Cette troisième et dernière symphonie de Max Bruch fut écrite à Liverpool sur une commande de la «Symphony Society» de New York sous la tutelle de Léopold Damrosch, à qui l’ouvrage est dédié. L'oeuvre fut donnée en première audition le 17 décembre 1982 à New York sous la direction de Léopold Damrosch - en présence du compositeur. Max Bruch n’était toutefois pas satisfait de son oeuvre, qui s’appuyait - disait-il - sur des esquisses de jeunesse; l’année suivante, à Breslau, il fit une révision profonde des premier et quatrième mouvements. Cette version définitive fut donnée en première audition à Leipzig le 2 décembre 1886, le compositeur dirigeant l'Orchestre du Gewandhaus.
"[...] La symphonie présente une étroite parenté thématique avec l'ouverture de l’opéra Loreley dans sa lente introduction, qui mène à une évocation romantique des pays du Rhin redescendant ensuite vers une atmosphère populaire sentimentale plus commerciale. Même si dans ses deux symphonies précédentes, Bruch s’était donné du mal pour obtenir une grande clarté de structure thématique et formelle, ici, dans l'Allegro molto vivace, qui est en forme sonate libre, le travail symphonique cède le pas à une succession d’images toujours changeantes s’appuyant sur des motifs plus courts, comme des chansons.
Dans l'Adagio, on peut détecter des réminiscences peut-être intentionnelles de la Symphonie No 4 de Schumann dans les mélodies rhapsodiques et parfois pathétiques.
Ces mélancoliques allusions à Schumann reflètent peut-être la déception de Bruch due au fait qu’il ne trouva jamais de poste lui correspondant dans sa propre région de l’Allemagne.
Cela ne se ressent aucunement dans le Scherzo dansant qui, fait inhabituel chez Bruch, est en forme de rondo. Dans la meilleure tradition de romantisme tardif , ce mouvement constitue une description de la vie dans les pays du Rhin. À l’auditeur d’imaginer si l’on y entend un festival du vin ou le chahut d’un carnaval.
Le mouvement final à la stricte construction présente un thème principal plein d'allant, l’une des plus puissantes inspirations mélodiques de Bruch, et il confirme le caractère direct de l’ouvrage. De fait, cette symphonie révèle l’amour que Bruch portait à sa région natale, ainsi qu’il le reconnut dans une lettre au biographe de Bach, Philip Spitta: “Cette symphonie est une oeuvre de vie, de joie... et elle devrait s’intituler Sur le Rhin - Am Rhein -, car elle est une véritable expression de la joie de vivre des pays du Rhin”. [...]" cité des notes de Keith Anderson, traduction de David Ylla-Somers, publiées en 1987 dans le livret du CD Naxos 8.555985.