Arthur HONEGGER
Concertino pour piano et orchestre, H 55
Yvonne LORIOD
Orchestre de la Radio de Beromunster
Jean-Marie AUBERSON
17 novembre 1962, Studio de la radio à Zurich
Arthur HONEGGER commença de composer son Concertino pour piano et orchestre en septembre 1924, il fut achevé le 17 novembre suivant, dédicacé «À Andrée Vaurabourg». Sa première audition fut donnée le 23 mai 1925 à l’Opéra de Paris, avec la dédicataire en soliste, l'orchestre étant dirigé par Serge Koussevitzky. L'oeuvre est "[...] l’un des joyaux les plus rares jaillis de sa plume, tandis que le charme irrésistible du Concertino pour piano demeure un témoin, d’une délicieuse fraîcheur, de ces «années folles» qui virent s’ébattre les «Six» dans toute leur radieuse jeunesse.
C’est peut-être la plus «Six» des oeuvres d’Honegger, à la fois néo-classique et pimentée de jazz (surtout le Finale), tandis que le bref Larghetto semble un véritable hommage à Poulenc. Mais l’oeuvre est aussi très proche de ce que Bohuslav Martinu écrira entre 1925 et 1930. Les trois mouvements s’enchaînent.
1. Allegro Molto Moderato
Tout est symétrique dans cette simple forme ternaire en mi majeur. Le premier volet est un strict dialogue: une mesure d’orchestre en syncopes, une mesure de piano, thème naïf et diatonique à la manière d’un chant populaire. Ce n’est que dans la partie centrale (mes. 21-62) que les deux partenaires jouent ensemble. Une reprise du début, suivie d’une codetta en decrescendo mène au mouvement suivant.
2. Larghetto Sostenuto
Brève arietta en sol mineur, avec son inflexion charmeuse si «Poulenc» vers sol bémol majeur, le piano déroulant sagement sa cantilène sur de placides basses d’Alberti, environné de petits motifs pastoraux des bois annonçant les arabesques d’oiseaux du Larghetto de la Quatrième Symphonie.
3. Allegro
Soudain démarre une scansion sèche des cordes graves col legno, suivie d’une descente chromatique en triolets de la clarinette: prémonition si exacte de l'Allegro du Concerto pour la main gauche de Ravel qu’il est tout simplement impossible qu’il n’y ait pas cherché son modèle. C’est l’introduction du plus développé des trois mouvements, en sol majeur, de forme binaire A-B-A’-B’, tout imprégné d’un jazz 1924 délicieusement désuet, avec sa trompette sourdine, son thème de piano modal langoureusement syncopé avec blue note (la Rhapsody in blue venait de franchir l’océan), assisté d’un motif de trombone «un peu vibré», et sa deuxième idée à la basse dessinant un quasi-boogie. La coda installe même une véritable walking bass, sur laquelle les thèmes se désintègrent et disparaissent graduellement, procédé qui ici n’a évidemment rien de tragique comme à la fin de la Symphonie «Di Tre Re». Un accord fortissimo à contretemps met le point d’exclamation final à cette oeuvre petite, sans doute, et d’ambition modeste quant à la virtuosité, mais absolument parfaite, l’une des rares de ce style qui n’ait pas pris une ride.[...]" cité de l'ouvrage de Harry HALBREICH „Arthur Honegger - Un musicien dans la cité des hommes“, Fayard 1992, pages 415 à 417
L'enregistrement du Concertino pour piano et orchestre, H 55, d'Arthur HONEGGER proposé en écoute sur cette page provient d'un concert diffusé le 17 novembre 1962 sur l'émetteur de Beromunster, une prise de son de la Radio de la Suisse de langue allemande faite dans son studio de Zurich, avec Yvonne LORIOD en soliste, l'Orchestre de la Radio de Beromunster étant dirigé par Jean-Marie AUBERSON. Pour le moment je ne peux vous le proposer qu'en écoute par l'intermédiaire d'un iframe embarqué du site neo.mx3.ch, les oeuvres d'Arthur Honegger ne tombant dans le domaine publique qu'en 2026.
1. Allegro Molto Moderato
2. Larghetto Sostenuto
3. Allegro
C'est grâce à la splendide collection du site neo.mx3.ch - plus particulièrement de cette page - que nous pouvons écouter cet enregistrement:
Provenance: Radiodiffusion, cette page du site neo.mx3.ch