Claude DEBUSSY composa la mélodie pour voix et piano „Beau soir“ sur un poème de Paul BOURGET, quand il était encore adolescent, âgé d’environ 15 ou 16 ans, en 1877 ou 1878 (Le manuscrit original ayant disparu, la date exacte de composition n'est pas connue). Ses collègues étudiants au Conservatoire de Paris renouèrent avec ses goûts littéraires: Paul VIDAL se rappela que Debussy était «très friand de la poésie de Paul Bourget» et, de la même manière, Raymond BONHEUR décrivit Debussy arrivant à des cours «à la dernière minute, traversant la cour de l’ancien conservatoire avec des pas brefs et pressés qui le caractérisaient si bien... La plupart de ses obsessions pour Bourget datent de ces journées lointaines... »
La mélodie est „une réflexion sur la fuite du temps“.
„Beau soir“, Paul Bourget (1852-1935):
Lorsque au soleil couchant les rivières sont roses
Et qu’un tiède frisson court sur les champs de blé,
Un conseil d’être heureux semble sortir des choses
Et monter vers le coeur troublé.
Un conseil de goûter le charme d’être au monde,
Ce pendant qu’on est jeune et que le soir est beau,
Car nous nous en allons, comme s’en va cette onde:
Elle à la mer, nous au tombeau.
Dans la transcription pour violoncelle et piano, cette mélodie est transformée en un nocturne d'une beauté tranquille dans lequel le violoncelle peut faire flotter son fameux cantabile de ténor. La chanson elle-même n'est peut-être pas tout à fait caractéristique du style de Debussy, mais elle présente des courbes tendres et gracieuses qui la rendent aussi efficace dans une présentation vocale qu'instrumentale.
Claude Debussy, „Beau soir“, en mi majeur, L 84 (anciennement L 6), Pierre Fournier, violoncelle, Ernest Lush, piano, P1952