Antonín DVOŘÁK
Concerto pour violon et orchestre op. 53
Váša PŘÍHODA
Orchestre Symphonique de la Radio SWR de Stuttgart
Hans MÜLLER-KRAY
9 mars 1956
Strassenbahner-Waldheim, Stuttgart-Degerloch
Antonín Dvořák écrivit la première version de cette oeuvre entre le 5 juillet et le 15 septembre 1879; il l'envoya ensuite à Joseph Joachim - dont il avait fait la connaissance peu auparavant et qui l'avait sollicité d'écrire ce concerto, par l'intermédiaire de l'éditeur Simrock. "[...] Suite aux commentaires dubitatifs du violoniste, il le remodèle entièrement au printemps 1880 et s’empresse, enthousiaste, d’envoyer cette nouvelle mouture au soliste. Celui-ci ne daigne répondre que deux ans plus tard, dans une lettre lapidaire: «L’ensemble révèle une main experte en ce qui concerne le violon, néanmoins les détails montrent que vous n’avez pas joué depuis longtemps. [...] Dans sa forme actuelle le concerto n’est pas suffisamment au point pour être présenté au public». Plein d’humilité, le compositeur retouche une nouvelle fois une oeuvre que Joachim ne se résoudra jamais à créer…[...]" cité d'un texte de Louise BOISSELIER publié dans un programme de la Philharmonie de Paris.
C'est finalement František Ondříček, un ami de Dvořák, qui en donna la première audition à Prague le 14 octobre 1883 sous la direction de Mořic Anger.
"[...] Sa forme assez inhabituelle - un premier mouvement tronqué, suivi sans transition du mouvement lent, le concerto s’achevant par un finale qui, en dimension, équilibre les deux autres mouvements - a peut-être été suggérée par le Concerto pour violon no 1 de Max Bruch (composé également pour Joachim au milieu des années 1860). On y perçoit aussi quelques nettes réminiscences du concerto de Brahms. Mais le matériau thématique de l'oeuvre de Dvořák est profondément slave et tout à fait caractéristique du compositeur.
Le premier mouvement commence par un audacieux défi de l'orchestre suivi d’une réponse immédiate et rhapsodique du violon. Ses contributions se stabilisent bientôt dans l'énoncé de la mélodie du premier thème principal, puis une vigoureuse exposition conduit à un second thème délicat en ut, tonalité relative majeure de la mineur. Mais ce thème n'est jamais repris: Dvořák se lance dans un développement relativement court où n’apparaissent que des éléments du premier thème, bientôt entièrement répété comme s'il ouvrait la voie à une réexposition complète. Mais au lieu de cela, le violon - qui n’a cessé de jouer - s’engage dans un épisode qui semble s’orienter vers une cadence épanouie (avec accompagnement de cors), puis il se fond tout simplement en une métamorphose séraphique du thème principal qu’accompagnent des bois aux accents pastoraux.
Le passage sert de transition directe vers l’Adagio ma non troppo en fa majeur qui, avec son paisible thème chantant, maintient et même intensifie l'atmosphere pastorale. Une immersion en fa mineur, avec des octaves dramatiques au violon, annonce les épisodes perturbés qui vont suivre, mais qui se déroulent pourtant dans un climat marqué surtout par la rhapsodie lyrique, la partie violon étant surtout décorative. Même lorsque la musique en fa mineur se fait plus implacable avec une lente marche aux trompettes, c'est essentiellement pour servir de toile de fond à une transformation haute en couleurs de la mélodie chantante aux bois, et le tutti le plus important est encore imprégné d’une volupté automnale. Dans la coda, le violon joue avec deux cors de manière très expressive.
Le Finale en forme de rondo-sonate est l'une des compositions les plus brillantes et charmantes de Dvořák sur des rythmes de danses tchèques. Le thème principal est un furiant avec, dans la mesure ternaire, des rythmes croisés fascinants orchestrés différemment à chaque apparition. Le premier épisode est un genre de danse rustique en mi majeur, et le retour en rondo du furiant évoque de maniére colorée le bourdon et le timbre de cornemuses villageoises, le dudy tchèque. L'épisode central, un peu plus imposant, est une dumka en 2/4 en ré mineur. Après d’autres reprises du thème principal et de la valse, c'est ce thème de dumka, apparaissant maintenant en un triomphant la majeur dans le jeu en double corde du violon, qui amorce la brève et allègre coda. [...]" cité des notes de Calum MACDONALD, dans une traduction de Marie-Françoise de Meeûs, publiées en 2005 dans le livret du CD CHANDOS CHAN 10309.