La première version de ce qui deviendra le Quintette avec piano en fa mineur, Op. 34, fut achevée en 1862, pour un quatuor à cordes avec un violoncelle supplémentaire - en hommage au grand quintette à cordes en do majeur de Schubert. Elle fut toutefois peu après détruite par le compositeur, ne satisfaisant complètement ni Johannes Brahms, ni ses amis Clara Schumann et Joseph Joachim: Brahms transcrivit alors la pièce sous forme d’une sonate pour deux pianos (Op. 34b) que le compositeur fit entendre à Vienne le 17 avril 1864, avec le concours de Carl Tausig. Sans succès. C'est pourquoi elle fut remaniée peu après pour prendre la forme définitive du remarquable quintette pour piano et cordes tel que nous le connaissons aujourd'hui, publié en décembre 1865 chez Rieter-Biedermann.
C'est à cause de cette histoire complexe de sa genèse que l'oeuvre a un caractère assez particulier: «On n’a pas l’impression d’avoir à faire à un quintette pour piano normal, mais plutôt à la transcription d’autre chose. On sent à presque toutes les coutures que Brahms, en quelque sorte, n’a pas trouvé le costume qui convenait pour habiller ses idées abstraites» (Krzysztof Chorzelski)
"[...] La première audition privée de l’oeuvre fut donnée à Baden-Baden devant la princesse Anna de Hesse, la dédicataire: le succès fut considérable.
Les quatre mouvements:
- Allegro non troppo à 4/4, forme sonate construit sur trois thèmes
- Andante, un poco adagio (en la bémol majeur, à 3/4) contrastant avec le premier mouvement, qui nous fait pénétrer dans l’univers clair-obscur et peuplé de rêves du musicien du Nord
- Scherzo allegro (en ut mineur, à 6/8 ) avec son climat aussi nordique et construit dans la forme tripartite, avec trio central: il évolue du mineur au majeur et juxtapose des rythmes 6/8 et 2/4, on compte dans ce mouvement trois thèmes avec un caractère de ballade
- le Finale qui s'articule en trois parties, avec abondance thématique, mais pas de tempo dominant: poco sostenuto, allegro non troppo (2/4) et presto non troppo (6/8 ). [...]" (cité d'un texte de Pascal Etter)
Ce quintette fut enregistré en 1950, pour le label Concert Hall. Clara HASKIL l'avait joué le 6 décembre de l'année précédente, lors d'un concert donné à Glarus avec le Quatuor à cordes de Winterthur (Peter Rybar et Clemens Dahinden, 1er resp. 2e violon, Heinz Wigand, alto, et Antonio Tusa, violoncelle). Les 23 et 24 septembre 1950, Clara Haskil était à Zurich pour enregistrer les concertos KV 459 et KV 466 avec l'Orchestre Symphonique de Winterthur sous la direction de Henry Swoboda, pour le label Westminster (d'après l'ouvrage „Clara Haskil“ de Jérôme Spycket publié en 1975 - resp. 1992 pour l'édition de poche chez Payot, en page 173 resp. 186) - ainsi que très probablement (n'est pas mentionné dans l'ouvrage de Jérôme Spycket) ce quintette de Brahms.
Johannes Brahms, Quintette avec piano en fa mineur, Op. 34, Clara Haskil, Quatuor à cordes de Winterthur, 1950
1. Allegro non troppo 11:12 (-> 11:12)
2. Andante, un poco adagio 07:56 (-> 19:08)
3. Scherzo. Allegro - Trio 07:18 (-> 26:26)
4. Finale. Poco sostenuto — Allegro non troppo 09:40 (-> 36:06)