Georg Philipp TELEMANN
Suite en ré majeur pour 2 cors, 2 hautbois, basson cordes et basse continue TWV 55:D21
Georges BARBOTEU et Gilbert COURSIER, cors
Pierre PIERLOT et Jacques CHAMBON, hautbois
Paul HONGNE, basson
Collegium Musicum de Paris
Roland DOUATTE
196?
La Suite (Ouverture) en ré a été composée en 1765, alors que Telemann avait 84 ans. Les symphonies de Stamitz (dont le style est partiellement anticipé dans le triple concerto), Filtz et Richter avaient déjà établi le modèle de la „nouvelle“ musique, et Haydn avait déjà composé ses premiers quatuors et sa première symphonie. Vue sous cet angle, l'Ouverture peut sembler un peu conservatrice. Cependant, Telemann était suffisamment en phase avec l'évolution des temps pour pouvoir souvent saisir l'esprit du temps dans ses danses et ses pièces descriptives.
La partie fuguée du mouvement d'ouverture semble indiquer, par la nature du thème (construit à partir d'intervalles harmoniques plutôt que du plan plus baroque) et son élaboration, que Telemann était impatient d'en finir avec les formalités - l'ouverture à la française servant d'introduction à la série de danses qui suit.
L'Ouverture proprement dite est suivie d'une „Plainte“, un soupir de nostalgie. Par l'utilisation de hautbois et de cors solistes en contraste avec les cordes, Telemann obtient non seulement une variété de couleurs sonores, mais renforce également le contenu émotionnel du mouvement.
La „Réjouissance“, bien que dans une tonalité mineure, telle que Telemann l'utilise, est une danse joyeuse pleine d'exubérance et de joie de vivre. La section centrale, en majeur, est basée sur une chanson folklorique française.
„Carillon“ est un mouvement dans lequel la sonnerie du carillon est imitée par l'utilisation de cordes pincées (pizzicato), tandis que les hautbois jouent une mélodie en tierces et sixtes.
Le „Tintamarre“, mouvement joyeux et bruyant, est une description musicale des réjouissances à la mode galante du milieu du XVIIIe siècle.
Les deux menuets n'ont pas de titre programmatique: Le Menuet II est destiné uniquement aux vents (hautbois, cors et basson). Telemann y invente une mélodie qu'il répartit entre les hautbois et les cors jouant à des octaves différentes, mais arrangée de manière à donner l'impression d'une ligne musicale ininterrompue.
Alors que le Concerto et l'Ouverture sont des exemples du Telemann progressiste (même à l'âge de 84 ans), le Trio - tiré de la deuxième partie de la Musique de Table - représente le Telemann conservateur. Sur le plan formel, il se compose des quatre mouvements traditionnels de la „sonata da chiesa“. Le premier mouvement est basé sur deux idées mélodiques, présentées alternativement par la flûte et le hautbois, et, à la fin, simultanément. L'allegro qui suit, malgré son moule conservateur, est plein de „modernité“ dans son utilisation de la variété rythmique et harmonique. Le troisième mouvement, dolce, offre un répit bienvenu entre l'agitation excitée du mouvement précédent et la tonalité agitée et constamment changeante du dernier mouvement.