Cette première des trois sonates pour violon et piano qu'a composé Edward Grieg date de 1865 et est dédiée à son jeune camarade Benjamin Federsen: Grieg était en séjour chez lui - à Rungsted, près de Copenhagen - lors de la composition de l'oeuvre.
Première oeuvre de ce genre écrite par un compositeur norvégien au XIXe siècle, elle s’est attiré des commentaires très élogieux de la part de contemporains comme Niels Gade, Franz Liszt et Hans von Bülow. Grieg lui-même a toujours tenu ses 3 sonates en haute estime; il les considérait comme devant figurer parmi ses meilleurs oeuvres:
"[...] Elles caractérisent des périodes de mon évolution: la première ingénue et prolixe d’idées; la deuxième nationaliste; la troisième tournée vers de plus vastes horizons.[...]"
Terminée à l’âge de 22 ans, cette première sonate fut donnée en première audition en novembre 1865 au Gewandhaus de Leipzig par le violoniste suédois Anders Petterson et le compositeur au piano.
"[...] On y retrouve un langage mélodique parsemé de colorations modales qui traduisent l’intérêt de Grieg pour la musique folklorique nordique. Il a d’ailleurs écrit sa sonate alors qu’il découvrait les compositeurs danois et norvégiens comme Gade et Ole Bull, chez qui l’influence du folklore se fait sentir. C’est particulièrement dans le trio du deuxième mouvement que l’élément national se retrouve de la façon la plus évidente. Grieg y imite les doubles cordes de la musique associée au violon de Hardanger (hardingfele), instrument traditionnel norvégien qui possède des cordes supplémentaires vibrant par sympathie. [...]" cité de ce fichier pdf du site de la revue Le Club, Québec.
"[...] L’oeuvre respire la jeunesse et fait surgir — si l’on peut dire — des images de plein air, en l’occurrence ces paysages marins (tel le Byfjord formant le site du petit port de Rungsted) familiers au musicien.
[...] 1. Le premier mouvement est un ALLEGRO CON BRIO à 6/8 qu’inaugurent deux accords au piano mineur dans les tonalités — mi mineur et la mineur — étrangères au ton fondamental; sur ce double accord se présente le thème principal (p sostenuto) au violon, que caractérise l’amplitude de sa ligne mélodique[...]
Remarquable est l’effet de contraste obtenu par l’insertion d’un Andante en mineur, — qui marque une accalmie dans le déchaînement des éléments naturels que peut évoquer l’ensemble de cet Allegro. Le mouvement souffre néanmoins d’une littéralité de la réexposition, engendrant un sentiment de monotonie[...] 2. ALLEGRETTO QUASI ANDANTINO à 3/4. Le mouvement central a le caractère d’un Intermezzo avec, en son thème présenté en la mineur, une sorte d’imitation du violon de Hardanger, très typique de la musique populaire norvégienne. Le trio, en majeur, est un Springer, danse paysanne fermement rythmée amenant un grand crescendo. Très certainement, nous tenons là le mouvement le plus séduisant de l’oeuvre.
3. En revanche, le mouvement conclusif — ALLEGRO MOLTO VIVACE — est le plus faible, — sorte de mosaïque sans cohésion véritable. Sans doute conscient de ce défaut, Grieg y a introduit un épisode en fugato destiné à le structurer: peine perdue. La vie est là, d’évidence, mais comme anémiée et passablement «académique». [...]" cité des pages 363 et 364 du Guide de la musique de chambre publié sous la direction de François-René Trancherfort.
Erich APPEL et Saschko GAWRILOFF
De l'enregistrement proposé sur cette page, avec Saschko GAWRILOFF et le pianiste Erich APPEL, je ne sais pas grand-chose, seulement l'année d'enregistrement - 1960, tel qu'indiqué lors d'une rediffusion par la radio de Cologne (WDR), qui a produit cet enregistrement.
Voici donc...
Edward Grieg, Sonate pour violon et piano no 1 en fa majeur, opus 8, Saschko Gawriloff, violon, Erich Appel, piano, 1960
1. Allegro con brio 09:44 (-> 09:44)
2. Allegretto quasi andantino 04:28 (-> 14:12)
3. Allegro molto vivace 07:11 (-> 21:23)
Provenance: Radiodiffusion, Archives Radio de Cologne