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Otto MAAG
4 extraits de Schneewittchen, opéra-féérie
en 8 tableaux, musique de Franz SCHUBERT
adaptée par Felix WEINGARTNER
Elisabeth GEHRI, mezzo-soprano
Wilhelm TISCH, basse, Zbyslaw WOZNIAK, ténor
Radio-Orchester Zürich
Orchester des Basler Stadttheaters
Alexander KRANNHALS
1942, HMV DB 10003 et DB 10006

La première audition de cet opéra-féérie fut donnée au «Stadttheater Basel», le 26 décembre 1941 sous la direction de Felix Weingartner:

"[...] Zum größten Opernerfolg der Spielzeit (25 Aufführungen) wurde die Märchenoper «Schneewittchen» von Otto Maag, mit der Musik von Franz Schubert, die noch Felix Weingartner eingerichtet hatte. Meister Weingartner dirigierte selber einige Aufführungen. Es war eine Schneewittchen-Vorstellung, in der er den Dirigentenplatz für immer verlassen mußte, und den Dirigentenstab seinem Schüler Alexander Krannhals feierlich überreichte. [...]" cité de la chronique «Das künstlerische Leben in Basel vom 1. Oktober 1941 bis 30. September 1942, Basler Jahrbuch 1943 », page 192

La distribution: Elisabeth GEHRI, mezzo-soprano, Wilhelm TISCH, basse, Annie Weber, Wilti Voiker, Zbyslaw WOZNIAK, ténor, Kurd E. Heyne, Fritz Ollendorf, Reb. Wyss, M. Weth-Falke, Blanche Aubry, Heidy Zumbrunn, M. Knapp, D. Kovacs, O. Clone, H. Steuer, Pia Bommer, Irma Kunz, régie de Egon NEUDEGG.

Une représentation fut diffusée en différé sur l'émetteur de Beromünster, le dimanche 11 janvier 1942 à 14h30.

Son histoire, telle que résumée dans la revue «Der Spiegel» du 14 mars 1950 lors de sa première audition en Allemagne une dizaine d'années plus tard:

"[...] Zwerge aus der Schweiz

Just zur Zeit, da Walt Disneys gezeichnete "Schneewittchen"-Zwerge über deutsche Kinoleinwände tollen, startete Freiburgs Stadttheater eine "Schneewittchen"-Oper. Als Anti-Disneyade hatte Textautor Otto Maag sein Libretto schon vor zehn Jahren konzipiert.

"Reizend, aber Mord am deutschen Märchen", erklärte er, Musikredakteur der Basler "National Zeitung", als er 1938 den Farbfilm sah. Zwei Jahre lang trug er sich mit dem Gedanken, die von Disneys "animators" seiner Ansicht nach geschändete Märchenprinzessin auf gut deutsch zu rehabilitieren. Den tollkühnen Plan eines Anti-Disney-Films redete man ihm aus. Ende 1940 setzte er sich hin und schrieb einen Brief an Felix Weingartner, den nach Winterthur, Kreuzweg 7, emigrierten Dirigenten der Wiener Philharmoniker. Er schlug ihm vor, sein dem Brief beigefügtes Schneewittchen-Textbuch zu einer Schubert-Oper zu verwenden.
[...]"

Aus der Musik zu "[...] "Rosamunde", aber auch aus "Alphonso und Estrella" und der "Zauberharfe" nahm Weingartner Bruchstücke und setzte sie zu einem neuen Ganzen zusammen und über Otto Maags Text. Weingartner nannte dieses immerhin anfechtbare Unternehmen einen "Bruderdienst" an Franz Schubert.

Diese Nach-Komposition stellte er an das Ende seines stattlichen Opus-Katalogs, der über 100 Lieder, sieben Symphonien, Kammermusik, Chorwerke und die Opern "Meister Andräa", "Dame Kobold" und auch einen "Faust" registriert. Die Uraufführung seiner "Schneewittchen"-Oper fand Ende 1941 in Basel statt.

Nach Zürich, Straßburg, Brüssel und Helsinki brachte nun Freiburg Weingartners Schneewittchen-Oper als deutsche Erstaufführung. Trotz Defizitbedrohung in Permanenz sparte die Stadtbühne nicht an Kosten, steckte rund 5000 DM in die Dekorationen und weitere 4000 DM in die Kostüme. Als Regisseur verschrieb man sich in Dr. Friedrich Schramm eigens einen Gast aus Basel.
[...]

Die Märchenoper beginnt nach Weingartners Willen mit Schuberts "Rosamunden"-Ouvertüre. Auch für das Nachfolgende wurde die Rosamunden-Partitur weidlich ausgeschlachtet.

Bei Schneewittchens Auftritt und ihrer ersten Begegnung mit dem Prinzen aber erklingt Musik aus Schuberts "Zauberharfe". "Dieser Moment der Liebe auf den ersten Blick erscheint in der Opernliteratur kaum irgendwo so unmittelbar, so bewegend und rein", erläutert Felix Weingartners Witwe, Carmen Weingartner-Studer.

Weniger platonisch dünkt einem die Liebe des Prinzen nach Textbuch und Regie. Otto Maag hat bei der Abfassung des Textbuches offenbar geschwankt, ob er eine Kinderoper oder ein musikalisches Märchen für Erwachsene schreiben solle. Die triebhafte Zuneigung des Prinzen ernüchtert und wirkt auf eben Schulentlassene peinlich.

Die schweizerische Herkunft des Operntextes bleibt nicht verborgen. Ballettfeen geleiten das gefährdete Schneewittchen aus dem dunklen deutschen Märchenwald in das sichere Schweizer Zwergenhaus. Hier werden alle dringlichen Fragen zwischen den Sieben nach demokratischer Art durch Abstimmung entschieden.

Dem Sargsturz wird mit Rücksicht auf die allgemein geringe Bruchsicherheit von Opernsängerinnen ausgewichen. Schneewittchen hat im Gluthauch prinzlicher Liebesbeteuerungen zu erwachen. Damit folgt Anti-Disney Otto Maag seinem Farbfilmvorgänger. der eine ebensolche Abweichung vom Grimmschen Originalende als besonders happy verwendet.

Freiburgs Opernfreunde ließen die schubert-weich untermalte Szenenfolge anstandslos mit viel Beifall passieren. Der Disney-Film ist für Freiburg eben erst angekündigt.
[...]"

Elisabeth GEHRI dans le rôle de Blanche-Neige
Revue Radio Actualités du 27 novembre 1942, No 48, page 1513

La première de Bâle fut abondamment commentée, même en Suisse Romande:

"[...] Le théâtre de Bâle vient de donner Blanche-Neige, opéra-féerie, que la Gazette avait annoncé en précisant que le poète Otto Maag avait adapté à la scène le conte de Grimm, et que M. Félix Weingartner avait composé, pour la musique, des pages extraites des dix-huit opéras qu'a écrits Schubert.

Schubert, si connu par ses lieder et sa musique instrumentale, ne l'est guère par ses opéras, et pourtant nous en possédons une dizaine à peu près intégralement, et des fragments importants des autres, soit que les pages manquantes aient disparu (comme pour "Claudine de Villa Bella" qui servit presque entièrement à chauffer un poêle d'auberge), soit que Schubert lui-même ne prit pas la peine d'achever la partition; c'est qu'il ne se sentait guère la fibre du théâtre, il ignorait les exigences de la scène et préférait les contes et féeries au livret en trois ou cinq actes, établi comme le veut le genre. Ceci explique déjà pourquoi les adaptateurs de Blanche-Neige prirent pour thème un conte plutôt qu'un véritable scénario d'opéra; ce choix ne fut donc aucunement déterminé par le célèbre dessin animé avec lequel notre féerie n'a aucun rapport.

Après la mort de Schubert, on tenta, ici et là et à différentes périodes, de reprendre l'un ou l'autre de ses opéras, mais sans succès durable. En 1934, à Bâle même, Mlle Moerike, de Munich, donna "Les Amis de Salamanque", datés de 1815, et dont elle avait imaginé le texte d'après le scénario retrouvé par hasard. Cette fantaisie très XVIIIme siècle fut aimablement accueillie, mais son succès n'alla pas au delà de quelques représentations, et nous ne sachions pas qu'elle fût beaucoup plus jouée sur les scènes allemandes. Il est vrai que cette oeuvre est celle d'un jeune homme de 18 ans, et que le charme et l'inexpérience de la jeunesse ne suffisent pas pour soutenir trois actes imaginés par un camarade du même âge, si révélatrice d'un génie que soit déjà cette musique.

D'autres opéras de Schubert n'eurent pas plus de chance à leur reprise, comme ils n'en avaient pas eu du vivant de l'auteur, alors que le nombre des représentations n'atteignait pas la douzaine. Ce n'est pas que ces compositions soient inférieures, certes pas, mais elles sont de valeur inégale ou sont desservies par des livrets bien quelconques. En examinant toutes ces partitions, M. Weingartner y a découvert quantité de fragments de haute valeur, qui vont de l'ariette à la marche funèbre, enfin de quoi illustrer Blanche-Neige dont la psychologie — on s'en aperçoit à la sccène, dépasse de beaucoup celle d'un conte, même d'un conte pour grands enfants.

Cet opéra, ou plus exactement cette féerie, comporte huit tableaux avec quatre changements de décors, des décors d'une originalité spontanée, sans rien d'excessif ni de laborieux. Ce sont d'ailleurs le goût, la mesure, aussi bien dans le comique que le tragique, qui donnent son caractère à cette oeuvre d'art où l'on reconnaît d'emblée la distinction que M. Weingartner appporte à tout ce qu'il apprend, qu'il s'agisse de théâtre ou de concert. Les ballets, les danses, les choeurs, jusqu'à la figuration nombreuse et soignée, tout le spectacle fut mis au point avec une attention extrême, sans parler de la distribution, confiée aux meilleurs éléments de la troupe. Mlle Elisabeth Gehri trouva en Blanche-Neige la meilleure de ses créations (avec celle, inoubliable, d'Orphée). Cette adaptation de la musique schuberlienne au conte de Grimm est une belle réussite.
[...]"
«R.» dans la Gazette de Lausanne du 3 janvier 1942, en page 3
Elisabeth Gehri, une photo de G.Meylan
Radio Actualités du 20 mars 1942, 1942, No 12, page 357

(cliquer sur la photo pour une vue agrandie, cliquer sur la vue agrandie pour la fermer)
Elisabeth Gehri était déjà bien connue en Suisse Romande, ayant obtenu le 1er prix de chant au Concours d'exécution musicale à Genève en 1940, puis chanté dans plusieurs concerts de l'Orchestre de la Suisse Romande.

Le compte-rendu publié dans le Journal de Genève du 6 février suivant en page 3, signé «L.J.» donnait quelques précisions sur la genèse de l'oeuvre:

"[...] Au Théâtre municipal de Bâle ou joue présenttement avec un très vif succès un nouvel opéra «Blanche-Neige» dont la musique est de Franz Schubert. Il s'agit de s'expliquer.

Il y a un certain temps, M. Otto Maag, musicologue averti et critique musical de la National Zeitung de Bâle, suggérait à M. Félix Weingartner de tirer de l'oubli où ils étaient tombés, des fragments choisis dans les quelques vingt opéras que composa Schubert, et d'en faire un nouvel opéra dont le sujet devait s'inspirer du célèbre conte de Grimm «Blanche-Neige». M. Maag insista sur le fait que la grande majorité des livrets mis en musique par Schubert étaient des féeries, mal conçues d'ailleurs, et que, par conséquent, les fragments à choisir resteraient dans le climat si particulier qui leur avait donné naissance.

Après quelques hésitations, M. Weingartner accepta l'idée et les deux hommes se mirent au travail, M. Maag, tout en suivant de près le conte de Grimm, écrivit un livret empreint à la fois d'un puissant souffle dramatique et de l'atmosphère spéciale des contes de fées, M. Weingartner, en compulsant la dizaine de volumes consacrés aux opéras de Schubert, eut la chance d'y trouver — parfois après de longues recherches — exactement les morceaux dont il avait besoin.

C'est ainsi que naquit «Blanche-Neige» qui fut accueillie à sa première représentation par un succès allant jusqu'à l'enthousiasme. Dès les premières mesures, le public fut «pris » et son attention soutenue ne se relâcha pas un instant. Schubert triompha sur toute la ligne, et il se révéla à maint auditeur sous un aspect tout inattendu: il y a dans «Blanche-Neige» deux airs de la reine et deux duos d'une intensité, d'une violence dramatiques extraordinaires qui nous font penser au grand air de Pizarro dans «Fidelio».

Nous ne saurions mentionner tous les joyaux, les airs, choeurs, entr'actes, marches, etc., que M. Weingartner fait enfin revivre pour nous grâce à son travail de serviteur fidèle et respectueux du maître viennois. Car sauf quelques mesures de transition la partition entière est du Schubert pur. Et le miracle, c'est que tout cela se tient; on ne remarque aucune fissure, aucun «collage» — cela coule sans heurt et nous plonge dans un enchantement qui se prolonge pendant deux heures et demie. Comme le disait très justement un musicien après la première représentation: «Enfin nous avons aussi un opéra de Schubert digne de la «Flûte enchantée» et de «Fidelio».

Depuis lors le succès s'est renouvelé à chacune des sept représentations qui eurent lieu devant des salles combles. D'ailleurs, Bâle a bien fait les choses. La distribution était magnifique. Ne mentionnons que Mlle Elisabeth Gehri dans le rôle de Blanche-Neige et Mme Annie Weber dans celui de la reine. L'orchestre était placé sous la direction de M. Krannhals qui n'est pas non plus un inconnu pour les mélomanes genevois.

Souhaitons que Genève ait bientôt l'occasion d'applaudir Franz Schubert, compositeur d'opéra, et ses «collaborateurs» Maag et Weingartner!
[...]"

C'est pour décembre 1942 que fut prévue la première audition à Genève:

"[...] Nous apprenons que Mlle Simone Rapin, dont on connaît les succès de tragédienne lyrique est engagée par le Grand Théâtre de Genève pour interpréter quelques oeuvres importantes données en cours de saison 1942-1943: les "Contes d'Hoffmann" d'Offenbach (en novembre) et en décembre une création à Genève: Schneewittchen (Blanche-Neige) qui remporta à Bâle un succès très marqué. L'orchestralion est de Weingartner sur des thèmes de Schubert. Mlle Rapin chantera le rôle de soprano dramatique créé par Annie Weber.[...]" Gazette de Lausanne du 13 septembre 1942, page 2.

Conformément à la volonté de Felix Weingartner, décédé en mai 1942, c'est Alexander Krannhals qui dirigea la première à Genève, le 4 décembre 1942, dans une version en français de Louis Juillerat.

Représentation de Genève, photos V.Andreossy
revue Radio Actualités du 22 janvier 1943, No 4, page 101

Le compte-rendu signé «P.W.» publié le lendemain dans le Journal de Genève en page 6, honorant le travail de Felix Weingartner:

"[...] Le principe qu'adopta Félix Weingartner en réalisant l'opéra Blanche-Neige est certes, en lui même, chose discutable. Suivant le point de vue auquel on se place, on peut a priori refuser d'y souscrire, ou bien, au contraire, l'admettre et féliciter alors le grand chef d'orchestre disparu d'avoir enrichi le répertoire du théâtre lyrique. Glaner dans les opéras «inconnus» de Schubert ici un air, là un duo, les doter d'un texte nouveau, les assembler pour en faire un opéra auquel l'auteur n'avait pas songé en écrivant cette musique, voilà bien de quoi faire frémir tous les puristes de la terre !

Quant à nous nous pensons qu'un principe, en art, ne vaut qu'en raison des applications qui en sont faites, et que c'est à elles de le justifier. Hâtons-nous donc de dire que Félix Weingartner s'est acquitté de la tâche qu'il s'était proposée avec un respect, un tact et une adresse en tous points dignes d'éloges. II a, en effet, utilisé les divers morceaux qui composent Blanche-Neige sans rien changer à l'écriture originale de Schubert, leur conservant en outre leur orchestration primitive, et poussant le scrupule jusqu'à chercher, dans les opéras du maître viennois les indispensables «mesures de transition». Ainsi le public genevois a pu avoir hier soir la révélation, de plusieurs pages de Schubert qui lui étaient inconnues et qui sont néanmoins d'une réelle beauté; nous disons plusieurs pages, et non la totalité de la partition, car les fréquents emprunts à Rosamonde étaient, pour tout mélomane, de vieilles connaissances.

Felix WEINGARTNER, un portrait fait par Germaine Martin, Lausanne
portrait publié entre autres dans la revue Radio du 15 mai 1942, No 20, page 611

Si Blanche-Neige offre le grand avantage de nous restituer une partie de l'oeuvre de Schubert méconnue, peut-on dire que cette réalisation représente la perfection en matière d'opéra? Nous ne le pensons pas. Tout d'abord, la qualité de cette musique est généralement d'ordre statique plutôt que dynamique. Elle est mélodieuse, charmante, émouvante, mais elle manque de cet élan dramatique, de ce mouvement, que nous trouvons dans toutes les oeuvres lyriques qui se sont imposées jusqu'alors. D'autre part, quelque plaisir que l'on prenne aux divers morceaux, il faut bien convenir qu'ils ne forment pas un tout aussi parfait que s'ils avaient été destinés par le compositeur à s'inscrire dans un seul et même opéra. Enfin, le découpage en neuf tableaux, qui devait probablement servir de prétexte à une mise en scène somptueuse, ralentit quelque peu l'action. Ces quelques réserves mises à part il nous faut dire maintenant que Blanche-Neige est un ravissant spectacle et que nous y avons pris un plaisir très vif. Le chant, la danse, l'orchestre, concourent ici à créer une impression de féerique fraîcheur à laquelle on ne peut rester insensible. Aussi le public ne résista-t-il pas à tant de grâce ingénue, à tant de délicate poésie, et fit-il à Blanche-Neige un accueil chaleureux et enthousiaste qui se renouvellera sans doute ce soir et demain après-midi.

L'excellente interprétation de l'ouvrage est certainement pour une grande part dans ce succès. Le rôle de Blanche-Neige avait été attribué à Elisabeth Gehri, dont nous avons eu souvent l'occasion d'apprécier les dons exceptionnels de cantatrice et la parfaite musicalité lorsqu'elle se produisit avec l'Orchestre de la Suisse Romande. Ce que nous ignorions par contre jusqu'à hier, c'est ses grandes qualités dramatiques, son jeu plein d'aisance et de finesse, et sa très bonne diction française. Elle fut une Blanche-Neige gracieuse et touchante, et interpréta avec la perfection que l'on peut deviner les airs qui lui étaient confiés.

M. Laszlo Csahay, qu'on applaudit naguère dans Cosi fan lutte, était hier soir le Prince charmant; et certes, aucun prince charmant n'a jamais pu chanter de façon plus charmante que M. Csahay. Sa voix est souple et chaude, son style est très pur. Mais chez lui, l'acteur n'égale pas le chanteur, surtout lorsqu'il est aux prises avec un texte français.

Mlle Simone Rapin incarnait la reine Edmonde, belle-mère de Blanche-Neige. Douée d'une voix d'une grande puissance, aux accents dramatiques intenses, Mlle Rapin interpréta ce rôle avec une belle prestance et une grande dignité, en cantatrice et tragédienne accomplie. On eut plaisir, également à entendre MM. Ernest Mestrallet et René Chambaz et à voir évoluer les sept nains: Mmes. Joëlle Berry, Nadine Valette, Hélène Morath et MM. Maurice Beriel, Lucien Ardac, Pascal Sestrane et Jacques Ruff. Citons encore Mmes Anne Lanjac, Simone Sigot, Lotie Denizot, Edvige Becker, Monette Renevey et MM. Georges Baechler, Alfred Mosse, Léo Chatel et Eugène Gaillard, chargés de divers rôles parlés.

Une des plus agréables surprises de la soirée fut la partie chorégraphique, non en ce qui concerne Willy et Delly Fiay, dont on connaît et apprécie depuis longtemps le grand art de danseurs et de chorégraphes, mais en ce qui concerne le corps de ballet qui, sous leur direction, a accompli des progrès étonnants. Pour la circonstance, le Théâtre s'était également assuré le concours des excellentes danseuses Marthe Lebherz, Monica Jaquet, Jutta Jingero. Basia Retchitzka et Edith Schwarz, personnifiant les cinq princesses, et celui de Willy Servin qui, avec Willy et Delly Flay et Blanche Will, fut un des éléments les plus remarqués du ballet de cour.

Le livret de la pièce, dû à M. Otto Maag, avait été adapté en français avec beaucoup d'habileté et de sens poétique par M. Louis Juillerat, chargé en outre de !a mise en scène, qui était fort soignée.

Au pupitre, M. Alexandre Krannhals obtint de l'orchestre une sonorité tantôt pleine et franche, tantôt mystérieuse et enveloppante, et conduisit l'ouvrage avec une remarquable maîtrise. Il faut encore louer les choeurs et leur chef, M. Ch. Held, et M. Paul Lys, régisseur de la scène, qui contribuèrent tous au succès de cette création, que la Société Romande de Spectacles a eu le courage d'entreprendre et le mérite de mener à bien au prix d'un effort incessant auquel il faut rendre hommage.
[...]"

Des fragments de l'opéra furent enregistrés par Radio-Genève et diffusés sur Sottens le dimanche 24 janvier 1943, à 20h15. Je doute toutefois qu'ils existent encore dans les archives de la RTSR.

Peu après les premières auditions de Bâle et de Zürich, Alexander Krannhals enregistra quelques extraits pour «His Masters Voice», avec les artistes de la première, accompagnés en partie par le «Radio-Orchester Zürich» et en partie par l'«Orchester des Basler Stadttheaters»

Grâce aux 78tours du splendide site CHARM, nous pouvons écouter en ligne / télécharger deux de ces 78tours (en écoute comme FLAC / WAV / mp3: le format est choisi automatiquement par le navigateur utilisé):

Otto Maag, 4 extraits de «Schneewittchen», opéra-féérie en 8 tableaux, musique de Franz Schubert adaptée par Felix Weingartner, Elisabeth Gehri, mezzo-soprano, Wilhelm Tisch, basse, Zbyslaw Wozniak, ténor, Radio-Orchester Zürich, Orchester des Basler Stadttheaters, Alexander Krannhals, 1942, HMV DB 10003 et DB 10006

Cliquer sur les photos des étiquettes de disque pour accéder à la page du site CHARM avec le fichier FLAC d'origine.

«Ich schleiche bang und still herum», air de Schneewittchen, tableau 1, scène 7, Elisabeth GEHRI, mezzo-soprano, Radio-Orchester Zürich, Alexander Krannhals, 1942, HMV DB 10003 OZA 736-2

«Komm so lang sich diese Hand noch vermag zu regen», air de Peregrinus, tableau 1, scène 8, Wilhelm TISCH, basse, Radio-Orchester Zürich, Alexander Krannhals, HMV DB 10003 OZA 739-2

«Vollende Dich o mein Geschick», Zbyslaw WOZNIAK, ténor, Orchester des Basler Stadttheaters, Alexander Krannhals, 1942, HMV DB 10006 0ZA 820-2


«Wie Vollmondstrahl auf Bergeshoh'n», Elisabeth GEHRI, mezzo-soprano, Orchester des Basler Stadttheaters, Alexander Krannhals, 1942, HMV DB 10006 0ZA 823-2


Si les liens ci-dessus ne fonctionnent plus, vous pouvez trouver ces fichiers dans la banque de données CHARM de la manière suivante: Sur cette page, choisir dans le premier répertoire à gauche «conductor», puis dans le répertoire à côté la lettre «K», et ensuite «Krannhals, Alexander» dans la liste proposée. Pour écouter ou télécharger les fichiers voir sous «Actions» au bas de la page, tout à droite: symbole disquette.





Zbyslaw WOZNIAK, env. 1959

Affiche de la première audition
Graphisme: Niklaus Stöcklin, Production: Wassermann AG, Druck

(cliquer sur la photo pour une vue agrandie, cliquer sur la vue agrandie pour la fermer)