Johann Sebastian BACH
Sonate No 1 en sol mineur, BWV 1001
Edith PEINEMANN
20 janvier 1957, Salle de l'Hotel-restaurant „Alte Krone", Stuttgart-Untertürkheim
Une courte introduction aux Sonates et Partitas de Johann Sebastian Bach citée des notes de Rainer Bischof publiées en 2002 dans le livret du CD Gramola 98752-53:
"[...] Si l’on considère l’intégralité de l'oeuvre de Bach, les deux grandes passions, la messe en si mineur, les concertos brandebourgeois, les suites pour orchestre et les deux grands cycles pour instrument solo - les suites pour violoncelle et les sonates et partitas pour violon - représentent en soi un monde à part.
De par leurs difficultés techniques, les sonates et partitas représentent pour moi le plus grand défi technique que peut rencontrer un violoniste. Je connais plusieurs virtuoses pour qui ces oeuvres constituent une sorte de bréviaire, qu’ils savourent chaque jour.
Chaque sonate est précédée d'un prélude qui introduit l’oeuvre au moyen de la polyphonie et des accords. Le prélude est suivi d’une fugue qui atteint parfois cinq voix. La particularité de ce monde - sonates et partitas pour violon solo de Bach - consiste justement en cette polyphonie qui ne nous est retransmise que par un instrument et qui contient encore aujourd’hui pour tout violoniste les plus hautes difficultés à la fois techniques et d’interprétation. La polyphonie était dans le temps plus facilement transmissible grâce à «l’archet baroque courbé» car il permettait que les quatre cordes puissent sonner au même moment. Comme le remarque Richard R. Efrati dans son oeuvre «Essai d’instructions quant à l’interprétation des sonates et partitas pour violon solo et des suites pour violoncelle de Johann Sébastian Bach» «on oublie souvent que les compositeurs postérieurs à Bach ont utilisé une technique d’écriture qui semblent contredire les possibilités techniques.»
Il s'agit ici pour tout interprète de musique «extrême» de trouver le «juste milieu» ou le «fil rouge» pour sortir des méandres de la polyphonie. L'archet droit concave permet au contraire d'obtenir une image transparente de la polyphonie dans la mesure où le son ne se perd plus dans les effusions harmoniques mais est perceptible dans toute sa linéarité, ce qui exige la plus grosse habileté technique du violoniste. De plus, les sonates et partitas, comme toute l’oeuvre de Bach constituent un élément clé dans l’histoire de la musique: la fin de la musique de danse de cour et la naissance de la musique en tant qu’art. Bien que nous retrouvions des références claires à la danse, telles les sarabandes, siciliennes, gigues etc..., la forme rythmique de chaque danse ne sert plus directement la danse en tant que telle mais plus l’expression artistique de cette forme musicale. La chaconne de la deuxième partita illustre parfaitement bien ce phénomène. Le caractère dansant de la chaconne laisse place à une fugue, expression la plus développée de la polyphonie en musique et qui caractérise justement le génie de Bach: cette capacité à penser la musique dans plusieurs voix. Telles sont les raisons pour lesquelles les sonates et partitas pour violon solo de Johann Sébastian Bach sont considérées comme étant d’un niveau d’exécution extrêmement difficile pour tout violoniste. [...]"
La première sonate a trait à Noël, le “cantus firmus” caché est le chant sacré de Bartholomeus Ringwald, “Herr Jesu Christ, Du höchster Gut, Du Brunnquell aller Gnaden”. L'Adagio introductif à 4/4 présente une structure semblable à une fantaisie, presque dans le style de l'orgue: le violon fait figure d’improvisateur, à l’exemple d’un Jean-Sébastien Bach à l’orgue ou au clavecin. Mais ces fusées de triples croches tiennent davantage d’un Corelli que d’un quelconque académicien!
La Fuga-allegro qui suit mêle sur une trame impeccable une triple entrée du thème fugué, une série d’accords de trois sons et deux ou trois intermèdes mélodiques traités en doubles croches. Notons que Bach transcrivit lui même cette pièces pour luth (BWV 1000) et pour orgue (BWW 539).
La Siciliana témoigne ensuite - s’il le faut - que Bach savait apprécier et imiter la musique italienne, elle apporte un ton apaisant, avec une atmosphère charmante rappellant une fête de Noël. En 12/8, le violon évolue avec beaucoup de tendresse entre traits rapides et instants de calme. Le Presto final, en 3/8 tient lieu de variation ou de mouvement de bravoure sur une décomposition descendante d’accord tripartites.
L'interprétation qui vous en est proposée sur cette page est l'un des plus anciens enregistrements d'Edith PEINEMANN, elle était âgée d'à peine 20 ans...
Voici donc...
Johann Sebastian Bach, Sonate No 1 en sol mineur, BWV 1001, Edith Peinemann, 20 janvier 1957, „Alte Krone", Stuttgart-Untertürkheim
1. Adagio 03:36 (-> 03:36)