Ludwig van BEETHOVEN
Concerto pour piano en sol majeur No 4, op. 58
Clara HASKIL
Orchestre National de la RadioDiffusion française
André CLUYTENS
8 décembre 1955, Théâtre des Champs-Elysées
Les premières esquisses de ce concerto remontent à février 1804, Ludwig van Beethoven en termina la composition en 1806 - année des Quatuors Razoumovsky, du Concerto pour violon, de la Quatrième Symphonie et de l'«Appassionata». Il dédia ce concerto à l'archiduc Rodolphe d'Autriche, son élève, dédicataire également de son cinquième concerto.
La première audition fut donnée en 1807, en privé au palace du Prince Lobkowitz, puis en public le 22 décembre 1808 au «Theater an der Wien», avec au programme, outre cette pièce, les premières auditions de sa cinquième et de sa sixième symphonie, ainsi que de sa fantaisie chorale. Le soliste en était le compositeur lui-même.
Ce concerto comporte deux cadences, une vers la fin du premier mouvement, et l'autre vers la fin du dernier mouvement. Beethoven composa ses propres cadences, de nombreux compositeurs ou interprètes écrivèrent les leurs, dont par exemple Eugen d'Albert, Hans von Bülow, Ferruccio Busoni, Samuil Feinberg, Leopold Godowsky, Nikolai Medtner, Ignaz Moscheles, Anton Rubinstein, Camille Saint-Saëns, Clara Schumann.
Une courte description citée d'un texte de François LILIENFELD publié dans ce programme d'un concert de l'Orchestre de Chambre de Lausanne (OCL) à la Chaux-de-Fonds (5 février 2016):
"[...] Après la mélancolie du Troisième et avant le majestueux Cinquième concerto, l'opus 58 est plutôt lumineux, à part le mouvement lent. L'Allegro moderato initial commence par une surprise: cinq mesures du piano seul, avant le tutti orchestral (Mozart avait déjà utilisé ce genre de début, dans le Concerto KV 271, avec toutefois une mesure orchestrale en alternance avec le soliste. Et Beethoven allait commencer son Cinquième Concerto avec une immense cadence du piano, ponctuée seulement par des accords du tutti). À l'instar de tout le mouvement, le thème principal est empli de tendresse, de lyrisme. La troisième mesure surprend par une brève excursion en la mineur. Comme souvent chez Beethoven, le soliste présente un nouveau thème après l'introduction orchestrale.
Le mouvement lent est un morceau unique en son genre: un dialogue entre le piano et les cordes, deux partenaires qui ne jouent jamais ensemble - sauf pour les quatre dernières mesures - mais se confrontent. L'orchestre (sans les vents) est menaçant, le soliste, angoissé, répond par des complaintes, un appel à la pitié. Il n'est pas étonnant que Liszt ait entendu dans ce conflit les implorations d'Orphée face aux forces des ténèbres. Dans l'édition originale, Beethoven note, en tête de ce mouvement: «Dan (sic) tout cet Andante on tient levée la Pédale, qui ne fait sonner qu'une corde. Au signe Ped, on lève outre cela les étouffoirs». Ce n'est que dans la brève cadence finale que le compositeur déroge à cette règle.
Le Rondo final est une sorte de marche joyeuse, avec cette fois un dialogue heureux entre le piano et l'orchestre au complet. Il est intéressant de noter que Beethoven avait d'abord prévu un troisième mouvement basé sur une mélodie beaucoup moins exubérante, mélodie qu'il a finalement reprise dans l'introduction du choeur des prisonniers de «Fidelio». [...]"
On connaît 6 enregistrements de cette oeuvre avec Clara HASKIL en soliste:
➣
Decca 78 tours, 1 et 2 juillet 1947, Londres
London Philharmonic Orchestra, Carlo Zecchi
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Concert du 25 ou du 26 octobre 1952, Vienne
Orchestre Symphonique de Vienne, Herbert von Karajan
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Concert du 24 novembre 1954, Hochschule für Musik, Berlin
RIAS, Dean Dixon
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Concert du 8 décembre 1955, Théâtre des Champs-Elysées, Paris
Orchestre National de la RadioDiffusion Française, André Cluytens
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Concert du 25 janvier 1959, Zurich
Orchestre Radio-Beromunster, Erich Schmid
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Concert du 22 avril 1960, Turin
Orchestre de la RAI de Turin, Mario Rossi
L'interprétation de Clara HASKIL proposée sur cette page provient du concert donné le 8 décembre 1955 à Paris, Théâtre des Champs-Elysées, André CLUYTENS dirigeant l'Orchestre National de la RadioDiffusion Française: