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Charles KOECHLIN
„Le Buisson Ardent“, poême symphonique, op. 203 et 171
Orchestre National de la RadioDiffusion Française
Roger DÉSORMIÈRE
19 novembre 1951, Théâtre des Champs-Élysées, Paris

Dans la tradition biblique, „Le Buisson Ardent“ est la révélation du Dieu Éternel à Moïse dans le pays de Madian. Lors de ce passage, YHWH l’appelle de l’intérieur d'un buisson - qui brûle sans jamais se consumer - et le charge de libérer les Israélites de l'esclavage en Égypte.

Le poême homonyme composé par Charles KOECHLIN fait partie de la série de compo­si­tions symphoniques à caractère philosophique et mystique commencée avec la „Course de Printemps“ (finale du „Livre de la Jungle“, 1927) et qui constitue la partie la plus importante de la production du compositeur dans les années trente.

„Le Buisson Ardent“ est en deux parties: la seconde, écrite avant la première, date de 1938. La première partie fut achevée en novembre 1945: c'est donc la dernière oeuvre pour grand orchestre du compositeur et, dans un certain sens, son testament musical. Il ne devait jamais entendre l'oeuvre: elle fut donné en première audition le 19 novembre 1951 par l'Orchestre National sous la direction de Roger Désormière. Depuis, elle ne fut jouée que deux fois: en 1957 à Bruxelles, sous la direction de Franz André, et en 1987 en Allemagne (Rhénanie-Palatinat) par Leif Segerstam, enregistré par la «Südwestfunk» pour le CD (Cybelia CY 812, Marco Polo 8.223704).

Traduit d'un texte de Michel FLEURY publié dans le livret du CD Marco Polo:

L'argument de ce poème symphonique fait référence à l'un des derniers épisodes du roman „Jean-Christophe“ de Romain Rolland. Dans l'oeuvre de Rolland, le buisson ardent symbolise la ferveur du retour à la vie, de la résurrection, de la renaissance de l'instinct créateur après une période d'épreuve qui conduisit le compositeur au bord de l'effondrement. Retiré au coeur du Jura suisse, il était dans un état de prostration et de mort spirituelle, au bord de la folie. Mais un jour, le foehn se met à souffler, marquant la fin de l'hiver moral dans lequel il s'était enfoui. Ce retour à la vie est d'abord un dialogue et une communion ardente avec Dieu et avec la nature, mais ensuite, chez ce compositeur, tout se transforme en son: une musique fluide répond aux pluies du printemps et à la fonte des neiges.

La première partie du poème symphonique est “plus précisément liée à tout ce qui précède le retour à la vie de Jean-Christophe, c'est-à-dire: sa détresse, l'irruption soudaine du foehn, annonciateur du printemps qui doit ramener Jean-Christophe à la vie par son souffle chaud et orageux” (Charles Koechlin, d'après sa lettre datée du 1er septembre 1945, Villers-sur-Mer).

Trois sections sont séparées par deux pauses:

1. Presque adagio (lourd, douloureux): une atmosphère lourde et écrasante prédomine dans le prélude. Une phrase atonale au violon solo donne corps à une véritable méditation sur la souffrance humaine, confiée exclusivement aux cordes. Puis de longues notes tenues d'abord par les cuivres graves, reprises ensuite par les violons dans l'aigu sur fond de timbales, créent une atmosphère d'attente.

2. Allegro non troppo: le foehn éclate. Dans cette section, la gamme complète s'impose et le déchaînement des forces orchestrales traduit l'irrésistible élan du printemps: glissandi rapides entre grave et aigu, écriture orchestrale de plus en plus complexe sur un ostinato de percussion d'où émergent des fragments mélodiques pentatoniques, génèrent un véritable déferlement sonore qui reste cependant magistralement contrôlé. L'auditeur remarquera particulièrement les premières mesures de cette section, dont les sonorités magiques et irréelles cristallisent l'immobilité transparente d'un paysage hivernal aux premières brises du printemps. Par deux fois, sur l'immobilité d'un grand accord statique de Cinquièmes superposées tenues par des cordes vibrato en divisi, la gamme par tons s'affirme (le premier souffle du vent) dans un glissando entre l'aigu et le grave des bois et des ondes Martenot, rythmées cette seconde fois de façon plus affirmée par les percussions dont l'emphase préfigure le déchaînement ultérieur.

3. Allegro moderato: renaissance de Jean-Christophe. “Ici le foehn enfonce les portes de la maison. Il pénètre dans la chambre de Jean-Christophe qui le respire manifestement” (annonation dans la partition). Un crescendo aux cordes et aux bois sur une gamme entière ascendante ramène le vent tourbillonnant dans une frénésie ponctuée de joyeuses fanfares de cuivres. Puis une large mélodie s'élève, un long et ample paragraphe à la fois plein d'amour, de ferveur, de tendresse, qui retombe peu à peu dans la quiétude des accords finaux.

La deuxième partie du „Buisson Ardent“, également en trois sections, fait référence à la méditation de Jean-Christophe:

1. Molto moderato: “Jean-Christophe contemple la vie du monde qui s'écoule comme une source spontanée et pure” (d'après une lettre de Charles Koechlin à Romain Rolland, 8 janvier 1939). Les ondes Martenot chantent une mélodie limpide qui s'élargit progressivement jusqu'à planer sur une série de cinquièmes superposées. C'est alors que la nature prend la parole, la voix de la sérénité devenant de plus en plus vive avec la référence aux harmonies polytonales et aux fanfares de cuivres représentant le vent dans la première partie, jusqu'à atteindre le premier point culminant d'intensité. Un chant presque religieux s'élève alors “symbolisant le calme qui a réintégré l'âme de Jean-Christophe”.

2. Fugue. Allegro vivo: la joie de Christophe. Sujet gai et joyeux dont le caractère de comptine traduit la renaissance de Jean-Christophe et son enthousiasme retrouvé. Parmi les croches emphatiques émerge le choral de la section finale.

3. Le choral. D'abord énoncé à l'unisson, puis accompagné par différentes con­fi­gu­ra­tions orchestrales (arpèges à l'orgue, au piano, à la harpe), le thème du choral conduit à un sommet d'une impressionnante grandeur, apothéose rayonnante de joie et de ferveur. Avec son diminuendo progressif, la conclusion est méditative et réfléchie, et comporte une brève référence au chant de la nature de la première section, dans une dissolution lumineuse des sonorités.

L'orchestre du „Buisson Ardent“ est considérable: au grand orchestre traditionnel s'ajoutent cinq saxophones, un ondes Martenot, un piano, un grand orgue et un important ensemble de percussions (gong, tam-tam, cloches, etc.).

„Le Buisson Ardent“ peut probablement être écouté indépendamment de son argument littéraire: la richesse de son contenu musical, son caractère de méditation phi­lo­so­phique et mystique suffisent à illustrer son titre biblique. Par la profondeur de son inspiration, la complexité et l'individualité de son langage, la plénitude de son orchestration, ce poème symphonique prend place parmi les sommets musicaux de la première moitié du siècle.



L'enregistrement qui vous en est proposé ici fut fait lors de la première audition de l'oeuvre, le 19 novembre 1951, dans le Théâtre des Champs-Élysées de Paris, Roger DÉSORMIÈRE dirigeant l'Orchestre National de la RadioDiffusion Française:

   Première partie
     Presque adagio, Allegro non troppo, Allegro moderato  12:27 (-> 12:27)
   Deuxième partie
     Molto moderato, Fugue. Allegro vivo, Choral           22:12 (-> 34:39)

Provenance: Radiodiffusion

Un enregistrement que que vous pouvez obtenir ...

2 fichier(s) FLAC et 1 fichier PDF dans 1 fichier ZIP


En écoute comme fichier mp3 320 kbps

Première partie: Presque adagio, Allegro non troppo, Allegro moderato


Deuxième partie: Molto moderato, Fugue. Allegro vivo, Choral