Quiconque ignorerait que le premier mouvement fut écrit en dernier pourrait raisonnablement croire que la célèbre entrée du solo de piano fut l’idée dont toute l’oeuvre a germé. Cette progression aux teintes sombres avec ses mouvements ascendants chromatiques réguliers et ses renforcements aux allures de cloches dans le grave réapparaît sous des atours divers aux endroits cruciaux de l’oeuvre: lors de la progression harmonique conclusive du premier mouvement, au début du deuxième et évidemment, juste avant l’énoncé du thème principal du finale (après les figurations initiales du piano). Comme dans le Concerto no 1, l’exposition du premier mouvement suit un schéma typique de Grieg, les deux idées principales, toutes deux superbement lyriques, étant séparées par de brillantes figurations.
La section centrale, largement élaborée sur des séquences (comme précédemment), parvient à donner l’impression d’une fraîcheur d’invention tout en adhérant rigoureusement au matériau thématique existant. Aucune cadence n’y est incorporée. La structure se déploie au contraire comme un tout symphonique continu, parfaitement proportionné – aucune révision n’était nécessaire cette fois. La manière dont le soliste et l’orchestre s’entremêlent est une merveille constante, tout comme l’orchestration. [...]
De la même manière que le mouvement lent levait le rideau avec une modulation magique en mi majeur après la conclusion en do mineur du premier mouvement, le finale retrouve ce do mineur discrètement dès la fin du mouvement lent. À peine commencé, le finale dévoile la trame d’un autre drame – tourment émotionnel, langueur, regret, lutte avec le Destin – tout en associant la rhapsodie et la virtuosité d’un concerto de tradition lisztienne au savoir-faire et valeurs solides que Rachmaninov avait appris auprès de Taneïev.[...]
Au fur et à mesure que la popularité du concerto grandissait, ses thèmes étaient repris à travers maints arrangements pour la voix et autres formations. Le mouvement lent notamment devint une Prière pour violon et piano dans l’arrangement de Fritz Kreisler réalisé «en collaboration avec le compositeur». Les figurations arpégées proviennent de la Romance de jeunesse de Rachmaninov qu’il conçut pour piano six mains juste après la version initiale du Concerto No l. On retrouve dans sa structure un écho du schéma lent-vif-lent que Tchaïkovski rendit célèbre avec son Concerto en si bémol majeur, même si dans le cas de Rachmaninov, le passage vif émerge progressivement, comme poussé par les forces intrinsèques des motifs lyriques.
[...]" cité des notes rédigées par David FANNING, dans une traduction d'Isabelle BATTIONI, publiées en 2004 dans le livret du double CD CDA67501/2.