La Sonate pour violoncelle et piano en mi mineur opus 38 fut la première sonate pour deux instruments que Brahms ait fait publier. Il avait écrit trois mouvements en 1862, mais - trop accaparé par ses engagements comme pianiste qui se suivaient à une allure folle - il n’acheva l’oeuvre qu’en 1865, ayant auparavant rejeté un Adagio et ajouté un finale fugué vigoureux.
Johannes Brahms fut généreux envers les violoncellistes: "[...] sa musique de chambre et ses oeuvres orchestrales regorgent de moments glorieux, où le violoncelle chante comme lui seul sait le faire. Peut-être cette prédilection tient-elle en partie au fait que Brahms étudia très sérieusement cet instrument dans sa jeunesse, au point de pouvoir se colleter à l’un des difficiles concertos de Romberg. [...]"
Par deux fois Johannes Brahms a composé pour le violoncelle avec le seul accompagnement du piano, mais à vingt années de distance, à des moments fort différents de sa vie: ces deux oeuvres "[...] sont d’inestimables atouts du répertoire pour violoncelle et piano, et même, presque indiscutablement, les plus importantes sonates pour violoncelle de la seconde moitié du XIXe siècle.
Commencée en 1862 par un Brahms qui n’avait pas encore trente ans, la Sonate pour violoncelle No 1 en mi mineur, op. 38 ne reçut un finale qu’en 1865, soit bien après l’achèvement des deux premiers mouvements. Première sonate en duo de Brahms à nous être parvenue, cette oeuvre est importante et marque, d’une certaine manière, un tournant, après la Sonate pour piano No 3, op. 5 (1853), page de jeunesse tempétueuse que préfaçait une citation de la poésie romantique de Sternau.
La sonate, op. 38 est profondément différente: il s’agit presque d’une «sonate historique», fermement enracinée dans la musique du passé - comme si Brahms tournait le dos à sa folle jeunesse. La seule citation manifeste émane de L'Art de la fugue de Bach (même si le thème principal des mesures du menuetto ressemble beaucoup à celui du scherzo de la fameuse Sonate pour violoncelle en la majeur de Beethoven). Ici, Brahms justifie son titre de plus grand compositeur de musique de chambre «romantique classique», digne successeur de ses héros d’antan.
Le premier mouvement, avec sa glorieuse coda crépusculaire en mi majeur (Brahms fut le maître absolu des couchers de soleil musicaux), se rattache aux deux autres mouvements surtout par la prépondérance de l’expressive sixte mineure, qui apparaît pour la première fois à la deuxième mesure et traverse l’oeuvre de part en part.
Le deuxième mouvement, un charmant menuet et trio, semble rendre un nostalgique hommage à l’univers de Mozart - à moins que ce ne soit à celui de Schubert, dont la musique obsédait alors quelque peu Brahms.
Le dernier mouvement, un robuste mélange de fugue et de forme sonate, emprunte son thème principal au Contrapunctus 13 de L'Art de la fugue - comme si Brahms reculait dans le temps à mesure que la sonate, elle, avançait. [...]" cité des notes de Steven Isserlis (traduction Hyperion) publiées en 2005 dans le livret du CD Hyperion CDA 67529.
Voici donc...
Johannes Brahms, Sonate pour violoncelle et piano No 1 en mi mineur, op. 38, Pierre FOURNIER, Rudolf FIRKUSNY, 16 au 20 septembre 1965, UFA Studio, Berlin (DG 139119)
1. Allegro non troppo 10:40 (-> 10:40)
2. Allegretto quasi minuetto 05:29 (-> 16:09)
3. Allegro 06:05 (-> 22:14)
1. Allegro non troppo 10:40 (-> 10:40)