Bohuslav MARTINŮ
Symphonie No 4, H 305
Orchestre Symphonique de Minnesota
Jiří Běhlolávek
La Symphonie n° 4 s’impose presque dans la continuité de ses oeuvres précédentes. Les Martinů étaient encore à New York et là , dans le sombre local de la 58° Rue, Bohuslav Martinů en composa rapidement les trois premiers mouvements dont le caractère général traduit la joie et la beauté de la vie. Quand il écrivit les premières notes en avril 1945, l’issue de la guerre en Europe approchait. Ce que serait la paix, la remise en route du monde, qui y pensait vraiment? Martinů dédia cette nouvelle symphonie à ses amis Hélène et Bill Ziegler qui l’avaient si gentiment reçu, avec Charlotte , pendant l’été 1943.
Il commença le premier mouvement dans sa tonalité préférée, en si bémol majeur. Il n’avait jamais eu de liens aussi forts qu’ici avec les compositeurs de la tradition bohémienne Smetana et Dvořák et entrevoyait - sans aucun doute - une possibilité de retourner enfin en Tchécoslovaquie. Dans cet esprit, il écrivit ce qu’il pensait être sa dernière symphonie américaine. La réalité fut tout autre - il ne revit jamais sa patrie. La symphonie fut donnée en première audition par Eugene Ormandy et l’Orchestre de Philadelphie le 30 novembre 1945.
Son premier mouvement (Poco moderato) rappelle l'atmosphère joyeuse de la deuxième symphonie et révèle le talent exceptionnel du compositeur pour le développement thématique - la musique est animée de lumière intérieure et d’espérance.
Le second mouvement, scherzo, ressemble à une chevauchée qui pourrait être celle des chevaliers de Blaník [*]. La pensée de la terre tchèque se trahit à tout moment surtout dans le trio qui interrompt le scherzo par une mélodie comptant parmi les meilleures de Martinů, parce qu’elle est “la plus naturelle”, disait-il. Elle s'anime grâce à une rythmique inventive avant que la reprise vienne clore le mouvement.
(*) Dans la légende, les chevaliers tchèques de Venceslas, endormis dans le Mont-Blaník, devaient se réveiller quand la Patrie était en danger: ce thème inspira les artistes, notamment Smetana et Janácěk.
L’euphorie de la symphonie est sérieusement tempérée par le troisième mouvement, largo, longue plainte qui eût parfaitement convenu au souvenir de Lidice, mieux que la page qui porte son nom. Est-ce que la victoire du 8 mai et la libération du territoire de la patrie fit resurgir les fantômes des villes et des campagnes anéanties par la guerre? Martinů termine son largo le 12 mai au moment où la joie toute fraîche de la victoire n’efface cependant pas l’horreur des temps écoulés. Musique de recueillement, regard sur la désolation, simple, rehaussée par des combinaisons sonores étranges. La plainte s’éclaire progressivement, elle devient celle de la terre entière, presque silencieuse mais quand les dernières lamentations s’éteignent, on sait que demain le soleil se lèvera et que les fleurs renaîtront. (Guy Erismann)
Le final plein d'énergie commence dramatiquement, il contient, dans ses moments “chantés”, des réminiscences d'un motif de son opéra „Julietta“ (1936-38), qui y fait office de symbole du souvenir. Une fois de plus, il faut noter qu'une interprétation musicale “absolue”, c'est-à-dire non liée au programme et au contenu, est également possible. Cette dernière page fut composée à South Orléans (Massasuchetts), dans une maisonnette près de la mer, à Cape-Cod où les Martinů s’étaient rendus en juin sur les conseils de Nadia Boulanger, pour y rester jusqu’à la fin de septembre, en attendant la création de la troisième et de la toute fraîche quatrième Symphonie.
L'enregistrement qui vous en est proposé ci-dessous fut effectué en concert par l'Orchestre Symphonique de Minnesota sous la direction de Jiří BĚHLOLÁVEK. La prise de son n'est pas datée, je n'ai pas encore trouvé plus d'informations: si une personne visitant cette page en sait plus, toute information m'intéresse -> COURIEL!
Comme pour toutes les oeuvres de Bohuslav MARTINŮ, je ne peux toutefois - pour le moment - vous le proposer qu'en écoute - par l'intermédiaire d'un iframe embarqué du splendide site archive.org, plus exactement de cette page - ses oeuvres ne tombant dans le domaine publique qu'en 2030.
Bohuslav Martinů, Symphonie No 4, H 305, Orchestre Symphonique de Minnesota, Jiří Běhlolávek
1. Poco moderato
2. Scherzo: Allegro vivo - Trio: Moderato - Allegro vivo
3. Largo
4. Pocco Allegro
Provenance: Radidiffusion, cette page du site archive.org.