Parmi les oeuvres originales de Liszt pour piano et orchestre, quatre sont bien connues: les Concertos en mi bémol et en la, la „Fantaisie sur des airs populaires hongrois“ (ou „Fantaisie hongroise", comme on l'appelle plus simplement) et la «Totentanz». S'y ajoutent trois oeuvres plus anciennes - une „Grande Fantaisie Symphonique“ sur des thèmes de Lélio de Berlioz, la „Malédiction“ et une «Fantasie über Motive aus Beethovens Ruinen von Athen».
La „Malédiction“... En 1827, Liszt, alors âgé de seize ans, joua à Londres un concerto que Moscheles décrivit par la suite comme étant d'une “beauté chaotique”. Malheureusement, toute trace commerciale de ce concerto semble avoir été perdue, mais, comme le souligne Humphrey Searle dans son ouvrage «The Music of Liszt», le musée Liszt de Weimar possède seize pages d'un concerto pour piano et cordes, datant manifestement de la première période de Liszt, qui contient pour le piano trois thèmes utilisés plus tard dans la „Malédiction“. Liszt décéda en 1886 et, bien que la „Malédiction“ n'ait été publiée que trente ans plus tard, son manuscrit, comme les pages du concerto de jeunesse, fut également découvert à Weimar. Il se peut donc qu'il y ait un lien entre le concerto de jeunesse et la „Malédiction“, un peu plus tardive, et que Liszt, avant de se lancer dans les grands concertos en mi bémol et en la majeur avec tout l'orchestre, se soit d'abord essayé, dans les années 1840, à une oeuvre avec accompagnement de cordes uniquement, en utilisant certains éléments du concerto de son enfance.
Franz Liszt n'avait pas donné de titre à l'oeuvre, bien que l'éclat de l'écriture pianistique suggère d'emblée un concerto. Cependant, lorsqu'il reçut le manuscrit du copiste, il inséra certaines phrases romantiques descriptives dans différentes sections de la partition. À partir du thème d'ouverture qui, comme le souligne Humphrey Searle, ressemble étrangement à „Orage“, le cinquième mouvement des „Années de pélerinage I (Première année: Suisse)“, il écrivit „Malédiction“. Le titre ne s'applique donc réellement qu'à ce thème d'ouverture, qui est relié par une courte cadence saisissante et moderne au second thème principal que Liszt a marqué "Orgueil" et qu'il devait réutiliser dans le finale de sa Symphonie Faust. Plus loin dans l'oeuvre, Liszt marqua un solo de violoncelle “pleurs - angoisses - rêves”, et un passage quelques mesures plus loin „raillerie“. Il aurait même envisagé d'inclure à un moment donné une transcription de la chanson de Schubert «Du bist die Ruh», mais il s'est ravisé et l'a supprimée. La „Malédiction“ est aujourd'hui rarement jouée, peut-être en raison de l'extrême inconfort pour les instrumentistes dans certains passages pour cordes - pourtant, il s'agit d'une remarquable succession d'esquisses d'états d'âme et elle présente une unité d'interprétation frappante, voire inattendue.
Ce disque consacré à Franz LISZT fut enregistré pour le label VOX le 18 décembre 1957 dans la Grande Salle du «Musikverein» de Vienne, avec le jeune Alfred BRENDEL au piano et l'Orchestre Symphonique de Vienne, le tout sous la direction du presque tout aussi jeune Michael GIELEN - qui avait fait ses débuts de chef d'orchestre à Vienne cinq ans auparavant, après avoir été «Chorrepetitor» à l'Opéra de Vienne de 1950 à 1951, tout en achevant ses études.
Au verso de ce disque:
Franz Liszt, Malédiction, S 121, Alfred Brendel, Orchestre Symphonique de Vienne, Michael Gielen, 18 décembre 1957, Grande Salle du «Musikverein» de Vienne
* Quasi moderato (Malediction) - Sostenuto - Molto agitato Calmato (Pleurs, angoisse) -
* Un poco più animato - Un poco agitato - Vivo (Raillerie) -Sempre più di fuoco -
* Energico nobilmente - Sempre moderato; a tempo rubato - Sostenuto- Recitativo. Patetico. Senza tempo- Andante lacrimoso-
* Animato con agitazione - Molto animato, quasi Presto - Stretto - Strepitoso
