Le „Grand Quintetto“ pour clarinette et quatuor à cordes en si bémol majeur, op. 34, de Carl Maria von Weber fut composé pendant la “période Werther” de Weber, entre 1811 et 1815, lorsque le jeune pianiste virtuose voyageait à travers la Suisse, lorsqu'il mettait à l'épreuve son tempérament fougueux en tant que directeur d'opéra à Prague, lorsqu'il expérimentait avec la forme et lorsqu'il écrivait des compositions de bravoure pleines de vitalité et de verve romantiques. L'un des amis de Weber, le clarinettiste virtuose Heinrich Joseph Bärmann de Berlin, membre de l'Orchestre royal de Munich, influença Weber dans l'écriture de ses concertos et de sa musique de chambre pour clarinette. Bärmann, pour lequel Mendelssohn et Spohr avaient également écrit des compositions, était considéré comme le plus grand virtuose allemand de la clarinette du début du XIXe siècle. Weber l'accompagna lors de plusieurs tournées de concerts.
Dans le „Grand Quintetto“, la clarinette devient l'instrument de la poésie sentimentale romantique; les cadences, les roulades chromatiques et les embellissements virtuoses de la partie de clarinette ont très probablement été suggérés par Bärmann, qui jouait déjà sur la “nouvelle” clarinette, à 1O clefs au lieu de l'ancienne clarinette à 5 clefs. Les possibilités nouvelles - se conjuguant avec la virtuosité - eurent pour effet un ton plus beau, plus grand et plus nuancé. (en majeure partie traduit des notes de Karl SCHUMANN et Joseph ZERGA publiées au verso de la pochette du disque MACE SM 9028)
"[...] Le premier mouvement (Allegro) suit le modèle de forme traditionnel: se ralliant à l'introduction des instruments à cordes, l'ensemble complet fait effet de “tutti” avec la clarinette, étant donné que l'instrument à vent se fait entendre comme instrument solo évoquant presque un concerto. Son thème gai et joyeux est ombragé en guise d'avertissement par des accords mineurs, et les arrêts brusques ont une teneur dramatique. Le second thème est introduit par le dialogue du violoncelle et de la clarinette, puis la clarinette continue la mélodie sentimentale au dessus d'un ton soutenu. Le troisieme thème est mouvementé et débouche dans des passages pleins de virtuosité. À la fin de l'exposition, le violoncelle fait ses adieux avec le thème initial de la clarinette. À la réapparition du thème, les répliques du violoncelle et de la clarinette s'inversent, et après le matériel musical déjà connu, le retour de la partie initiale encadre le mouvement. [...]"
Dans le second mouvement en sol mineur "[...] la Fantaisie (Adagio ma non troppo) a bien mérité son titre: comme si nous entendions un chant unique d'envergure. L'instrument à vent joue le premier rôle jusqu'à la fin, les instruments à cordes n'obtiennent un matériel thématique notable que vers la fin du mouvement, évoquant la première mélodie de la clarinette. Le mouvement se termine après un passage répété ayant un caractère de cadence avec un adieu subit et doux. [...]"
Le troisième mouvement "[...] est un „Menuetto. Capriccio Presto“, dans sa partie principale les “tours de main” du compositeur réapparaissent: les “saccades” subites, où il continue sans aucune modulation tout d'un coup sur un demi ton (une seconde mineure) plus haut, faisant glisser en bloc le motif répété. Dans la partie du milieu (Trio, mi bémol majeur), la mélodie de la clarinette répond avec accompagnement à la question du violon, puis à la question des deux violons, il donne une formulation plus efficace à la suite destinée à l'ensemble. C'est peut-être ici que l'ordre de succession des tours de phrase chromatiques est le plus abondant.
Dans le mouvement final (Rondo) il exhibe ses connaissances d'orchestration: c'est ici que la structure est la plus diverse, c'est ici que nous entendons les structures les plus variées, en dehors de tous les éléments qui sont déjà connus par les mouvements antérieurs. L'oeuvre se termine par une intonation de danse de fées. [...]" cité des notes de Katalin Fittle publiées en 1991 dans le livret du CD Hungaroton SLPO 31463.
Carl Maria von Weber, Quintette pour clarinette en si bémol majeur, op. 34, Heinrich GEUSER, clarinette, Quatuor DROLC, 19 au 22 décembre 1962