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Maurice GENDRON et Pablo CASALS, un portrait de AUBERT et WIEZNIAK fait pour Philips
Robert Schumann, litographie d'Eduard Kaiser. Éditeur: F. Paterno (Wien), 1840. Droits: domaine public. Identifiant: ark:/12148/btv1b8424857d, Source: Bibliothèque nationale de France, Cliquer sur la photo pour voir l'original et ses références

Robert SCHUMANN
Concerto pour violoncelle en la mineur, Op. 129
Maurice GENDRON
Orchestre National de la Radiodiffusion Française
André CLUYTENS
3 avril 1953, studios Radio France

Une courte présentation de HENRY-JACQUES citée de l'album Philips L 02.243 L:

"[...] La littérature concertante du violoncelle est loin d'avoir la même richesse que celle dont le violon se fait honneur. Boccherini et Joseph Haydn furent sans doute les premiers à écrire des concertos pour le royal instrument. À celui-ci Beethoven ne consacra guère que ses radieuses sonates. Quant à Mozart, s'il en use avec sa génialité coutumière en sa musique de chambre - dans les trois Quatuors dits du „Roi de Prusse“, le violoncelle a un rôle de premier plan - il ne l'a jamais traité en particulier. Si nous exceptons Jean-Louis Duport (1749-1819), illustre virtuose et qui, naturellement, ne manqua point d'en composer à son propre usage, il faut attendre 1850 pour retrouver le violoncelle en oeuvre concertante, celui de Robert Schumann. Ensuite, à travers le temps et jusqu'à nous, les citations ne seront pas nombreuses. À part David Popper (1843-1913), autre virtuose et travaillant aussi pour ses concerts, il y aura Dvorak, Saint-Saëns, Lalo, et le mot etc. n'est ici que pour prévenir une omission, encore que nous ne voulons pas oublier Prokofiev et Khatchatourian, ni même, revenant sur nos pas, Brahms à cause du „Double“.

Cette quasi-rareté, nous ne chercherons pas à l'expliquer. Il est probable que lorsque Schumann écrivit le sien, ce n'était point simplement pour le plaisir de renouer avec une tradition chichement honorée, mais pour faire chanter un instrument qu'il aimait particulièrement. Toutefois, il est probable également que l'occasion lui en fut donnée, aussitôt son arrivée à Düsseldorf, en 1850, où il devait assumer la direction des Concerts temporels et spirituels, soit par l'un des violoncellistes de l'orchestre, soit, plus vraisemblablement, par quelque virtuose de passage sachant le goût schumannien. Mais il est étrange, étant donné la personnalité du musicien et l'importance de l'oeuvre, qu'on ne sache rien de précis sur les circonstances d'un tel évènement et qu'on ne sait même pas le nom de l'exécutant qui la créa. À cette époque, Schumann relevait d'une grave dépression nerveuse, celle qui trois années plus tard devait le faire s'effondrer définitivement. Mais le séjour à Düsseldorf, la sympathie et l'admiration qu'on lui témoignait le consolaient de ses misères physiques. Au cours de cette trêve son génie se ralluma dans un brasier d'imagination, de tendresse et de passion, d'inquiétude aussi. Certains signes en apparaissent dans les oeuvres écrites en cette période de suprême répit, notamment dans le Concerto pour violoncelle.

Dans les Souvenirs de Clara Schumann, on lit que, même en ces temps de relative tranquillité, la maladie revenait parfois le tourmenter: „L'état de Robert empirait. Il atteignait le paroxysme nerveux. Il criait de douleur. Le médecin lui avait ordonné un repos complet. Ce jour-là, cependant, il se leva pour apporter des corrections à son Concerto de violoncelle, pensant sans doute se délivrer de son cauchemar et des voix qui, sans répit, le poursuivaient...“.

En la mineur, tel que l'illustre Concerto pour piano, l'oeuvre est faite de trois mouvements enchaînés. Le soliste, aussitôt la brève entrée orchestrale, expose un thème pathétique et angoissé qui reviendra sans cesse, intégral ou fragmenté, brisé, au cours d'un dialogue symphonique qui va se poursuivre à travers les trois mouvements, l'orchestre où l'on pourrait entendre la voix de la raison ou de la conscience s'opposant aux effusions émotives du soliste.

Rien n’est plus significatif, à la fin du mouvement lent, que le retour du thème initial, déchiré, dirait-on, entre les deux forces adverses, et qui amène la transition avec le finale. Très animé. Et quand celui-ci passe, avec une sombre ardeur, les hésitations et les rêveries des deux premières parties sont à tout jamais emportées. Cette fois l'orchestre est au premier plan, voix impérieuse, prépondérante, ne laissant au soliste qu'un chant de tristesse et d'acceptation. Est-ce, comme on l'a cru, le signe que Schumann n'a plus devant lui qu'un douloureux présent auquel il doit faire face; est-ce aussi, d'un homme blessé, l'inconsciente prémonition de nouvelles blessures, puis de la chute, puis de la mort? Le drame est ici dans l'effort de la volonté qui ne veut ni céder, ni déchoir, sachant pourtant que plus forte sera la fatalité. Un drame plus à la mesure de Beethoven dont Schumann ne peut avoir la surhumanité, trop romantique ou vulnérable, et menacé enfin dans ses plus secrètes profondeurs. En écoutant les pulsations violentes et irrégulières de ce finale, on a l'étrange impression d'ausculter le coeur d'un homme cherchant, dans une douteuse confiance, à défendre le sang créateur de son génie et de son être, malgré d'obscurs pressentiments.
[...]"

Voici donc...

Robert Schumann, Concerto pour violoncelle en la mineur, Op. 129, Maurice Gendron, Orchestre National de la Radiodiffusion Française, André Cluytens, 3 avril 1953, studios Radio France

   1. Nicht zu schnell (Allegro)       -> 10:31:510
   2. Langsam (Adagio)                 -> 14:45:630
   3. Sehr lebhaft (Vivace)            -> 22:02

Provenance: Radiodiffusion

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Nicht zu schnell (Allegro) - Langsam (Adagio) - Sehr lebhaft (Vivace)

Maurice GENDRON et Pablo CASALS, un portrait de AUBERT et WIEZNIAK fait pour Philips
Maurice GENDRON et Pablo CASALS
un portrait de AUBERT et WIEZNIAK fait pour Philips