Paul HINDEMITH
Hérodiade, „récitation orchestrale“
d'après un texte de Stéphane Mallarmé (1944)
Orchestre Symphonique de Vienne
Herbert HAEFNER
En 1944, la danseuse et chorégraphe américaine Martha Graham proposa à Paul Hindemith de composer une musique de ballet sur le thème d'une figure féminine mythologique. Au lieu du mythe de Médée souhaité par Martha Graham, Hindemith choisit d'utiliser celui d'Hérodiade, qui incita sa fille Salomé à souhaiter l'exécution de Jean-Baptiste par son beau-père Hérode. L'histoire biblique constitue la base du fragment de poème homonyme, au contenu énigmatique, à la langue extrêmement complexe et riche en associations, sur lequel le poête Stéphane Mallarmé (1842-1898) travailla depuis 1864 jusqu'à son décès.
Un très court résumé de l'intrigue: tôt le matin, la nourrice d'Hérodiade regarde par la fenêtre ouverte de la tour isolée où vit la princesse et la prépare à son mariage. Les impressions de la nature font tourner les pensées de la nourrice autour de l'humeur morbide de sa maîtresse, qui menace de désespérer de la vacuité et de l'inutilité de toute action humaine. Lorsque Hérodiade apparaît, la nourrice l'accueille avec joie, mais Hérodiade reste prisonnière de son monde de pensées sombres. Elle demande à la nourrice de lui laver les cheveux avec de l'eau parfumée et de les attacher, mais refuse ensuite avec horreur ce rapprochement physique. Dans ses visions, Hérodiade rêve certes d'un homme qu'elle veut épouser un jour, mais en même temps, elle refuse d'abord l'idée de se donner et préfère sa solitude; ce n'est qu'à la fin qu'elle réalise à quel point elle était prisonnière de son monde.
Avec ce ballet, Paul Hindemith entreprit la tentative de ''fondre les mots, l'idée poétique, l'expression lyrique et la musique en un tout homogène, mais en renonçant complètement au moyen d'expression qui se présenterait le plus naturellement à une telle forme mixte, à savoir le chant''. Les lignes mélodiques prenant le relais de la déclamation des vers, il en résulte une ''récitation orchestrale''. Hindemith divisa le poème de Mallarmé en onze sections de longueurs différentes, qui se distinguent les unes des autres par le tempo, le mètre et la tonalité. Dans l'orchestre de chambre composé de vents et de cordes solistes ainsi que d'un piano, les instruments à cordes sont associés à la nourrice, tandis que l'impulsivité d'Hérodiade est mise en évidence par des passages solistes ou par la cohabitation de tous les instruments impliqués. Le compositeur a porté un regard critique sur la pratique déjà en vigueur du vivant de Hindemith, qui consistait à déclamer le poème en synchronisation avec la musique, afin de rendre audibles les liens immédiats entre le poème et sa transposition musicale, tout comme sur la chorégraphie abstraite conçue par Martha Graham pour la création.
Source: cette page du site hindemith.info.
L'oeuvre fut donnée en première audition le 30 octobre 1944 à Washington, D.C., sous la direction de Louis Horst, avec les danceuses Martha Graham et May O’Donnell.
Recto de la pochette du disque VOX PL 7460, un graphisme de
Herschel LEVIT
L'interprétation qui vous en est proposée ici fut publiée en 1952 au verso de ce disque VOX PL 7460, Herbert HAEFNER dirigeant l'Orchestre Symphonique de Vienne. Je n'ai pas encore pu trouver de précisions sur la date d'enregistrement.
Cité des notes de Peggy GLANVILLE-HICKS publiées au verso de la pochette de ce disque:
Comme pour toutes les oeuvres de Paul HINDEMITH, je ne peux - pour le moment - vous proposer cet enregistrement qu'en écoute - par l'intermédiaire d'un iframe embarqué du splendide site archive.org, plus exactement de cette page - ses oeuvres ne tombant dans le domaine publique qu'en 2034. L'enregistrement n'est donc pas encore restauré, grésille un peu, mais est autrement en bon état.
Paul Hindemith, Hérodiade, „récitation orchestrale“, d'après un texte de Stéphane Mallarmé (1944), Orchestre Symphonique de Vienne, Herbert Haefner
- Prélude. Lent
- Modérément animé
- Modéré
- Modérément animé
- Vif
- Modérément animé
- Soutenu
- Agité
- Vif et passioné
- Grave
- Lent
Provenance: Radiodiffusion, cette page du site archive.org
L'enregistrement peut être téléchargé sur la page référenciée ci-dessus.
Verso de la pochette du disque VOX PL 7460, notes de
Peggy GLANVILLE-HICKS