Johannes Brahms composa cette courte oeuvre à Bad Ischl durant l'été 1880, elle est contemporaine de son «Ouverture pour une fête académique», Op. 80 - qui est en fait son pendant. Elle est intitulée «Ouverture», mais il s'agit plutôt d'un mouvement symphonique - l'épithète «tragique» est plus en rapport avec un exercice de style (justement en opposition à la «fête») qu'une référence quelconque à un programme. Brahms lui a certainement donné ce nom afin d'avoir plus de liberté dans sa conception, il eut d'ailleurs quelque mal à trouver l'expression littéraire qui exprimerait clairement son intention musicale: «Pour le 6 janvier 1881, tu pourras encore mettre au programme une ouverture «dramatique», ou «tragique», ou une «tragédie». Tu le vois, cette fois encore je ne puis trouver un titre» écrivait-il à Bernhard Scholz (Wien, 17.09.1880, d'après Robert Münster, Bernhard und Luise Scholz im Briefwechsel mit Max Kalbeck und Johannes Brahms).
Le compositeur jugea ses deux ouvertures d'une formule lapidaire souvent citée: «die eine lacht, die andere weint - l'une rit, l'autre pleure». Pour plus de détails, voir par exemple cette page en allemand de Wikipedia.
La première fut donnée le 26 décembre 1880 avec l'Orchestre Philarmonique de Vienne sous la direction de Hans Richter.
Une très courte description citée d'une brochure-programme d'un concert donné par l'Orchestre de la Suisse Romande et Ernest Ansermet le 14 janvier 1922 à Genève:
"[...] La forme classique de l’ouverture expose un premier groupe thématique assez complexe: on reconnaîtra un premier thème bâti sur deux éléments essentiels, suivi d’un certain nombre de motifs secondaires, où l’on remarquera au passage une plainte de hautbois et une impressionnante entrée des trombones, aboutissant au deuxième thème dont la nature expressive est évidente.
D’autres motifs secondaires, parmi lesquels un motif d’une rythmique incisive, amènent la conclusion de l’exposition.
Le développement introduit un mouvement de marche sur un premier accompagnement en triolets des cordes, où le deuxième élément du premier thème élargit sa signification; la réexposition rejoint très vite le motif des trombones qui s’éclaire en majeur avec le chant des cors et ramène le deuxième thème aux altos.
L’oeuvre conclut sobrement après un retour du premier élément du premier thème, dont un élargissement rythmique amplifie et souligne l’expression. [...]"
Voici donc...
Johannes Brahms, Ouverture tragique en ré mineur, Op. 81, Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise, Jan KOETSIER, 1957, «Deutsches Museum», Munich
Allegro ma non troppo - Molto più moderato - Tempo primo ma tranquillo