Franz SCHUBERT
Grande fantaisie «Wanderer» op. 15, D 760 arrangée pour piano et orchestre par Franz LIST, S 366
Alfred BRENDEL
Orchestre de l'Opéra Populaire de Vienne
Michael GIELEN
8 avril 1959
La «Wanderer-Fantasie» de Franz Schubert est le nom populaire de l'opus 15 (D 760) écrit en novembre 1822. Il s'agit d'une fantaisie pour piano solo en quatre mouvements, qui sont en partie eux-mêmes de forme sonate classique et qui semblent également former une sonate dans leur agencement - ce qui apparaît clairement dans l'ordre typique «Schnell-Langsam-Scherzo-Schnell». D'autre part, il existe un lien étroit entre les différentes parties, de sorte que la fantaisie peut aussi être considérée comme étant un grand processus conduisant à une sonate formée d'un seul mouvement. En conséquence, la première partie serait l'exposition, la seconde un développement libre, la troisième une réexposition (bien que très variée) et la quatrième constituerait la coda virtuose. L'ensemble de l'oeuvre repose sur un motif unique, qui se trouve dans sa forme pure dans la mélodie du deuxième mouvement, citée par Schubert de l'un de ses propres Lieder, «Der Wanderer» (1816). Le compositeur n'a toutefois nommé son oeuvre que „Fantaisie pour le pianoforte", la mention «Wanderer» - randonneur ou voyageur fut rajoutée à la fin du XIXe siècle, elle est donc apocryphe.
"[...] L’épithète «symphonique» réapparaît à nouveau dans „Franz Schubert: Grosse Fantasie opus 15 symphonisch bearbeitet für Piano und Orchester“, le «Wanderer», la fantaisie bien-aimée de Liszt dans sa transcription qui fut longtemps extrêmement populaire et qui, franchement, se joue bien plus aisément que l’original de Schubert. À part la petite cadence qui sert de transition à la section en mi bémol du premier mouvement, Liszt se conforme scrupuleusement à l’oeuvre de Schubert, se permettant très peu en terme d’embellissements et succombant encore moins à la tentation facile d’y ajouter des contre-thèmes (cette version ne doit pas être confondue avec le morceau adapté par Liszt plus tard pour un seul piano, S 565a - Volume 49 - bien que comparable à sa réduction publiée pour deux pianos, S 653).
Dans la première section, Franz Liszt donne la parole à l’orchestre en premier et le piano n’intervient qu’avec le second énoncé posé du thème principal. Liszt puise divers fragments de mélodie dans l’orchestre - souvent sous forme de solos de bois - et offre plusieurs accords répétés par Schubert à l’orchestre. Le piano est chargé d’amorcer le mouvement lent, l’orchestre intervenant lorsque le trémolo à main gauche de Schubert est repris par les deux mains du pianiste, cependant que la thématique de l’oeuvre est exposée sous forme de dialogue entre les vents et les cordes.
Dans la variation en filigrane à main droite, Liszt rétablit le thème de Schubert par l’intermédiaire des instruments à vent et de la main gauche, alors que l’original de Schubert se contente d’y faire allusion puis invite l’ensemble de l’orchestre à participer au crescendo retentissant de Schubert. Liszt se sert d’échanges de phrases entre le piano et l’orchestre comme de point de départ pour le scherzo et l’exposition fuguée du finale est laissée au piano, l’orchestre intervenant petit à petit dans un crescendo parfaitement calculé.
Les exigences extrêmes de Schubert sont modifiées d’un bout à l’autre du morceau: les octaves de la fin du premier mouvement, les bonds vertigineux des arpèges à main droite à la fin du scherzo et la dernière page d’arpèges à deux mains, véritable source de désastres de bien des concerts, sont totalement évités, ces dernières étant remplacées par des accords plus solides du piano et par la fanfare des cors et des trompettes. [...]" cité des notes de Leslie HOWARD - traduction de Jean-Pierre LICHTLE - publiées en 1998 dans le livret du double CD Hyperion CDA67403/4
Les quatre mouvements de la Fantaisie s'enchaînent par des points d'orgue.
Ce disque consacré à la «Wanderer-Fantasie» de Franz SCHUBERT fut enregistré pour le label VOX le 8 avril 1959 dans la Grande Salle du «Musikverein» de Vienne, avec le jeune Alfred BRENDEL au piano et l'Orchestre de l'Opéra populaire de Vienne, le tout sous la direction du presque tout aussi jeune Michael GIELEN - qui avait fait ses débuts de chef d'orchestre à Vienne cinq ans auparavant, après avoir été «Chorrepetitor» à l'Opéra de Vienne de 1950 à 1951, tout en achevant ses études.
Au verso de ce disque:
Franz Schubert, Grande fantaisie «Wanderer» en do majeur op. 15, D 760, arrangée pour piano et orchestre par Franz List, S 366, Alfred Brendel, Orchestre de l'Opéra Populaire de Vienne, Michael Gielen, 8 avril 1959
1. Allegro con fuoco ma non troppo (-> 06:21:500)
2. Adagio (-> 13:50:500)
3. Presto (-> 18:41:500)
4. Allegro (-> 22:08)