Une courte présentation citée des notes publiées au verso de la pochette de ce disque:
"[...] En dépit de ses dimensions restreintes et de son caractère de léger divertissement, la Petite Suite possède tous les caractères du style de maturité de son auteur, et peut même servir de base à un examen de son langage musical, particulièrement de son harmonie polytonale. Son atmosphère très séduisante, faite d’ironie et de tendresse mêlées, évoque les Fêtes galantes révolues de l’époque rococo, celle de Watteau ou de Marivaux.
La fraîcheur acide et printanière de l'Aubade se déroule dans le cadre métrique original d’un dix-huit (deux fois trois croches plus deux fois deux), dont le bondissement espiègle est souligné par des harmonies poivrées et hautes en couleur et par des timbres aux teintes vives et capricieuses. Exemple exceptionnel d’un Roussel proche d’un certain Milhaud! Pour finir, le donneur de l’aubade prend une fuite précipitée!...
La rêveuse Pastorale, avec sa longue et sinueuse mélodie de hautbois, reprise plus tard à la trompette, est un morceau beaucoup plus romantique, dont le bref milieu, un peu plus animé, en Mi majeur, évoque même Brahms par la soudaine flambée de passion de ses somptueuses harmonies de cordes.
La Mascarade conclusive surpasse encore l'Aubade en ironie raffinée et pittoresque, grâce notamment, à l’emploi de la percussion (avec tambourin et castagnettes). Ce bref morceau est bâti en forme d’arche, s’accélérant graduellement jusqu’à la bonne humeur exubérante de son Allegro vivace médian, pour refluer ensuite vers le tempo initial et s’éteindre doucement sur une dissonance non résolue. [...]"
Voici donc...
Albert Roussel, Petite Suite pour orchestre, op. 39, Orchestre National de l'ORTF, Jean Martinon, janvier 1971