La Sérénade Op.95 de Max Reger date de la fin de son époque munichoise (1901-1907): il commença de la composer pendant l'hiver 1905, mais ne la termina qu'en été 1906, suite à un problème de santé. C'était sa seconde oeuvre orchestrale après la «Sinfonietta, op. 90», qui avait été très critiquée. L'oeuvre est dédicacée à Felix Mottl.
Pour évoquer l'atmosphère du crépuscule dans sa Sérénade, Reger y superpose les cordes en deux groupes séparés dont l'un joue avec sourdines. Il renonce aux trombones et trompettes, pour n'employer que deux cors. "[...] Une vie intense déborde de cette composition; ce n'est plus la sérénade des grands seigneurs de jadis, mais une sérénade-peuple [...]" William Ritter.
Max Reger a décrit sa Sérénade comme étant "[...]ein höchst unschuldiges Ding, das alle Gemüter versöhnen wird… Wie Ihr schon aus der Partitur erseht, ist die Serenade Satz I und II ganz dünn, doch sehr raffiniert instrumentiert; es wird mir also kein Mensch bei diesem Werk den Vorwurf machen können, daß es zu gleichartig in den Klangfarben ist! Besonders bei den Hörnern habe ich ganz gehörig 'aufgehellt'! [...]"
Sur la première audition du 23 (25?)octobre 1906 à Cologne sous la direction de Fritz Steinbach, Otto Neitzel écrivit: "[...] Nie ist eine grössere Umkehr, eine entschiedenere Sinneswandlung zu beobachten gewesen als von der Sinfonietta zu dieser Serenade… Das Ganze entfaltet einen beträchtlichen Reiz des Klanges wie der Stimmung, und Reger gibt sich hier als ein ebenso grosser Könner wie poetischer Empfinder. Die Mittel, derer er sich bedient, sind verblüffend einfach: Streichorchester, zweifache Holzbläser, zwei Hörner, drei Pauken, Harfe. Aber das Streichorchester teilt er in zwei Orchester, von denen das eine fortwährend mit Dämpfern spielt. Die Serenade ist eine hübsche musikalische Abwandlung des urewigen Themas Flirt.[...]" citations de cette page du site repertoire-explorer.musikmph.de.
À peine 4 ans plus tard, c'est Hermann Scherchen qui en donna la première en Suisse Romande, le 1er février 1930 avec l'Orchestre de la Suisse Romande (9e concert d'abonnement, série A, donné au Grand-Théâtre). À en juger par le commentaire publié dans le Journal de Genève du 4 février 1930, en page 5, l'accueil fut assez mittigé:
"[...] La Sérénade de Max Reger débute d'une manière charmante avec une polyphonie vive et fraîche où les cordes divisées en deux orchestres sonnent agréablement. Cette impression se gâte par la suite. Reger a cultivé avec trop de constance ce qu'on peut appeler la petite fleur bleue: l'intérêt ne se renouvelle pas, car ce n'est pas un renouvellement que cette partie où les cordes gémissent indéfiniment, mais bien plutôt une aggravation du caractère sentimental de l'oeuvre, et le petit fugato qui vient ensuite, et les autres parties qui viennent encore n'élèvent pas le ton de cet ouvrage. Lorsqu'on arriva au bout, les auditeurs firent: «Ouf!» [...]" ce compte-rendu est signé A.P., soit probablement d'Albert Paychère.
La Suisse Romande n'était pas encore prête pour accepter le style des oeuvres de Max Reger...
Grande salle de concert de la Maison de la Radio de Cologne - Michael Gielen
L'enregistrement qui vous en est proposé sur cette page date du 1er mai 1966 (*), Michael GIELEN dirigeant l'Orchestre Symphonique de la Radio de Cologne - le «Kölner Rundfunk-Sinfonie-Orchester», une des premières prises de son stéréo de la radio de Cologne.
(*) ou fut fait auparavant et diffusé le 1er mai. Il s'agissait d'une petite série de 4 émissions diffusées sur le 3e programme de la WDR, consacrées à des oeuvres de Max Reger: 24 avril, op. 108 et 136, Heinz Bongartz; 1er mai, Op. 95, Michael Gielen; 8 mai, Op. 101, Wilhelm Schüchter; 15 mai, Op. 132, Joseph Keilberth.
Voici donc...
Max Reger, Sérénade en sol majeur, op. 95 für Orchester, Koelner Rundfunk-Sinfonie-Orchester (heute: WDR Sinfonieorchester Koeln), Michael Gielen, 1er mai 1966