Wolfgang Amadeus MOZART
Concerto pour piano et orchestre No 27, KV 595
Jörg DEMUS
Orchestre Symphonique de la Radio de l'Allemagne du Sud
Hans MÜLLER-KRAY
28 septembre 1961, Villa Berg, Stuttgart
"[...] Le Concerto no 27 en si bémol majeur, KV 595, achevé le 5 janvier 1791 à Vienne, fut joué par Mozart lors de sa dernière apparition publique, le 4 mars de la même année. Après le grand succès des premières années à Vienne (il a écrit quinze concerti pour piano dans les années 1782-86), le public viennois avait montré de moins en moins d'intérêt pour Mozart en tant que compositeur et interprète de ses propres oeuvres. Des années s'écoulèrent avant la composition du concerto suivant, celui en ré majeur, KV 537, connu sous le nom de Concerto du Couronnement parce qu'il était censé être joué à Francfort dans un concert que Mozart avait prévu pour coïncider avec le couronnement de Léopold II en octobre 1790. Ni ce concert, ni celui de Vienne, au cours duquel il joua le Concerto en si bémol, ne connurent un très grand succès. Cette oeuvre reflète un peu la sérénité avec laquelle Mozart a accepté les déceptions de ses dernières années. Il n'y a pas de tentative, comme dans les oeuvres précédentes de cette forme, de gagner l'unité en empilant les contrastes qui doivent être surmontés; chaque nouvelle idée découle de la précédente, dans une longue effusion de mélodie.
Les croches murmurantes des cordes introduisent le thème principal du premier mouvement, Allegro. Quatre thèmes différents sont présentés dans le premier tutti. L'instrument soliste, après avoir apporté le thème principal, répète et prolonge la petite fanfare qui suit, apportant ensuite le deuxième sujet approprié, avant de poursuivre avec les deuxième et troisième thèmes du tutti. L'exposition se termine comme d'habitude dans la tonalité de dominante, fa majeur. Trois répétitions d'un court motif du groupe final conduisent à la tonalité éloignée de si mineur. La section de développement qui suit est de caractère modulatoire. À la fin de la récapitulation, peu avant la cadence, le dernier des quatre thèmes du tutti d'ouverture revient dans la partie solo. La tristesse timidement évoquée dans la couleur mineure de ses premières mesures, immédiatement réprimée, comme si Mozart avait jugé indiscret d'exposer ses sentiments à la vue de tous, résume le contenu de toute l'oeuvre.
Le deuxième mouvement, Larghetto, dans la forme da capo privilégiée par Mozart dans les mouvements médians des concerti pour piano, allie la sérénité à un certain sentiment de résignation. Ce dernier est souligné par la ténacité avec laquelle l'harmonie s'accroche à la tonalité. Même la section centrale, normalement à la dominante, commence ici à la tonique. Remarquable est la dernière affirmation du sujet principal par l'instrument soliste, la flûte et les premiers violons doublant la mélodie en simples octaves.
Le gai thème rondo du finale, Allegro, domine tout le mouvement. Ce thème fut réutilisé par Mozart pour la chanson „Sehnsucht nach dem Frühlinge“, avec le texte „Komm, lieber Mai“, écrite une semaine après l'achèvement du concerto. C'est dans cet esprit que le compositeur, au début de sa dernière année, a pris congé du concerto pour piano, véhicule de tant de son inspiration, de tant de ses triomphes. [...]"
Jörg DEMUS au début des années 1950, photo de presse Westminster
L'enregistrement proposé sur cette page provient des archives de la «Süddeutsche Rundfunk (SDR)», qui a fusionné en 1998 avec la «Südwestfunk (SWF)» pour former l'actuelle «Südwestrundfunk (SWR)».
Hans MÜLLER-KRAY, lieu, date et photographe inconnus
Wolfgang Amadeus Mozart, Concerto pour piano et orchestre No 27 en si bémol majeur, KV 595, Jörg Demus, Sinfonieorchester des Süddeutschen Rundfunks, Hans Müller-Kray, 28 septembre 1961, Villa Berg, Stuttgart