Recto du coffret Deutsche Grammophon 138-993--95 avec un extrait d'une peinture de Ferdinand Georg Waldmüller
La courte présentation de cette sonate publiée dans le livret de ce coffret (légèrement complétée):
"[...] Les deux sonates de l’opus 102 qui datent de 1815 sont les compositions en duo les plus audacieuses et les plus complexes de leur auteur dont elles annoncent le dernier style par leur enchaînement de sonate-fantaisie et de stricte forme polyphonique, par leur téméraire extension du domaine expressif aux dépens du charme sonore.
La Sonate en ut majeur, op. 102 n°1, fut composée à la fin du mois de juillet 1815 et donnée en première audition par le violoncelliste du comte Razoumovski, Joseph Linke, et le pianiste virtuose et compositeur Carl Czerny. Elle est dédicacée à la Comtesse Marie Erdödy. L'oeuvre est apparentée dans sa structure à la sonate pour piano opus 101 qui est de la même époque. Beethoven la qualifiait dans son manuscrit de «sonate libre».
Elle débute sur un andante dont le thème passionné est exposé avec beaucoup de fantaisie par les deux voix en duo; la pratique de l’introduction, déjà utilisée dans l’opus 5, réapparaît, mais d’une manière beaucoup plus complexe. L’allegro vivace se situe en la mineur, avec une grande énergie concentrée. Des octaves violentes s’élèvent, l’allure improvisée de l’introduction disparaît pour faire place à un mouvement de sonate sévère, concentrée dans un espace réduit. Ce mouvement central resserré annonce déjà, par sa brutale juxtaposition de traits opposés, le style des dernières sonates pour piano. Le violoncelle est beaucoup moins que dans les trois sonates précédentes traité comme un instrument dont les qualités chantantes demandent une attention particulière. Le caractère concertant a disparu, et les instruments deviennent, aux dépens de l’agrément sonore, les antagonistes d’un dialogue.
À la fin de l’allegro con fuoco en la mineur, un bref adagio en ut majeur reprend la manière pleine de fantaisie de l’andante initial. Une courte mélodie s’élève. Le rythme à 6/8 de l’introduction réapparaît, reliant l’allegro final au premier mouvement. Le modèle de la «sonate libre», que le romantisme devait adopter, s’affirme dans les ramifications pleines de fantaisie. Le finale, dans un rythme rapide à 2/4, utilise l’énergie du premier allegro, mais d’une manière plus animée. Des surprises, des modulations bizarres et des passages contrepointiques se succèdent jusqu’à la fin de cette sonate, débouchant en ut majeur. [...]"
Pierre FOURNIER enregistra cette oeuvre à plusieurs reprises pour le disque, au moins trois fois:
➣ avec Artur Schnabel, 10 juin 1947, EMI Studio No. 3, Abbey Road, London
➣ avec Friedrich Gulda, 24 au 26 juin 1959, Musikverein, Brahms-Saal, Wien
➣ avec Wilhelm Kempff, 1-7 février 1965, Salle Pleyel, Paris
Pierre FOURNIER et Wilhelm KEMPFF, une photo du Studio Laguens, Paris
Ludwig van Beethoven, Sonate pour violoncelle et piano No 4 en ut majeur, op. 102 no 1, Pierre FOURNIER, Wilhelm KEMPFF, 2 et 5 février 1965, Salle Pleyel, Paris