Nikolai Rimski-Korsakow composa ce concerto entre 1882 et 1883, pendant une période très heureuse du milieu de sa vie; parmi les autres compositions de cette période, riches en lyrisme charmant, figurent l’opéra Snegourotchka et la pièce orchestrale Skazka («Conte féerique»). Le Concerto fut donné en première audition en mars 1884 à Saint-Pétersbourg, lors d’un concert de l’Ecole libre de Balakirev.
"[...] Si le lyrisme y est toujours sincère et profond, le Concerto annonce aussi le maître artificier des années suivantes.
Dédié à la mémoire de Liszt, il doit à ce compositeur sa structure en un seul mouvement (semblable à celle du deuxième Concerto en la majeur de Liszt) et son pianisme orné et virtuose. Contrairement au Concerto de Liszt cependant, celui de Rimski-Korsakov est basé sur un seul thème, le no18 de l’important recueil d’airs populaires que Balakirev avait publié en 1866.
Après quatre mesures d’introduction, le basson joue l’air populaire, repris peu après par la clarinette. Cette introduction lente est suivie d’un Allegretto au rythme de polonaise («quasi polacca»), d’une partie intermédiaire Andante mosso et d’un Allegro final. L’oeuvre se conforme ainsi à la forme traditionnelle en trois mouvements du concerto classique, mais en les télescopant en un seul. Les métamorphoses de l’air populaire sont toujours heureuses, et très claires pour l’auditeur. Le motif d’accompagnement à la main gauche, aux notes largement espacées, du ravissant Andante central est lui-même inspiré par le début de l’air, tandis que le matériau mélodique est tiré de sa deuxième partie.
Après que la musique ait atteint le plus haut degré de la passion, l’Allégro final est introduit par de vigoureux accords au piano suivis de gammes ascendantes par tons entiers de doubles croches à l’octave.
L’admiration de Balakirev pour le lyrisme profond et chaleureux, les morceaux de bravoure soignés et l’utilisation parfaitement appropriée de l’air populaire, nous permet de placer cette oeuvre entièrement dans la sphère d'influence de l’école nationaliste russe. Elle exerça en outre une influence sur les oeuvres concertantes de nombreux compositeurs russes ultérieurs, entre autres Glazounov, Arenski et plus particulièrement Rachmaninov dont le premier Concerto pour piano allait être écrit moins d’une décennie plus tard. [...]" cité des notes rédigées par Edward Garden en 1993 pour Hyperion, dans une traduction d'Elisabeth Rhodes
André PERRET, une prise de vue de Photo Bertrand, Genève, publiée entre autres dans la revue Radio Actualités du 3 mars 1959, No 9, en page 328.
Les interprètes de l'enregistrement proposé ici sont André PERRET (portraits à droite, ci-dessus et au bas de cette page) et l'Orchestre de Chambre de Lausanne, le tout sous la direction de Victor DESARZENS. De cette prise de son je ne connais que l'année, 1957, tel qu'indiqué lors d'une récente rediffusion.
Voici donc...
Nikolai Rimski-Korsakow, Concerto pour piano et orchestre en ut dièze mineur, Op. 30, André Perret, Orchestre de Chambre de Lausanne, Victor Desarzens, 1957 (13:21)
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André PERRET
Pianiste et pédagogue genevois
06.10.1920, Genève - novembre 1979
"[...] André Perret avait montré très tôt des dispositions pour la musique, et avait été initié au piano par son oncle dès l'âge de cinq ans. C'est à Genève qu'il entreprend ses études musicales, dès 1934: il a pour professeur Johnny Aubert, pour le piano, et, pour les branches théoriques, Ch. Chaix et Henri Gagnebin. Ayant obtenu son prix de virtuosité en 1938, André Perret se rend à Paris où il est admis, au Conservatoire, dans la classe de Lazarre Lévy. [...]"
André Perret en 1938 dans la classe de Lazare-Lévy au Conservatoire national de musique de Paris, une photo mise sur Facebook par Frédéric Gaussin, qui fut élève de Agnelle Buntervoët
"[...] Il a alors pour condisciple Harry Datyner, qui, lui, travaille avec Marguerite Long. Il remporte, en 1940, un premier prix qui lui permettra de donner plusieurs concerts à Paris.
Mais c'est la guerre: André Perret rentre en Suisse, où il remporte le premier prix du Concours d'exécution musicale (alors national) [...]"
Publié dans la revue Le Radio du 17 octobre 1941, No 42, en page 1314: Paul Ladame, de Radio-Genève, recueille les déclarations de lauréats du Concours national d'exécution musicale, à Genève. De gauche à droite: Willy Urfer (flûte), Madeleine Depraz (piano), Fritz Mack (chant), Heidi Zumbrunn (chant), Blanche Honegger (du Quatuor Honegger) et André Perret (piano), Photo Hélios
André Perret "[...] débute une carrière brillante qui lui permet en Suisse de jouer sous la direction de chefs tels qu'Ansermet, Mûnch, Rosbaud, Scherchen, Schuricht, Janigro.
Nommé en 1943 professeur de virtuosité au Conservatoire de Fribourg (poste qu'il conservera jusqu'en 1973), André Perret se consacre désormais de plus en plus à l'enseignement, au détriment de sa carrière de soliste. Car, en 1949, il est nommé à Genève, dont il dirige les classes supérieures de piano, ainsi qu'une classe de virtuosité, aux côtés de Louis Hiltbrand, de Nikita Magaloff, enfin d'Harry Datyner.
Ce pianiste laisse le souvenir d'un homme sensible et bienveillant, qui avait avec ses élèves un contact excellent, et un dévouement à toute épreuve à leur égard: un maître qui savait, dans ses cours, beaucoup prêcher par l'exemple. De sa famille, de ses élèves aussi, le Journal de Genève partage l'affliction. [...]" hommage publié à son décès dans le Journal de Genève du 20 novembre 1979 en page 16, signé "J.C.P.", probablement Jean-Claude Poulin
Portraits d'André Perret, de gauche à droite et de haut en bas: Photo Helios, Le Radio du 22 octobre 1937 en page 1750 -- Photo ??, Radio Actualités du 15 octobre 1942, No 42, page 1137 -- Photo Boissonnas, Genève, Radio Actualités du 26 avril 1950, No 17, page 710 -- M.Düss, Genève, Radio Télévision du 3 août 1951 en page 1200