Le Concerto pour violon et orchestre de Frederick Delius fut composé en 1916 - à Grez-sur-Loing, alors domicile du compositeur dans la campagne française - et donné en première audition le 30 janvier 1919 à Londres par l'Orchestre Philharmonique Royal (RPO) sous la direction d'Adrian Boult, avec Albert Sammons en soliste (Sammons avait lui-même modifié certains passages afin d'améliorer le jeu et la sonorité de la musique, Frederick Delius donna son accord).
Bien qu’il s’agisse d’un magnifique soliloque pour violon, l'oeuvre ne s’est jamais imposée au répertoire - pour beaucoup de virtuoses ne les mettant pas assez en valeur... Pire - du point de vue d'un virtuose... - elle s’achève pianissimo... Pourtant, dans toute l'oeuvre, le soliste est toujours au premier plan. Contrairement à un concerto ‘normal’, "[...] il n’oppose pas le soliste à l’orchestre mais ressemble plutôt à une merveilleuse improvisation, quelque chose de spontané. Bien sûr, il est entièrement réfléchi, mais cela ne doit pas transparaître [...]." Georg TINTNER.
Une courte présentation traduite des notes de Joseph STEVENSON publiées sur cette page du site allmusic.com:
«« L'élément prédominant de cette oeuvre est un flot de mélodies poétiques, en perpétuelle évolution, qui est caractéristique pour Delius. Il est rare que tout l'orchestre joue, le tempo change souvent, ce qui donne à la musique une impression de fluidité et d'improvisation, également caractéristique de Delius. C'est pourquoi les commentateurs qualifient souvent cette composition de “rhapsodique”, ce qui implique qu'elle coule plus ou moins à volonté et avec peu de planification préalable. Il s'agit en fait d'une illusion, habilement entretenue par Delius grâce à un travail acharné et à un contrôle rigoureux des matériaux musicaux.
Presque tout dans cette oeuvre découle du thème de la devise qui apparaît dans les deux premières mesures. Dans cette structure en constante évolution, qui s'inscrit dans un seul mouvement, se dessinent les contours d'une forme en plusieures parties: la première section introduit et élabore une succession de thèmes, la seconde est un lent dévoilement de deux autres thèmes qui aboutissent à une cadence accompagnée. La première partie est ensuite récapitulée, d'abord littéralement, puis adaptée. Une section correspondant à un final est dans la mesure d'une danse de campagne anglaise, mais ralentit pour un rappel du thème d'ouverture.
C'est une musique exceptionnellement belle, bien que son manque de contrastes violents induise souvent les auditeurs imprudents en erreur en leur faisant perdre sa logique formelle et en concluant qu'elle est amorphe dans sa forme. Elle tend à être une musique fine et apaisante. »»
Quelques précisions, traduites des notes d'Irving KOLODIN publiées au verso de la pochette du disque Westminster WST-17045:
«« Sir Thomas Beecham (dont l'affection pour Delius était célèbre) a cité un éminent violoniste qui disait de cette oeuvre: «Ce n'est peut-être pas tout à fait un concerto, mais c'est un beau poème».
La poésie imprègne l'ensemble de l'oeuvre, sans aucune pause. La succession ininterrompue permet à Delius de préserver une communauté de thèmes entre les sections, avec un moment lumineux où la clarinette et le violon échangent des confidences dont le sujet pourrait être «On Rehearing the First Cuckoo of Spring» (Sur l'écoute du premier coucou du printemps). Le finale est précédé de ce que Beecham a décrit comme «une cadence accompagnée», écrite avec l'assurance et la maîtrise idiomatique qui découlent de la formation de violoniste de Delius dans sa jeunesse. Le finale suit la volonté du compositeur de revenir à une rétrospective de la section lente plutôt que de prendre un cours plus dynamique dans l'intérêt de l'instrumentiste. Tout au long de l'oeuvre, il y a une richesse de détails finement dessinés dans l'élaboration orchestrale qui, avec ses quatre cors, ses trois trombones ténors et son tuba basse, est essentiellement de la musique de chambre plutôt que de l'ampleur conventionnelle de salle de concert. »»
Dans cet enregistrement du Concerto pour violon et orchestre RT VII/6 de Frederick DELIUS, Erich KLOSS dirige l'Orchestre d'État de Franconie - l'actuel Orchestre symphonique de Nuremberg - dans une prise de son du studio Nuremberg de la Radio Bavaroise de Munich (que je n'ai pas encore pu dater, qui doit se situer entre 1958 et 1966). Le soliste est Oliver COLBENTSON.
1ère section Exposition -> 04:45:600
2e section Développement -> 12:09:740
3e section Cadence -> 15:15:550
4e section Réexposition - Scherzo Finale -> 20:24