Commencé en 1904 et achevé en 1905, le Concerto pour violon en la mineur d'Alexander Glasunow occupa dès le début une place de choix dans le répertoire pour violon: avec ses éclats mélodiques rhapsodiques, ses harmonies doucement sensuelles et ses feux d'artifice techniques, il est particulièrement stimulant et gratifiant pour l'interprète virtuose.
L'oeuvre est une illustration intéressante de ce qu'un historien a voulu exprimer lorsqu'il écrivit que Glasunow „a appris à parler musique avec un accent russe, mais pas à penser musicalement en russe“. On retrouve ici une mélancolie et une certaine volupté dans la partie de violon, ainsi qu'une grande partie du chromatisme associé à la mélodie orientale. D'un autre côté, il n'y a rien d'extra-européen dans la façon dont le concerto est assemblé ou dans la manière dont il est exposé; il est essentiellement conventionnel, avec l'ombre de Liszt qui plane parfois à proximité.
L'oeuvre fut donnée en première audition le 17 octobre 1905, sous la direction de Sir Henry Wood avec Mischa Elman en soliste. Le compositeur avait prévu que Leopold Auer - à qui l'oeuvre est dédicacée - introduise lui-même l'oeuvre, mais après être passé un jour dans le studio du célèbre professeur et avoir entendu Mischa Elman à son cours, il fut si impressionné qu'il demanda à Auer de permettre à son élève de donner la première.
«« L'oeuvre est en trois mouvements, conçus pour être joués sans interruption. Le premier mouvement, commençant „Moderato“, est construit sur deux thèmes qui ne sont pas très différents. Le premier, intitulé „Dolce espressivo“, est chanté par l'instrument soliste, s'annonçant sur un doux accompagnement de clarinettes et de bassons. Le second thème, obsédant et tranquille, est également présenté par l'instrument soliste, puis renforcé par les violons de l'orchestre. Sur ces deux sujets se tisse une tapisserie tonale aux couleurs luxuriantes et magnifiques, souvent rehaussée par de brillantes coloratures pour la voix soliste. La cadence est une section particulièrement complexe, qui traite d'abord du deuxième thème, puis du premier. Un accord de harpe et un passage descendant pour le solo conduisent au deuxième mouvement.
Cette partie de l'oeuvre, commençant „Andante sostenuto“, débute dans la tonalité de ré bémol. Le violon chante une mélodie “romantique“ qui s'éclaircit progressivement et devient de plus en plus agitée, remplie de figurations étincelantes. Le deuxième thème du premier mouvement ne tarde pas à réapparaître et, après un riche développement, une cadence exceptionnellement ardente ouvre la voie au finale.
Le début du dernier mouvement, dans la tonalité de la majeur, est marqué „Allegro“. Les trompettes annoncent le thème de la fanfare qui dominera le mouvement. Le soliste, d'abord avec des doubles croches, puis avec des passages ornementaux compliqués, reprend le thème qui est bientôt repris avec énergie par l'ensemble de l'orchestre. Avec l'ajout d'une nouvelle section mélodique et une récapitulation générale, le concerto s'achève sur une note forte et brillante. »» traduit des notes d'Arthur Cohn publiées au verso de la pochette du disque RCA Red Seal LM 1064
Dans cet enregistrement du Concerto pour violon en la mineur, op. 82 d'Alexander GLASUNOW, Erich KLOSS dirige l'Orchestre d'État de Franconie - l'actuel Orchestre symphonique de Nuremberg - dans une prise de son du studio Nuremberg de la Radio Bavaroise de Munich (que je n'ai pas encore pu dater, qui doit se situer entre 1958 et 1966). Le soliste est Oliver COLBENTSON.