Wolfgang Amadeus MOZART
Concerto pour piano No 24, KV 491
Clara HASKIL
Orchestre National de la RadioDiffusion française
André CLUYTENS
8 décembre 1955, Théâtre des Champs-Elysées
Mozart commença de composer ce concerto à Vienne durant l'hiver 1785-1786. La première audition fut probablement donnée le 7 avril 1786 au Burgtheater de Vienne, quelques deux semaines après que Mozart en eut terminé la composition: ce fut la dernière grande apparition publique du compositeur en tant que soliste. Le manuscrit du concerto est conservé au Royal College of Music (South Kensington, London, England) - voir cette page pour une description de ce manuscrit.
Ce concerto est une des oeuvres les plus importantes de Mozart, d'un style précurseur des grands concertos romantiques de Beethoven et Brahms. Pour une courte description quelques citations extraites des excellentes notes rédigées par Angela Hewitt en 2004 pour Hyperion:
"[...] En quoi cette oeuvre est-elle si différente des autres concertos pour piano mozartiens? D’abord, l’orchestre est imposant (c’est le seul concerto pour piano de Mozart avec et hautbois et clarinettes). Pour l’écrire, Mozart utilisa un type de papier rare, réglé à seize portées. [...] On y lit partout la nervosité que Mozart dut ressentir en le rédigeant: il n’est pas soigné comme à l’ordinaire et renferme tout, des premières esquisses aux dernières révisions, avec quantité de biffures et même de drôles de petits autoportraits qui guident vers les passages mal placés. Mozart nota la partie solo (parfois seulement en abrégé) après la pause et, à court de place, dut se rabattre sur les portées des trompettes et des timbales. [...]
Le thème d’ouverture du premier mouvement utilise les douze tons de la gamme. Le signe de la mesure à 3/4 est rare (on le retrouve dans K449, mais l’impression ne saurait être plus différente). Le rythme de la chaconne est, pour rejoindre Paul Badura-Skoda, prégnant. (Il doit exister un lien entre ut mineur et l’écriture à l’unisson. Car c’est à l’unisson que ce concerto démarre, comme la Sonate pour piano en ut mineur, K457, et la Fantaisie et ut mineur, K475, sans oublier le Concerto pour piano No 3 et le dernier mouvement de la Sonata pour piano, op. 10 No 1, de Beethoven.) Dans K491, les contours de la mélodie inaugurale nous plongent dans le désespoir. Tous les thèmes du premier mouvement sont, d’une manière ou d’une autre, affiliés à ce matériau liminaire. Aucun n’y échappe. Chose intéressante, pourtant, le piano n’énonce jamais ouvertement ce thème principal, mais entre avec sa propre lamentation (recourant, là encore, à de larges sauts). Le passage (ne serait-ce que dans la remarquable coda) n’est que tourbillon, signe de désespoir.
Mozart commença le deuxième mouvement mais il n’en avait pas écrit trois mesures qu’il se ravisa. Il est intéressant de regarder son premier jet - une mélodie plus enjolivée que la version finale. Il n’y a nulle part où se cacher dans cette mélodie d’une simplicité radicale, exposée au piano puis reprise, tel un choeur, par l’orchestre. Quand le piano poursuit son chant, escorté par l’orchestre, une immense émotion est tapie derrière les notes en apparence simples. Le mouvement est de forme rondo et les épisodes - le premier en ut mineur, le second en la bémol majeur - sont confiés aux vents avant d’être embellis par le piano et les cordes. Une splendide coda clôt le mouvement.
Un autre rondo étant exclu, Mozart se tourna, pour le finale, vers la forme variation. Sans les notes d’agrément des sixième et septième mesures, la musique pourrait facilement verser dans une totale noirceur. La plupart des gens y voient une marche. Pour moi, elle part davantage comme une danse sinistre, avec son signe de la mesure alla breve. Il reste quelque chose de baroque dans l’inspiration mozartienne.
Les deux premières variations s’animent toujours plus, avec de tourbillonnantes figures pianistiques. Celles-ci sont au premier plan dans la troisième variation (dans le caractère d’une marche, de fait), où les seconds violons ont leur moment. Dans la quatrième variation, avec le passage au la bémol majeur, le climat change du tout au tout. Cette partie m’a toujours fait l’impression de musiciens de rue surgissant dans le décor, défilant à la fenêtre, dans la plus parfaite ignorance de tout sentiment tragique.
La cinquième variation est stupéfiante: au piano, un merveilleux contrepoint; puis les gammes à la main gauche, qu’on entend d’abord aux seconds violons, amalgamées au rythme alla marcia à la main droite. Ut majeur fait son entrée pour la sixième variation et nous fait accroire que la pièce pourrait connaître une fin heureuse. Il n’en est rien. Le thème original revient, avec des interruptions au piano et aux vents. L’épisode prend corps jusqu’à une pause et une courte cadence. Pour la dernière variation, Mozart passe à 6/8 - un signe de la mesure pour la danse, s’il en fut. Le piano part, hésitant. Puis l’orchestre le rejoint dans ce qui devient une tournoyante danse macabre, bourrelant l’âme jusqu’à la toute fin. [...]" citations extraites des excellentes notes rédigées en 2004 par Angela Hewitt pour Hypérion.
On connaît 3 enregistrements de cette oeuvre avec Clara HASKIL en soliste:
➣ Concert du 8 décembre 1955
W.A. Mozart, Concerto pour piano No.24, KV 491
L. van Beethoven, Concerto pour piano No.4, Op.58
Orchestre National de la RadioDiffusion Française, André Cluytens
➣ Concert du 25 juin 1956, Théâtre de Beaulieu, Lausanne, entièrement consacré à des oeuvres de W.A. Mozart
Symphonie concertante, K. 297b (Anh. 9 resp. Anh. C 14.01) Concerto pour piano No.24, KV 491
Symphonie en do majeur KV 425
Orchestre de chambre de Lausanne, Victor Desarzens
➣ Disque Philips, 14 au 18 novembre 1960, Maison de la Chimie, Paris
W.A. Mozart, Concerto pour piano No.20, KV 466
W.A. Mozart, Concerto pour piano No.24, KV 491
Orchestre des concerts Lamoureux, Igor Markevitch
L'interprétation de Clara HASKIL proposée sur cette page provient du concert donné le 8 décembre 1955 à Paris, Théâtre des Champs-Elysées, André CLUYTENS dirigeant l'Orchestre National de la RadioDiffusion Française: