Henryk WIENIAWSKI
Concerto pour violon et orchestre No 2 op. 22
Ruggiero RICCI
Orchestre Symphonique de la Radio de l'Allemagne du Sud
Hans MÜLLER-KRAY
18 juin 1963, «Funkstudio II der SDR», Stuttgart
Henryk Wieniawski fut l'un des plus célèbres virtuoses du violon de l'époque de la sensibilité romantique et il réserva ses compositions à un seul instrument, le violon. Polonais, il reçut sa formation musicale à Paris, étendit sa renommée de violoniste virtuose dans le monde entier à l'occasion de tournées en Europe, en Amérique et en Russie et exerça en sa fonction de pédagogue au Conservatoire de Saint-Pétersbourg une grande influence sur la naissance et l’épanouissement de l’école de violon russe. Il décéda prématurément à l'âge de 44 ans.
Henryk Wieniawski commença d'ébaucher son second concerto pour violon en 1856; l'oeuvre fut terminée en 1862 et donnée en première audition à Saint-Pétersbourg le 27 novembre avec le compositeur en soliste, l'orchestre étant dirigé par Anton Rubinstein. Ce concerto très virtuose fut dédié à Pablo de Sarasate "[...] avec lequel Wieniawski se trouva quelquefois en concurrence comme violoniste. Wieniawski ne fascinait pas seulement par son jeu que ses contemporains trouvaient téméraire et casse-cou, par sa nouvelle et souple technique de l'archet, mais fut également reconnu comme compositeur par des collégues particuliérement critiques. C’est ainsi que César Cui, Joseph Joachim et Peter Tschaikowski parlèrent en termes enthousiastes du Second Concerto pour violon, Tschaikowski attestant à Wieniawski dans cette oeuvre un «serieux talent créateur».
Et effectivement l’élégance virtuose se réalise dans ce concerto sur la base d’une grande dextérité compositionnelle. Nous ne citerons dans ce contexte que la cadence servant de lien entre la romance et le rondo final «à la Zingara». Dans un concerto dont l’ensemble de la partie soliste est caractérisée par de hautes exigences techniques, la cadence perd sa fonction classique qui est de permettre à l’interpréte de donner toute la mesure de son talent et devient ici partie intégrante de la composition: Wieniawski jette un pont entre les deuxième et troisième mouvements au moyen d’un «Allegro con fuoco» doté d’une cadence qui préfigure des motifs du finale. [...]" Cité d'un texte de Rita FISCHER, dans une traduction de Daniel HENRY publié en 1983 dans la brochure du CD Deutsche Grammophon 410 526-2.
Une courte description traduite du texte de John S. WEISSMANN publié en 1957 au verso de la pochette du disque VOX PL 10.450:
"[...] L'entrée du violon solo dans le premier mouvement est précédée d'un long passage orchestral qui présente, ou fait brièvement allusion, aux thèmes et motifs qui seront abordés. La musique s'ouvre sans aucun préliminaire sur le premier sujet et conduit à l'entrée du violon. L'interprétation du premier thème par ce dernier est accompagnée d'imitations très ingénieuses du premier thème: ce traitement est caractéristique de l'ensemble du concerto. Le solo se termine par un passage mélismatique-figuratif. Les passages suivants sont tous réquisitionnés pour l'instrument solo qui nous divertit jusqu'à un certain éblouissement violonistique; pourtant la musique ne peut se débarrasser de la configuration caractéristique du thème principal, sauf pour les progressions d'accords requises par les modulations. Un déchaînement dramatique de l'orchestre et du violon solo précède la préparation du deuxième sujet: éloquemment lyrique, il met en scène les sons les plus chauds et les plus séduisants du violon. La tonalité ici est fa majeur, tout comme la conclusion du violon solo à laquelle nous arrivons après des digressions épisodiques de caractère virtuose et à travers des tonalités étroitement liées. Il convient de noter qu'il n'y a pas de reprise proprement dite, mais seulement des références fugitives à des motifs du premier sujet. La transition du premier au deuxième mouvement est un interlude orchestral prolongé, dont les principales étapes sont en sol mineur, fa majeur et do mineur. L'argument lui-même est basé sur des fragments caractéristiques du thème d'ouverture qui se prolonge par un passage mélismatique sur le fa soutenu de la basse, préparant l'ambiance de la Romance suivante.
Celle-ci est relativement courte et contient trois sections, dont la troisième est une reprise élaborée de la première, tandis que les accents passionnés de la partie centrale offrent un contraste approprié aux énoncés lyriques et rêveurs de la première.
Le troisième mouvement s'ouvre sur une cadence rhapsodique et mélismatique du violon solo, soutenue par des exclamations de l'orchestre. Le sujet principal, capricieux, d'une brillance éblouissante et d'un dynamisme impétueux, aurait été inspiré par la musique hongroise: mais si sa saveur n'est pas immédiatement reconnue ici, elle saute aux oreilles dans le deuxième sujet en ré majeur. L'interlude orchestral qui suit le premier thème débouche sur un épisode reprenant le matériau du premier mouvement: ici cependant, le support harmonique parvient à ajouter une touche de rhétorique à son expression essentiellement lyrique. Après un épisode de figurations virtuoses de doubles croches, nous arrivons au deuxième sujet. La reprise thématique du premier sujet s'effectue sur une cadence interrompue, et après des épisodes de sentiment passionné et de démonstration brillante, utilisant des motifs des premier et deuxième sujets, la coda revient à l'épisode hongrois, concluant le concerto sur une note de virtuosité exubérante. [...]"
L'enregistrement proposé sur cette page provient des archives de la «Süddeutsche Rundfunk (SDR)», qui a fusionné en 1998 avec la «Südwestfunk (SWF)» pour former l'actuelle «Südwestrundfunk (SWR)».
Henryk Wieniawski, Concerto pour violon et orchestre No 2 en ré mineur, op. 22, Ruggiero Ricci, Orchestre Symphonique de la Radio de l'Allemagne du Sud (Sinfonieorchester des Süddeutschen Rundfunks), Hans Müller-Kray, 18 juin 1963, «Funkstudio II der SDR», Stuttgart