La dernière décennie du 19e siècle voit la naissance des poèmes symphoniques de Richard Strauss - inspirés d’arguments littéraires, poétiques et philosophiques. Après la fantaisie symphonique «Aus Italien», paraissent successivement les poèmes symphoniques «Don Juan», «Macbeth», «Tod und Verklärung» (Mort et Transfiguration), «Till Eulenspiegels lustige Streiche» (les Joyeuses équipées de Till l’espiègle), «Also sprach Zarathustra» (Ainsi parlait Zarathoustra), «Don Quixote» (Don Quichotte) et «Ein Heldenleben» (Une Vie de héros).
En dépit de son numéro d’opus - No 20, alors que «Macbeth» porte le No 23 - Don Juan est toutefois le second poème symphonique composé par Richard Strauss: il commence de le composer au printemps 1888, continue de l'écrire en mai pendant un voyage en Italie, et le termine seulement 4 mois plus tard, le 30 septembre 1888. Il fut donc écrit un an après «Macbeth», mais donné en première audition à Weimar le 11 novembre 1889 déjà, sous la direction du compositeur, environ un an avant celle de «Macbeth» - d'où cette inversion des numéros d'opus.
L'oeuvre est inspirée des vers du poème homonyme de Nikolaus Lenau que le compositeur fit placer dans le programme lors de la première audition. Richard Strauss s’est laissé tenter par cette peinture psychologique d’un être qui cherche son salut par la femme - «Le cercle magique, immensément large, formé de variétés si nombreuses et si séduisantes, si belles de la féminité, j’aimerais le traverser dans une tempête de jouissance» -, qui n’y parvient pas et que l’ennui de la vie finit par anéantir.
La partition s’organise en quatre parties:
"[...] Une introduction altière, allegro molto con brio, présente le héros assoiffé de conquêtes féminines et sûr de lui.
Puis, vient une longue mélodie, tranquillo, portée par le chant du violon solo et de la petite harmonie; cette mélodie évoque une scène d’amour.
La troisième partie s’ouvre par les quatre cors mis à rude contribution au point que Richard Strauss écrivit à son père à l’issue de la première audition: „J’étais vraiment désolé pour ces malheureux cors et trompettes; ils soufflaient jusqu’à devenir tout bleus!“ Il est vrai que le compositeur n’a pas ménagé son orchestre et tout particulièrement les vents.
Enfin, une scène de carnaval conclut la partition. Mais, ce n’est nullement l’apothéose que l’on attend; bien au contraire, en moins de vingt minutes, Richard Strauss a fait passer son héros de l’exaltation aux adieux tremblants à la vie après qu’il a perdu son duel avec le Commandeur. Par la même, notre musicien a donné une densité psychologique inédite à son récit symphonique tout en démontrant sa maîtrise de l’orchestration. [...]" cité des notes de Stephane FRIEDERICH publiées dans le livret du CD PentaTone classics PTC 5186 310
Le concert donné le 8 septembre 1966 au Festival de Montreux, avec Jascha HORENSTEIN dirigeant l'Orchestre de la Philharmonie de Prague, fut diffusé en différé sur le Second Programme de la Radio Suisse Romande le 30 octobre suivant:
Le compte-rendu de Franz WALTER publié dans le Journal de Genève du 12 septembre 1966 en page 13:
"[...] Au Septembre Musical de Montreux / Jascha Horenstein - Pierre Fournier
La présence de Pierre Fournier dans un concert, à elle seule, suffit à lui donner un cachet particulier. Quelle que soit l'oeuvre qu'il joue et quelle que soit même sa “forme” du moment - c'est un hypersensible, donc parfois nerveux - il trouve à nous transmettre ce fluide émotif d'une qualité rare qui est en somme la quête suprême des amoureux de l'art. Et quand je dis „amoureux“, je distingue bien ce terme de celui d'„amateur“. Il y a, en effet, chez cet artiste, un don de la transcendance, même de la simple matière sonore offerte par son instrument, qui a souvent quelque chose de miraculeux.
On peut regretter, peut-être, le choix de deux oeuvres, disons aussi légères de substance - le concerto en do majeur de Haydn et les Variations Rococo de Tchaïkowsky - qui étaient quelque peu “écrasées” entre les deux “poids lourds” - si j'ose m'exprimer ainsi, que sont le „Don Juan“ de Richard Strauss et la 2e symphonie de Brahms. C’est pourtant à travers elles qu’à mon avis, la musique s’est exprimée avec le plus d’authenticité. À travers le concerto de Haydn, en particulier, ce petit concerto découvert récemment à Prague et qui, au milieu de formules gentillettes, a quelques phrases où s'exprime un réel lyrisme. Du moins prirent-elles, sous l’archet de Pierre Fournier, une éloquence qu’on ne leur soupçonnait pas. Et quel style de tout ce dernier ne confère-t-il pas - débarassé de tout “chichi” accroche-coeur - au rococo de Tchaïkowsky, malgré la légère tension qui se faisait parfois jour entre le soliste et son accompagnement.
Quant à Jascha Horenstein ses interprétations de Strauss et Brahms ne manquèrent pas de panache et il sut tirer de plantureuses sonorités de son orchestre, mais sa symphonie de Brahms parut longue et manquait de cette palpitation qui seule lui donne sa véritable température intérieure.
L’Orchestre de la Philharmonie de Prague se montra, pour sa part, dans un meilleur jour que l’avant-veille, grâce sans doute à un programme plus adéquat. On a admiré l’homogène densité de ses cordes et la générosité - qui n'est pas toujours sans lourdeur - des cuivres.
[...]"
L'oeuvre ouvrant ce concert du 8 septembre 1966:
Richard Strauss, Don Juan, Op. 20, TrV 156, Orchestre de la Philharmonie de Prague, Jascha Horenstein, 8 septembre 1966, Festival de Montreux
Allegro molto con brio - tranquillo - molto vivo - poco a poco piu vivente - sempre un poco stringendo - poco piu agitato - sempre molto agitato - poco a poco calendo - molto tranquillo - animato - piu animato - piu stringendo - poco a poco piu lento (ma sempre alla breve) - sempre piu lento
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