L'origine de cette seconde suite remonte à la Sérénade pour cordes, que Max Bruch écrivit à l'âge avancé de 78 ans. Dans ses oeuvres tardives, Max Bruch avait tendance à s'appuyer sur un matériau musical plus ancien, de sorte que certaines oeuvres tardives représentent davantage un réarrangement qu'une nouvelle création. C'est le cas de la Sérénade pour cordes, un excellent exemple de la prédilection de Bruch pour les mélodies simples et sans prétention utilisant des chansons populaires, qu'il étudiait et adaptait volontiers pour ses oeuvres.
En 1903, chez Simrock, Max Bruch publia un recueil de neuf chansons et danses d'après des mélodies russes et suédoises pour violon et piano (op. 79). Il écrivit immédiatement une orchestration pour les Danses suédoises, puis, sur la base de cet opus 79, il décida d'écrire deux suites orchestrales de cinq mouvements pour grand orchestre. Cette fois, il ne s'agissait pas d'une simple instrumentation, mais d'une révision plus complète, qui incluait également de nouveaux matériaux musicaux. Alors que la première suite reprenait des éléments de chants russes, la seconde était basée sur des chants suédois. Max Bruch acheva les deux suites entre 1904 et 1906, mais seule la première fut publiée, paraissant chez Simrock sous le titre de Suite d'après des mélodies populaires russes (op. 79b). La deuxième suite fut donnée en première audition le 10 mars 1906 à Barmen, mais on en perd la trace peu après. Au début de la Seconde Guerre mondiale, son manuscrit fut confié par les descendants de Bruch à l'éditeur Rudolf Eichmann qui la publia en 1956 dans une édition intitulée «Nordland Suite», probablement basée sur cette partition manuscrite. Le manuscrit original n'a pas réapparu jusqu'à aujourd'hui.
"[...] Néanmoins, en 1916, Bruch devait encore être en possession du manuscrit de la suite, car c'est cette oeuvre qui a manifestement servi de modèle à la Sérénade pour cordes. Le manuscrit de la Sérénade est lui aussi aujourd'hui perdu, il faisait probablement partie des manuscrits remis par les descendants de Bruch à Eichmann. Heureusement, une version de l'oeuvre réalisée par un copiste et des parties de cordes partiellement écrites par Bruch lui-même ont été retrouvées sur son dernier lieu de travail avant la retraite, la Hochschule für Musik de Berlin. Malheureusement, on ne sait rien de l'occasion pour laquelle la Sérénade pour cordes a été écrite.
Cependant, en comparant la version du copiste avec l'édition publiée de la Suite Nordland, nous pouvons voir comment Bruch a procédé à son remaniement. Les quatre derniers mouvements de la Suite ont été repris dans la Sérénade. La Marche, qui ne figurait à l'origine qu'à la fin de la pièce, apparaît également, sous une forme légèrement modifiée, en tant que premier mouvement de la Sérénade, conformément à la tradition de la Sérénade en matière de musique de procession et de récession. Elle s'inspire de la Marche du couronnement de Charles XII (vers 1700). La forme des autres mouvements a été resserrée par l'exclusion des répétitions et des sections introductives. Les deuxième et quatrième mouvements ont pour thème deux chansons d'amour, tandis que le troisième mouvement s'inspire d'une danse dalécarlienne (Dalecarlia/Dalarna, province historique du centre de la Suède). En outre, l'instrumentation a bien sûr dû être modifiée, le grand orchestre étant remplacé par un petit ensemble de cordes.
Même si Bruch n'a plus la même imagination que dans ses premières années, on reconnaît dans cet arrangement le compositeur chevronné à l'oeuvre. Il transforme le son riche de l'orchestre complet en celui plus intime de l'ensemble à cordes avec une grande subtilité, presque comme si l'oeuvre n'avait jamais été conçue pour un cadre différent. [...]" traduit d'un texte de Wolfgang Eggerking, 2015.
Je n'ai pas encore pu trouver les dénominations exactes des cinq mouvements: si une personne visitant cette page en sait plus, toute information m'intéresse -> COURIEL!
L'enregistrement de la Suite No 2 proposé ici date de juin 1956, peut-être s'agit-il de la première audition de cette oeuvre. Franz MARSZALEK dirige l'Orchestre de la Radio de Cologne, l'actuel «WDR Funkhausorchester»: