Giuseppe Tartini (1692-1770) est à bien des égards un personnage remarquable et fascinant, car il passa progressivement d'un jeune impétueux et bagarreur à un pédagogue docile et philanthrope - en moins de trois ans. La raison de ce revirement soudain fut son mariage précipité, qui lui valut la colère non seulement de ses parents, mais aussi de l'évêque de Padoue, l'oncle de la jeune mariée. Le violoniste dut se retirer dans un monastère à Assise. Il y resta pendant deux ans, étudiant la composition avec un moine érudit. La vie et la discipline dans le calme du monastère calmèrent les nerfs de Tartini et réfrènèrent son exubérance juvénile. Recevant le pardon de ses parents, et même de l'évêque, ce fut un homme changé qui en ressortit.
Les sonates publiées sous le numéro d'opus 1 en 1732 contiennent certaines de ses plus belles oeuvres. En plus d'être un excellent violoniste et compositeur, Tartini était doté d'un don littéraire qu'il utilisa souvent à son avantage. Ses ouvrages théoriques restent cependant beaucoup moins connus que sa musique, bien qu'ils aient été très appréciés et admirés à son époque. Grand amateur de poésie, il avait pour habitude de garder à l'esprit un certain vers, souvent tiré d'un sonnet de Pétrarque, pendant qu'il travaillait à ses compositions, et il inscrivait souvent le vers choisi (en une sorte de code) en tête du manuscrit. C'est peut-être la raison pour laquelle cette sonate en sol mineur est surnommée „Didone abbandonata“.
L'Andante d'ouverture est imprégné d'une veine de lyrisme retentissante, telle qu'elle pourrait résulter d'une lecture de l'histoire de Didon. Le Presto exploite des figures arpégées tourbillonnantes et des séquences passionnées; mais dans l'Allegro final, une paix pastorale prévaut, jusqu'à ce qu'à la fin une phrase larmoyante, tombante, semble nous rappeller l'angoisse d'une reine abandonnée. Traduit des notes de Denis STEVENS publiées au verso de la pochette du disque „The Bach Guild “ BG 583.
La présente interprétation de la Sonate en sol mineur, GT 2.G10, B.G10, opus 1 No 10 de Giuseppe TARTINI, fut enregistrée à Vienne en 1958 pour le label „The Bach Guild “ et publiée sur ce disque BG 583. Les interprètes: Anton HEILLER au clavecin et Jan TOMASOW au violon.