Joseph Haydn écrivit l'une de ses oeuvres pour piano les plus populaires en 1793, peu après le décès de son amie et élève Marianne von Genziger. Elle auraît du être le premier mouvement d'une sonate, un projet toutefois non abouti. Les variations reposent sur deux thèmes issus de son opéra „L'anima del filosofo" - l'âme du philosophe. Elles ne furent publiée qu’en 1799, chez Artaria à Vienne.
Les variations "[...] sont écrites dans une forme exclusive, inventée par Haydn, celle de la double variation sur deux thèmes antagonistes: l'un en mineur, expression de la nuit, de la mélancolie s’oppose à celui en majeur, enjoué qui rayonne de la lumière du jour. C'est peut-être à cause de cette innovation que Haydn a intitulé cette oeuvre une sonate, ce qui, avec une durée de quinze minutes, n'aurait rien eu d'exceptionnel. Une copie porte même le titre „Un piccolo divertimento“, mais là, c’est vraiment typiquement une litote: son continu est tout sauf celui d’un divertissement, c'est une oeuvre profondément bouleversante, où la voix consolatrice de la variation en majeur n’arrive pas à venir à bout de la sombre tristesse du thème en mineur.
Dans la coda, qui fut composée après coup, la douleur atteint un paroxysme, où virtuosité et moyens harmoniques précis comme la dixième diminuée (fa bémol — ré) expriment une furieuse révolte. Après un dernier éclat, l’oeuvre sombre dans la résignation et une profonde tristesse.
Dans les dernières oeuvres de Haydn, l'intensité de la virtuosité et un style personnel presque romantique semblent annoncer Beethoven. Il est tout à fait possible que Haydn se soit senti défié sur le plan artistique par l’esprit fougueux du jeune Beethoven qui, on le sait, fut son élève de 1792 à 1794. Alors pourquoi ne pas voir plutôt dans le climat tragique de la sonate op. 31, n° 2, La Tempête, l’ombre de Haydn? [...]" cité d'un texte de Paul Badura-Skoda, dans une traduction de Elisabeth Vilatte, publié à Vienne en décembre 2008.
Friedrich GULDA, un instantané pris par Barbara PFLAUM, date et lieu inconnus
Friedrich GULDA n'a jamais enregistré cette oeuvre pour le disque, mais nous en a heureusement laissé au moins deux enregistrements de concert, l'un de Schwetzingen (1959), l'autre de Berlin (1970).
Voici donc...
Joseph Haydn, Andante con variazioni en fa mineur, Hob XVII/6, Friedrich Gulda
3 juin 1959, Schloss Schwetzingen 14:33
10 novembre 1970, Siemens-Villa Berlin-Lankwitz 14:09
Provenance: Radiodiffusion, archives SWF resp. ARD
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Friedrich GULDA, un instantané pris par Barbara PFLAUM, date et lieu inconnus
3 juin 1959, Schloss Schwetzingen 14:33