Édouard Lalo composa son unique concerto pour violoncelle et orchestre en 1876-1877, soit peu après sa célèbre Symphonie espagnole. La première audition fut donnée à Paris le 9 décembre 1877 au Cirque d'Hiver, dans les concerts populaires de Jules Pasdeloup, avec Adolphe Fischer, à qui l'oeuvre est dédiée, en soliste.
La forme de l'oeuvre est classique, bien que chaque mouvement soit constitué de deux sections contrastées: un prélude marqué Lento précédant l'Allegro maestoso principal du premier mouvement, un Andantino con moto alternant avec un Allegro presto pour former l'Intermezzo central, et une brève Introduction (Andante) et un Rondo (Allegro vivace) pour le finale.
Dans la puissante introduction orchestrale, le thème est joué fortissimo par les cordes et les bois, chaque phrase étant accentuée par l'ensemble de l'orchestre; l'ensemble du passage rappelle Liszt. Le récitatif pour violoncelle seul qui suit révèle une grande maîtrise de l'écriture pour cet instrument, avec un thème énergique, en ré mineur, joué par le soliste. Le motif de l'introduction revient dans le développement, puis le deuxième thème principal, plus calme que le premier, est joué par le violoncelle, en fa. Le thème d'introduction revient ensuite en la mineur pour tout l'orchestre. Puis, après une sorte de fantaisie libre, le deuxième thème principal revient lui de manière orthodoxe en ré mineur. Se termine par le thème introductif en ré mineur, ce premier mouvement suit les grandes lignes de la forme sonate; si une influence doit être recherchée, outre l'introduction lisztienne, elle appartient à l'expansif et harmoniquement audacieux Schumann, que Lalo admirait beaucoup.
Le deuxième mouvement, Intermezzo, est basé sur deux thèmes et divisé en parties correspondant à une Romance et à un Scherzo. Après 12 mesures d'introduction, le premier thème - Adantino con moto, sol mineur, très mélodieux de caractére quelque peu sentimental - est joué par le violoncelle, qui assure l'essentiel du développement mélodique. La tonalité passe à sol majeur, le tempo à Allegro Presto lorsque le violoncelle annonce le deuxième thème, rappelant le Lalo de la célèbre Symphonie Espagole pour violon et orchestre - une partie d’allure vive contrastante, aux sonorités et rythmes charmants.
Le finale plein de vivacité débute toutefois - comme le premier mouvement - par une introduction lente, un Andante cantabile construit comme un récitatif, auquel succède un brillant Scherzo, conclusion éblouissante de l’oeuvre.
Pierre FOURNIER enregistra cette oeuvre à deux reprises pour le disque, du moins à ma connaissance:
➣  en 1960 avec l'Orchestre Lamoureux et Jean Martinon
➣  en 1978 avec l'Orchestre National de l'Opéra de Monte-Carlo et Iosif Conta
Voici donc le premier de ses deux enregistrements: